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Pourquoi ne le verrai-je pas de mes yeux chez les ba-Rotsi, comme on l’a vu dans les îles de la mer du Sud, chez les Télougou, en Corée et ailleurs? « Il est l’Éternel, le Dieu de toute chair ; y aurait-il quelque chose qui lui fût difficile? » Le roi prit alors congé au son de ses tambours, et son cortège balaya toute notre congrégation; pas une âme n’eût osé rester derrière. Comprenez-vous que l’hostilité de cet homme puisse entraver notre oeuvre et nous faire du mal? Mais s’il se convertissait? sérieusement, radicalement!... Eh bien, mes amis, faites avec nous, de sa conversion, un sujet de prières ardentes et persévérantes. « Croyons, et nous aussi nous verrons la gloire de Dieu. » L’après-midi, à quatre heures, malgré l’apparence menaçante du temps et malgré nos appréhensions, nous eûmes encore un auditoire de soixante à soixante-dix hommes. Le roi n’y était pas, mais Gambella et quelques-uns des principaux chefs étaient venus. Paul, l’évangéliste, nous fit, sur le même sujet du matin, un discours plein de force et d’originalité qui riva l’attention et me fit du bien. Puis Litia, comme son père le matin, emmena tout le monde à sa suite, et nous restâmes seuls avec nos propres garçons. Nous nous communiquâmes nos impressions avec l’ami Paul. Il est décidément optimiste, lui-;. il augure bien de la journée. Et puis, Léwanika est évidemment déterminé à être aimable. Il a remarqué que j ’ai laissé mes vaches à Séfoula, et m’a fait dire d’envoyer tous les jours à son berger en chef chercher un pot de lait, chose rare ici. Gambella m’en envoie aussi, de même qu’un de mes amis qui a de l’obligation envers moi. De sorte que Paul et moi sommes dans l’abondance. Ce matin, c’est un gros rôti d’hippopotame qu’un des cuisiniers du roi m’apportait, et que je m’empressai de faire passer à Séfoula. Cela, et d’autres gracieusetés de ce genre, visites et conversations, sont des riens. C’est vrai. Mais, quand nous voulons savoir où le vent souffle, nous regardons à une feuille d’arbre, à un brin d’herbe. Et, au moral, cela suffit quelquefois pour remonter un peu le courage. Ce qui est bien évident, c’est que nous avons devant nous une oeuvre grande, immense, difficile au plus haut degré, et, pour la faire, il ne faut pas nous contenter de nos vieilles méthodes. Dieu nous donne la grâce d’une consécration toujours plus complète de nous-mêmes, l’audace de la foi et la puissance de l’amour, avec la sagesse qui vient d’en haut ! La petite vérole continue à faire des ravages épouvantables. Les cas simples sont rares maintenant ; elle sévit partout sous la plus mauvaise forme et fauche de nombreuses victimes en peu de jours. Même les vaccinés n’échappent pas tous. Il faut dire que la chaleur est excessive. C’est ainsi qu’est mort samedi Mobiana, le frère de Ma-Moramboa qui avait accompagné 9 Ad' ,Jalla a.u Less°uto, et tous les jours le roi m’annonce de nouveaux accès (c est aujourd’hui le !\ novembre). Les malheureux ma-Mbounda, qui avaient fait à leur profit une concurrence acharnée a la vaccine par leurs médecines et leurs charmes, meurent comme mouches Tout notre personnel à Séfoula, à une ou deux exceptions près, y a pass . n de mes garçons, Sachono, a eu la variole si mauvaise, que, pendant trois jours, nous avons désespéré de sa vie. Puis de meilleurs symptômes nous ont donné de l’espoir, et maintenant il est en pleine convalescence; mais, hélas! nous craignons qu’il n’ait perdu la vue. Pauvre Sachono, aveugle a dix-sept ans, et pour la vie!... Un autre, Séonyï, est malade à son tour, et gravement, bien qu’il ait été vacciné. C est une épreuve pour nous, au milieu de nos travaux, car ü avait pris gout au fouet de conducteur, et, à défaut de mieux, nous étions contents de lui. G est donc un hôpital que j ’ai laissé à Séfoula. Léaloayi, 18 novembre 1892. Mon petit monticule, une montagne de notre Hollande dérisoire, porte le nom local de Loatdé. Je ne m’étonne pas que même nos Zambéziens en eussent peur. Nous y avons notre part de certaines plaies d’Égypte. Les roussailles qui le couvraient, et le couvrent encore en partie, comme d’une chevelure épaisse et sauvage, étaient le repaire d’innombrables essaims d’insectes de toutes sortes et de légions de reptües. Un vrai petit paradis pour les collectionneurs. Collectionneur, je ne le suis pas, et, pour le moment, je céderais volontiers la place à quelque enthousiaste du métier. Passe encore les lézards, mais les serpents! J’ai compté non moins de cinq espèces de ces ophidiens pour lesquels je suis loin d’avoir un faible. Je n’ai rien à admirer dans le serpent pas plus ses couleurs que ses formes et sa ruse. Le mamba a vipère, le cobra et gent pareille ne sont pas compagnie de mon goût, et j ai conscience d avoir fait une bonne action quand j ’ai écrasé la tête d’un de ce reptiles qui symbolise Satan. Je n’ai guère plus de tendresse pour cette infinité de sco opendres et de coléoptères de toutes espèces, qui sortent de erre et grouillent partout, m pour ces nuées de moustiques, de mouches d insectes sans noms qui piquent ou mordent sans pitié, et dont la vue seule vous donne la chair de poule. B É Ë S ? camonde-là dort le jour; la lumière et la chaleur me chassent de la tente devenue insupportable et, bon gré mal gré, je respire le mon ah^’d 7 “ 7 “ ^ d® " 0S £ !Rand air pourtant. Mais le soir, i de toile devient tout à la fois une fourmilière et une ruche d’abeilles


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