à court lui-même. Dernièrement, un marchand lui en faisait demander vingt. M. Lochner en emmenait douze ou treize. Pas étonnant donc que je ne pusse en obtenir que trois de lui. Mais il m’avait réservé le sien propre. Il mesure i 3“ ,5o de long, o” ,70 à sa plus grande largeur, om,3o de profondeur. Les troncs d’arbres qui donnent dès canots d’un pareil calibre né se trouvent plus que très difficilement de nos jours. Je voyagerai donc royalement. Litia, lui aussi, m’accompagnera comme de nécessité. C’èst au milieu de toutes ces préoccupations que nous est arrivé le courrier d’Europe. Il nous annonçait des deuils nombreux. La mort de M. Ber- sier a été un rude choc. Dix minutes pour terminer sa carrière, c’est bref. C’est une translation dans la gloire comme celle d’Elie. Ailleurs qu’au Zambèze, l’ange de la mort fait son oeuvre avec une rapidité vertigineusè. Lés plus belles fleurs qu’il cueille ici-bas dans le jardin de Dieu, il veut, dirait- on, les transporter, avant qu’elles ne se fanent, pour en orner les palais de gloire. Et la mort de M. Jousse ! Ce fut un coup bien sensible pour nous. M. Jousse a été pour moi pendant plus de trente ans un ami fidèle. C’est lui qui, pendant mon premier séjour à Thaba-Bosiou, m’a initié aux détails pratiques de la vie missionnaire. C’est à son initiative que fut due la fondation de la station de Léribé. Dans toutes les circonstances je pouvais compter sur ses conseils, et j ’étais sûr de le voir partager mes peines et mes joies. Français, resté éminemment Français, dans un milieu d’influences étrangères qui tendent plus ou moins à mitiger le caractère, c’était un lien de plus qui nous unissait. Il était à la fois homme de coeur et homme d’action. Et quand il revenait d’un jugement trop sévère ou prématuré, il le reconnaissait lui-même avec une admirable candeur. 11 en a donné publiquement un exemple frappant au sujet de la mission du Zambèze. Il l’a désapprouvée, combattue même, cette mission. Sans être prophète, je lui écrivis une fois : « Vous combattez la mission du Zambèze aujourd’hui, frère Jousse, vous plaiderez vous-même un jour sa cause. » En effet, dans un ouvrage récent, il a laissé derrière lui un monument de sa sympathie pour notre oeuvre. Il m’écrivait à ce propos : « Je fais passer sous presse mon Histoire de la Mission du Zambèze, c’est mon dernier effort et mon dernier travail; après cela j ’attendrai l’appel de mon maître. Il ne tardera pas. j> — Maintenant il est entré dans le repos, il a reçu la couronne de vie. Nous qui restons, attendant notre tour, nous versons des larmes sur sa tombe, mais nous conservons son nom enchâssé dans l’affection avec le souvenir d’une vie bien employée et d’une amitié qui a été riche en bénédictions pour nous. Avec ce courrier-là nous arrivaient encore de Séchéké des nouvelles des s U R L UT- Z A M B .È Z .E ,
27f 90-2
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