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dans le pays. Quand nous croyons avoir édifié péniblement quelques pierres, survient un incident, insignifiant en apparence, et tout croule. C’est ce qui arrive pour notre école, cette école qui nous a donné tant de peine et de joie. Depuis le départ de Litia, la débandade s’est mise parmi nos élèves ; nous les avions ramenés un à un à force de persévérance et, des débris de notre belle école de l’an passé, nous avions encore fait quelque chose de respectable. M11* Kiener s’est tout à fait associée à nous dans cette ceuvre-là, c’est une oeuvre que nous portons constamment sur nos coeurs et dans nos prières. Mais, ces jours-ci, nos élèves s’en vont, ils se dispersent, ils se plaignent de la faim. Souvent nous leur donnons de la farine, et du poisson que nous achetons. Mais je crois que c’est un prétexte. Le vol est redevenu en vogue, comme il y a trois ou quatre ans. J’ai dû renoncer cette année à cultiver, parce qu’on nous pille- tout, et nous ne pouvons rien sauver. On ne respecte pas même les cloisons qui renferment notre bétail, et cependant le combustible à notre porte ne manque pas. L’autre soir, deux pauvres jeunes filles esclaves furent surprises arrachant le reste de nos patates. Que leur faire? Elles disaient avoir faim. Nous les retînmes deux jours et les nourrîmes bien, puis les congédiâmes avec une petite exhortation à elles et à leur jeune maître, un jeune prince de nos élèves. On ne nous pardonnera pas, je crois, d’avoir surpris ces voleuses en flagrant délit. De là, le bouleversement de notre école, mais on se garde bien de nous en dire La raison. Vous voyez si je n’avais pas raison de parler de sable mouvant. Cependant, plus profondément que ce sable, nous trouverons une couche solide et nous la cherchons. Nous recommencerons à nouveau, mais nous réussirons. Si jamais quelqu’un vient nous aider qui se donne à l’enseignement, nous augmenterons le nombre des garçons qui vivent chez nous et qui sont, de tous nos élèves, ceux qui nous donnent le plus de satisfaction. Ce qu’il nous faudrait en attendant que nous ayons des pères et des mères de famille convertis, c’est d’avoir chez nous des élèves complètement sevrés du système d’esclavage en vigueur dans le pays. En attendant, je me demande si le Seigneur n’a pas ainsi voulu diriger mon attention plus spécialement' vers l’évangélisation. Je trouvais bien quelquefois prématuré de m’enfermer avec les garçons à faire l’école pendant que j ’aurais dû parcourir le pays, annonçant l’Évangile. Mais Dieu m’avait évidemment donné cette tâche, et je l’ai faite. Si c’est maintenant la tâche qui s’impose plus spécialement, les moyens se trouveront. L’école se continuera plus petitement peut-être, quant au nombre, mais elle se continuera. Seulement j ’aurai plus de temps pour l’évangélisation...


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