Page 254

27f 90-2

XLVI Messages de sympathie et d’affection §j|i- La vie à Séfoula. — Une éclaircie. Prochain établissement à la capitale. — Deuil et grâces. — Une classe de futurs catéchumènes. Hp., Difficultés de l’oeuvre. — Manque d’ouvriers. — Un souvenir de M,u* Coillard. Séfoula, 24 avril 1892., J’ai été bien touché de tous les témoignages de sympathie gue j ’ai reçus en grand nombre. Qu’ils sachent, tous ces chers amis, qu’ils m’ont fait du bien, et beaucoup. Je me suis senti moins seul dans cette solitude, à laquelle je ne puis pas m’accoutumer. Et puis, il m’est survenu un surcroît d’épreuves et de chagrins qui m’ont abreuvé d’amertume. Parfois, il me semblait que je ne pouvais pas supporter plus d’angoisses et de souffrances, — et pourtant, la coupe n’était pas encore comble ; il fallait qu’elle débordât. Mais, la puissance de la grâce de Dieu est grande et admirable. Jésus n’oublie pas les siens ; dans toutes nos afflictions, il est affligé. Il se souvient de sa promesse, et sa présence devient une réalité d’autant plus précieuse, que les ténèbres sont plus épaisses, et la douleur plus profonde. Nous allons notre petit train ici; M11' Kiener et M. Waddell m’entourent d’égards et d’affection. Mais, vous le comprenez, la grande, grande place est toujours vide. Le nombre des garçons qui vivent chez nous s’est accru, et il règne parmi eux un esprit qui nous fait espérer quelques conversions sérieuses. Nos auditoires aussi s’augmentent, et nos réunions ont eu dernièrement un caractère de solennité qui nous révélait la présence de Dieu. Deux ou trois femmes sont, je crois, bien près du royaume de Dieu. Mais je n’en parle qu’en tremblant, si grands, si amers ont déjà été nos désappointements. Dans peu de jours, nous allons célébrer le mariage de notre fille Sébané avec Franz, notre conducteur, qui est revenu de Mangouato. Quelle joie c’eût été pour ma femme, après les larmes qu’elle a versées sur les autres ! Il à, dernièrement, plu à Dieu de fortifier notre foi, en exauçant nos prières d’une manière bien remarquable. Une visite que je devais faire à la capitale me pesait particulièrement sur l’esprit. Je m’attendais à de nouveaux conflits avec le roi, et, parfois, je l’avoue, je me sens fatigué de la lutte. Dans des réunions spéciales de prières^ nous avions demandé à Dieu qu’il nous rende la confiance et l’affection du roi, aplanisse toutes les difficultés, sans cesse renaissantes, de mon établissement à Léalouyi, et « qu’il nous délivre de ces hommes fâcheux et méchants » (2 Thess., III, 2) qui entravent si sérieusement son oeuvre. Eh bien! à mon insu, l’ennemi le plus acharné de notre mission s’était disputé avec le roi ; il lui reprochait son ingratitude, et l’abandon et le dénûment dans lesquels il le laissait depuis quelque temps! Il ne lui pardonnait pas, surtout, qu’il méprisât et refusât de suivre ses conseils, et ne voulût pas nous chasser du pays, M. L. Jalla et moi, qu’il représentait comme des gens vendus aux chercheurs d’or, à cause de la part que j ’ai prise aux transactions entre Léwanika et la Compagnie du Sud de FA- frique, et à cause aussi du fait que M. Jalla avait voulu accompagner le D' Johnston à travers le pays des ba-Toka. Léwanika, las de toutes ces calomnies, finit par penser, qu’après tout, nous pourrions bien, nous qui nous taisions, être ses meilleurs amis; ^ et il se rapprocha de son missionnaire qu’il retrouva le même qu’autrefois. De dépit, le marchand, après une scène des plus orageuses, quitta Léalouyi un jour que j ’étais là, obtenant à grand’- peme du roi un canot pour descendre le fleuve-et évacuer la contrée. Léwanika me fit présent d’un canot qu’il m’avait promis depuis deux ans ; il me le changea par trois fois, pour être sûr de me donner quelque chose qui me plût vraiment. Hier, en m’annonçant que la maladie l’empêchait de venir me visiter à Séfoula, comme il se l’était proposé, il me faisait savoir que le petit monticule que nous avions choisi pour y construire notre future station, était maintenant complètement submergé. Mais il m’en propose un autre plus large, de deux ou trois pieds plus élevé, qui a servi de cimetière pour les petits chefs de Léalouyi. Ce sont là des brins de paille auxquels nous nous accrochons. Que voulez-vous ? Nous sommes des nains dans la foi, et peu nous suffit pour nous encourager, du moment que nous y discernons le doigt de Dieu. Ce n’est que tout dernièrement aussi que le roi, de son propre mouvement, a renvoyé ses filles et ses fils à l’école. Tous les grands ont suivi Litia et André et ont quitté. C’est un avantage. Cependant, le nombre d élèves, qui tend à augmenter, est déjà de quarante. Je vous ai tant assommés de nos difficultés, qu’ü est juste que je vous montre aussi la petite éclaircie qui semble se faire dans notre ciel nuaqeux et sombre. y Lors de ma dernière visite à Léalouyi, je trouvai tout le village en émoi Une femme avait eu une fausse couche, et, d’après la coutume des ba-Rotsi elle devait être séquestrée en dehors du village, dans une méchante petite hutte, pendant que son mari serait confiné dans sa cour, sans voir qui


27f 90-2
To see the actual publication please follow the link above