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ma-Ghoukouloumboué ? » — <a Moi! jamais. Vous vous trompez. Mon boeuf n’a jamais été boiteux. » On saisit l’animal, on constata qu’il avait une épaule démise. N’importe, mon homme tenait bon envers et contre tous, — son boeuf n’avait jamais boité ! Le pauvre homme resta trois jours pour me convaincre que son boeuf ne boitait pas. Cette audace pour.le mensonge déjà mis à nu n’est nullement un cas isolé. Ce serait risible, si ce n’était si profondément triste. « Serviteur de Dieu, disait l’individu en faisant appel à mes sentiments, ne romps pas le marché. Jésus, lui, ne ferait pas cela. Il accepterait mon boeuf. Jésus est bon. Il ne me renverrait pas à vide* Serviteur de Jésus, sois comme ton Maître. Il est bon, lui, Jésus. » Il faut quelquefois recevoir des leçons, même des fourbes et des flatteurs. Le jour de la Pentecôte, le 25 mai, fut un beau jour pour Séfoula. C’était le baptême de Ngouana-Ngombé. Depuis quelque temps la fête s’était ébruitée. J’en avais à l’avance dûment averti Léwanika, et Mokouaé aussi qui se trouvait justement à Léalouyi. Tous les deux me promirent d’être des nôtres pour l’occasion. Léwanika, qui n’entend pas que le secrétariat soit une sinécure, ni que la plume de Séajika se rouille, m’envoyait lettres sur lettres pour me demander des détails et des explications sur la fête. Je crois qu’au fond il ne se souciait pas beaucoup de venir assister au baptême d’un mo-Toka, un esclave. Les circonstances l’aidèrent; les affaires politiques s’embrouillaient, et puis un corps d’armée revenait d’une expédition au Lékhoakhoa ; elle mourait de faim, il fallait la débander, mais tout d’abord l’exorciser et la purifier, ce qui n’est que du ressort du roi. — Donc, celui-ci ne pouvait pas, et à son grand regret », être présent à la fête. — Nous sentîmes davantage l’absence de Karoumba et de Séajika, qui suivirent servilement le roi à ces cérémonies païennes. Le jour même, dans notre voisinage, mourut une femme d’une parenté très étendue dans les environs. — Donc, personne ne put venir, pas même nos auditeurs habituels. De sorte que la congrégation réunie ce jour-là fut plus petite que de coutume. Mais le Seigneur fut avec nous, et notre fête fut douce et bénie. Je fis une prédication d’appel, adressée particulièrement aux jeunes gens de notre école et de notre maison. — Ngouana-Ngombé parla sous l’empire d’une émotion mal contenue et que justifiait assez la nouveauté de la circonstance. S - C’est à ses iaka, aux jeunes gens de son âge, qu’il s’adressa particulièrement, après avoir fait une fois encore le récit de sa conversion et une touchante profession de foi. En terminant, il disait : « Et vous, mes amis, pourquoi ne vous convertissez-vous pas? Vous dites qu’il n’est pas convenable que vous devanciez vos maîtres, que vous voulez jouir de la jeunesse et prendre plusieurs femmes. Vous avez peur aussi, car les choses de Dieu sont encore pour nous un abîme inconnu. Aussi, vous faites de moi un njoko, un singe. Vous dites : « Attendons ! voyons d’abord où <r Ngouana-Ngombé va tomber, sur un tapis d’herbe verte ou parmi les" « épines. » C’est ce que font les babouins. Quand ils vont à la curée et découvrent un endroit qui promet, ils y jettent un de leurs petits, pour voir s’il n’y a ni guêpes, ni piège. Si l’enfant est mordu, piqué, attaqué, s’il lui arrive quelque malheur, ils l’abandonnent à son sort et se sauvent à toutes jambes. Si, au contraire, il trouve la paix et l’abondance, ils s’élancent sur lui, le chassent et accaparent le butin1. J’ignore moi-même jusqu’à quel point je puis répondre de l’avenir, mais ce que je dis, c’est ceci : j ’étais un pécheur, un grand pécheur, et Jésus m’a sauvé. Je suis à lui. » M. Ad. Jalla, dans une allocution d’un sessouto très correct, lui a souhaité la bienvenue dans l’Eglise comme à un frère; une expression qui sonnait étrangement aux oreilles de nos Zambéziens. Il le fit avec coeur, d’une manière très touchante et pleine d’à-propos. Lui-même était ému. Je posai ensuite les questions, un peu modifiées, en usage au Lessouto et auxquelles Ngouana-Ngombé, debout devant l’assemblée, répondit d’une voix ferme et distincte ; puis, s’agenouillant, le cher garçon, il reçut, avec le nom d’André, le sceau du baptême. A un second service, M. Ad. Jalla fit aussi un appel impressif. L’après- midi, vers le soir, nous eûmes, pour la première fois à l’église, la Cène du Seigneur. C’était un témoignage public que j’avais cru nécessaire, mais qui nous a beaucoup coûté. Ce fut pourtant un moment solennel et béni. J’avais pris la précaution de faire vider les premiers bancs et, malgré nos appréhensions, tout se passa avec ordre et dans le plus grand silence. Oh 1 si l’on savait quelle cruelle épreuve est la moquerie, et combien il est difficile de l’affronter ! Et, dans cet art, nos Zambéziens sont passés maîtres. Nous venions de recevoir de Mme Gonin, la veuve d’un de mes anciens condisciples et amis, pasteur à Brighton, le beau service de communion dont il s’était servi dans son église, et que Mme Gonin m’avait envoyé comme un pieux souvenir. Cette circonstance ajoutait à la cérémonie, pour moi personnellement, un élément de plus d’intérêt et d’émotion. Gomme je l’ai dit, Ngouana-Ngombé a pris le nom d’André. Il y tenait parce que, disait-il, a c’est celui qui, le premier, a suivi Jésus ». De tous nos jeunes gens, Litia parut le plus impressionné. « Que tu es donc heureux, dit-il à son ami en. sortant de l’église, que tu es 1. Nous avons demandé plus tard à Ngouana-Ngombé quelques explications sur ce trait d'histoire naturelle, si nouveau pour nous. Il nous dit qu’ayant été élevé dans les bois, ses parents lui avaient souvent fait observer la chose, mais que, du reste, le fait est si généralement connu parmi ceux qui habitent les forêts, qu’il est passé en proverbe. On dit : « Ils font de cet homme un njoko ! » L’équivalent en français ne me vient pas à l’esprit maintenant. C’est à peu près : a Ils lui font tirer les marrons du feu. »


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