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devant nous. L’un d’eux surtout, jadis pasteur d’une Eglise piétiste, puis s crétaire d’État, et qui sert maintenant sous le nouveau régime je ne sais en quelle qualité, me pressait fort d’aller le voir chez lui, « car i avait besoin d’avoir une longue conversation avec moi, « non pour faire des excuses, ajoutait-il en se redressant pour relever sa dignité, « mais pour nous donner des explications ». Or, comme je n’avais nul besoin de ses exphcaüons, je le renvoyai poliment à l’opinion publique, à sa conscience et à son Dieu, bi J eu un reqret, c’est que Dieterlen lui-même ne fût pas là pour voir de ses yeux le changement qui s’était opéré. Tous ceux qui. nous abordaient croyaient qu’il était de bon "ton de parler avec indignation de Burgers et de son g vernement, de la manière dont il avait traité Dieterlen d’abord, puis nos frères suisses, Creux et Berthoud'. C’est une preuve de sympathie qui, dans les circonstances actuelles, ne coûte guère; il faut la prendre pour ce qu dk.vau| Nous jouîmes de l’hospitaüté et des entretiens de M. et M Bosman. Cet ami, jeune pasteur hollandais, qui fait honneur, comme la plupart de ses con , - pies à la faculté de théologie sud-africaine de Stellenbosh, n est établi a toria que depuis quelques mois. Il a le feu sacré, et sûrement son travail ne sera pas vain devant le Seigneur. Vu les préjugés de sa congrégation, il n eut pas osé donner sa chaire à un missionnaire; mais il eut le courage de transformer son école du dimanche en une réunion missionnaire pour nous el comme il l’avait annoncé au service du matin, un grand f f l f M l l M s’assemblèrent et parurent intéressés. ■ J aime 1 Eglise hollandaise du Cap, l’asile des anciens réfugiés français; j ’aime à constater dans son sein, partout où je le puis, l’esprit chrétien et missionnaire. Les guerres et les inimitiés de races, des intérêts qui s’entre-choquent constamment l’ont comprimé mais ne l’ont pas entièrement éteint. Que Dieu fasse souffler son esprit sur cette Eglise et sur ses pasteurs! Nous étions impatients de nous remettre en route. Nous attelâmes un me - credi soir, au coucher du soleil. Des soldats accoururent pour nous dire adieu et nous souhaiter bon voyage. Nous avions été voisms pendant une dizaine de jours, et nous avions lié connaissance avec quelques-uns. « Monsieur | me disait l’un d’eux, « la conduite de vos gens nous a tout a la fois étonnes et édifiés. Nous n’avions jamais vu des indigènes si honnêtes, si polis et si pieux Nous les écoutions souvent chanter, et, bien des fois, nous serions venus à vos services si nous l’avions osé. » - Il faisait un froid glacial, et comme nous traversions les rues, grelottant dans nos voitures nous pouvions voir par les fenêtres des familles assises autour de feux pétillants, ou à leur x Sur les ordres du même président de 1« république du Trausvaal, M. B 1 S8| 8H i » « ™ furent arrêtés sans raison aucune et retenus prisonmers plusieurs semaines a Maraba thé. Nous ne voyions pas à deux pas devant nous ; de fait nous perdîmes notre chemin, et nous pensions bien à notre home de Léribé, mais sans regret toutefois. Nous étions trop heureux d’aller de l’avant. Nous traversions un pays boisé, la route était bonne, tous nos gens étaient animés d’un bon esprit, on chantait des cantiques, on chassait ou on prétendait chasser, et tout le long du chemin nous rencontrions des personnes obligeantes. C’est surtout dans ce qu’on appelle le Bush-Feldt, où un grand nombre de Boers, en style patriarcal, s’étaient rendus avec leurs familles et leurs troupeaux pour y passer l’hiver, que nous fûmes l’objet de grandes bontés. Dans ce pays, cm il n’y a point de télégraphe, les nouvelles se publient d’une manière étonnante. Tout le monde nous connaissait, et savait le but de notre voyage, et tous exprimaient de bons voeux pour nous. C’était quelque chose de curieux que de voir ces campements dans la forêt. Il nous arrivait souvent de nous arrêter pour la nuit, nous croyant tout seuls, puis tout à coup, au milieu de la nuit, ou de grand matin, nous entendions le chant de psaumes. C’étaient des familles de fermiers en prière. Ces psalmodies, qui évoquaient en moi de doux souvenirs d’enfance, et qui me faisaient penser aux assemblées du désert, avaient quelque chose de saisissant dans les solitudes de ces bois et le silence des nuits. Tous ces fermiers se montrèrent affables et obligeants envers nous ; ils nous donnèrent du lait, des oeufs, de la viande, presque toujours sans vouloir accepter de paiement. Le Seigneur avait favorablement disposé leurs coeurs envers nous. D’ailleurs, sa bonté et sa miséricorde nous ont escortés comme deux anges. Aussi lorsque nous arrivâmes en vue de la station de notre frère M. Hofmeyr, au pied de la belle chaîne de montagnes du Zoutpansberg, au delà de laquelle aucun messager de Christ n’a encore porté l’Evangile, nous tombâmes à genoux et rendîmes grâces à Dieu. Notre frère, le missionnaire hollandais Hofmeyr, était absent et ne rentra que quelques jours après notre arrivée, ce qui n’empêcha pas ses gens de nous recevoir avec une affection touchante. A son retour, notre frère nous prêta deux attelages; et, laissant nos bagages et un des wagons à Goedge- dacht, nous partîmes pour Valdézia. Le trajet nous prit trois jours. Vous dire la joie de nous revoir avec nos chers amis Creux et Berthoud de la mission vaudoise serait impossible. La rencontre de nos catéchistes avec leurs frères de Valdézia fit tableau. Ici, on se sent au Lessouto ; le hameau de la station qu’occupent les évangélistes en porte le nom. On parle sessouto ici, 011 chante nos cantiques et en présence de ces belles montagnes, l’illusion est complète. — Le bruit de notre arrivée se répandit rapidement, et, le même soir, quelques jeunes gens convertis et un grand nombre de païens accoururent pour nous souhaiter la bienvenue. Nous passâmes une


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