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Tout cela pour vous faire un peu comprendre nos anxiétés, d’une part, et, de l’autre, notre joie de voir les affaires s’arranger, et notre reconnaissance envers Celui qui fait toutes choses bien... Pourquoi faut-il que nous recevions maintenant les nouvelles angoissantes d’un terrible déficit, qui va nous paralyser, et cela au moment, unique peut-être, où nous avons encore tant de portes ouvertes et où il nous faudrait donner une nouvelle impulsion à notre mission?... La foi sera donc toujours un combat ! Par moments, je sens comme si elle était bien faible, bien timide, ma pauvre petite foi! Priez pour qu’il nous soit fait, non selon notre foi, mais selon les richesses de sa grâce à Lui !... XLV Une visite à Léalouyi. — Le coeur jaune des ba-Rotsi. — Pénibles défections. — Un visage ami au Zambèze. — Le D* Johnston. — La mission méthodiste. — Projet d’ établissement à la capitale. Léalouyi, 23 novembre 1891. Je suis venu à la capitale passer le dimanche. J’aurais dû y venir plus tôt, je ne l’ai pas pu, et, jeudi dernier, la veille de mon départ, j ’étais encore si peu bien que j ’ai craint un moment de ne pouvoir une seconde fois tenir ma parole. Quelle pauvre nature au service d’une si grande cause et d’un si sérieux Maître ! Pourquoi Dieu n’a-t-il pas choisi les anges et les archanges pour le plus sublime des ministères? Par quel abîme de condescendance le Tout-Puissant jette—t-il les yeux sur les plus indignes de ses créatures pour les associer à la plus grande de toutes ses oeuvres — l’oeuvre de la Rédemption ? Ah ! c est qu il faut avoir été soi-même perdu sans espoir et sauvé pour parler aux autres du Sauveur ! Il faut l’avoir soi-même entendue, cette douce parole : « Mon fils, va-t^sn en paix, les péchés te seront pardonnés », pour pouvoir presser ses semblables de se réconcilier avec Dieu ! Il y a un mois, jour pour jour, que nous étions ici avec elle, dans ce village, dans cette même case. Les arrangements temporaires que nous y avions faits y sont encore intacts —- jusqu’a ce petit enclos de nattes dans le corridor où je couchais. C’est là que, pour quelques instants, elle s’esquivait vingt fois le jour, et puis elle retournait toute souriante reprendre sa place au milieu de ces femmes babillardes et ricaneuses qui encombraient la maison. Pauvres femmes, qu’elles se doutaient donc peu de son état de faiblesse et de souffrance quand elle s’appliquait ainsi à tailler et à bâtir leurs robes ? J’entends encore sa conversation si pleine de douceur, et les exhortations si fraîches et si impressives qu’elle leur adressait en leur racontant la parabole de l’enfant prodigue. Pauvres créatures ! elles prétendaient ne rien savoir des saintes Ecritures, absolument rien que la scandaleuse histoire de Cham, qu’elles ne se lassaient pas de commenter et dont elles s’amusaient beaucoup. Je revis les journées d’ineffaçable mémoire qui m’ont amené le 28 octobre. Tout me parle d’elle, tout me la rappelle, tout, jusqu’à cet horrible mangeur de serpents qui, juché sur le faîte d’une maison, me guettait au point du HAUT-ZAMBEZE. j


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