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revienne dans le chemin de la vérité. Pour moi, personnellement, je le sais, il est bon d’avoir eu épreuves sur épreuves, d’être sevré de tout appui et de tout secours humain, autrement mon Père ne l’aurait pas permis. Mais, je ne le cache pas, il y a dans cette histoire d’André un aspect qui me donne de l’inquiétude. Quel sera le type de nos chrétiens dans un pays où une autocratie aveugle et tyrannique absorbe tout, et où l’esclavage physique et moral tue toute individualité?... Sera-ce celui des Thessaloniciens? C’est difficile à croire. Mais je ne désespère pas. L’Evangile de Christ et la puissance du Saint-Esprit ont déjà, dans tous les temps, fait d’aussi grands miracles et opéré d’aussi grandes transformations dans le monde. Pardonnez-moi tous ces détails sur une affaire qui, au premier abord, peut paraître toute personnelle et toute de sentiment. Un moment de réflexion vous la montrera sous son vrai jour et vous en révélera toute la portée. Et alors vous ne regretterez pas un récit qui vous permet de toucher du doigt des difficultés bien réelles, d’une nature peu commune, et avec lesquelles, je l’avoue, je n’avais jamais compté. Un rayon de soleil a, par la bonté de Dieu, brillé au milieu de tous ces brouillards. C’est la visite du D' Johnston, de la Jamaïque. Je ne vous apprendrai probablement rien de nouveau en vous disant que, depuis quinze ans, il fait parmi les noirs de la Jamaïque une oeuvre admirable. Elle est indépendante de toute Société et de tout comité, et se suffit à elle-même. M. Johnston a sous ses soins 3,284 communiants répartis sur plusieurs stations et sur lesquels s’exerce une discipline rigoureuse qui me rappelle celle que nous avions au Lessouto. L’idée est venue au docteur d amener ces enfants d’esclaves affranchis à faire quelque chose pour l’évangélisation du pays de leurs pères. S’ils ne sont pas de taille à fonder eux-mêmes et à entretenir une mission, ils peuvent du moins fournir des aides à celles qui existent déjà, et soulager dans leurs travaux manuels et évangéliques les missionnaires européens, à quelque dénomination ou nationalité qu’ils appartiennent. L’idée a été accueillie avec enthousiasme, et M. Johnston s’est mis en route avec six de ces hommes d’élite. Très connu au Canada et ailleurs, la sympathie des chrétiens ne lui a pas fait défaut, et les feuilles religieuses nous ont apporté les échos de ses grandes réunions à Exeter Hall et ailleurs. C’est par Benguela qu’il a pénétré dans le noir continent. Au Bihé, il laissa, avec les frères Américains, quatre de ses compagnons, à cause surtout du manque de porteurs. C’est là qu’il rencontra M. Arnot et la plupart de ses collègues qui avaient, eux aussi, une peine inouïe à se procurer une caravane de porteurs pour se rendre à Nana-Kandoundou et à Garenganzé. Certaines considérations amenèrent le docteur à changer son itinéraire, et au lieu de se diriger vers la capitale de Mosili (Msiri), il se décida à passer chez les ba-Rotsi. Il se propose de suivre le cours du Zambèze et de remonter le Chiré. Avouez que c’est là un itinéraire bien séduisant. Le Dr Johnston a passé six semaines entre Léalouyi et Séfoula; mais la plupart du temps nous avons été ensemble, soit à la capitale, soit ici. Nous avons donc beaucoup causé et peu discuté. Il est en outre un photographe habile et passionné. Nous avons donc fait ensemble de la photographie. Sa visite a été pour nous tous "et pour moi surtout un temps de jouissance et de rafraîchissement. Je lui ai plusieurs fois servi d’interprète, à lui et à ses compagnons, soit à Léalouyi, soit ici. Si j ’ai été frappé chez lui de cette fraîcheur et de cette puissance qui dénotent l’étude de la Parole de Dieu et un ardent amour pour le salut des âmes, je ne l’ai pas moins été du sérieux et de la portée des allocutions de ses deux compagnons. Quelle différence tout de même avec nos chrétiens du sud de l’Afrique. Au risque de vous terrifier et de passer pour hétérodoxe, je crois que l’esclavage y est certainement pour beaucoup. L’Évangile est pour tous, mais surtout pour les pauvres et les malheureux. On sent au contact de ces anciens esclaves de la Jamaïque que l’Evangile est pour eux une puissance et une vie qui a pris possession de leurs coeurs et de leur être tout entier. Notre ami, disons nos amis, nous ont quittés le 17 janvier. Vous savez déjà que nous avons un évangéliste venu de Massitissi avec M. Vollet1, Paul Kanédi. Il est ici depuis six semaines, hélas ! veuf aussi et toujours malade. Dans ces circonstances et vu les moeurs du pays, il est hors de question de lui assigner un poste isolé. Pour le moment, sa place est donc près de moi, et il fait partie de ma famille. II a peu d’instruction, et, pour l’école, il nous est presque inutile. Mais comme homme et comme chrétien, j ’apprends tous les jours plus à l’aimer et à l’estimer. Dans toutes les affaires d’André, il s’est conduit envers nous, comme envers Léwanika lui-même, avec une fidélité et une fermeté qui m’ont surpris. Ses prières me font toujours du bien. Je craignais d’abord qu’il ne me fût un fardeau. Je commence à espérer mieux. Le point noir — s’il est bien noir —, c’est qu’il est seul. Que fera-t-il plus tard? Je n’en sais rien. En attendant, avec la fondation de la nouvelle station de Léalouyi sur les bras, j ’aurai l’occasion de me servir de lui et de savoir de quel métal il est fait. 1. M. Vollet, de Pans, un jeune homme de grande promesse, arrivait à Kazoungoula le a3 septembre 1891. Il tut si malade de la fièvre qu’il ne put pas aller plus loin que Séchéké et devait peu après quitter définitivement le Zambèze pour le pays des ba-Souto où il travaiUe actuellement


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