coton et les mouchoirs disparurent en un clin d’oeil, et j ’eus un auditoire sérieux et attentif. Gomme toujours, nous jouîmes de la visite de Léwanika; il en parut lui-même si satisfait qu’il me pria de lui laisser l’usage de l’établissement d’Aaron, jusqu’à ce qu’il eût pu se faire construire un autre pied-à-terre à Séfoula. Mokouaé resta quelques jours de plus pour voir « sa chère mère », en réalité pour lui faire tailler et coudre des robes. Ma pauvre femme, elle, si malade et si faible ! Mokouaé le savait bien, puisqu’elle ne la voyait se traîner hors de son lit que pour la recevoir. Mais de quel droit serions- nous malades, nous autres blancs ? Séfoula, le 26 février 1890. C’est une de ces dates de famille dont on aime à se souvenir. Nous sommes bien réunis cette fois, ma femme et moi, pour fêter le vingt-neuvième anniversaire de notre mariage. Nous sommes donc en fête. Malheureusement, ma pauvre femme n’est pas bien. Elle a passé toute la journée sur le lit. Elle n’est bien que là. Mais le devoir est impitoyable, il nous rudoie comme un caporal qui fait marcher ses hommes. Et ces efforts, répétés tous les jours, coûtent aussi tous les jours un peu plus. Le croiriez-vous ? Nous avons cependant fait un pique-nique à deux cents pas de la maison, sous un bel arbre à l’ombre duquel nous nous disions qu’il ferait bon de nous reposer jusqu’au matin de la résurrection. Une petite allée y conduit. Nous sommes tout près de la maison et pourtant au milieu du bois. Ma femme y avait fait porter une natte et du thé, quand survint une forte averse. Nous la laissâmes passer et prîmes le thé, quand même, avec MM. Ad. Jalla et Waddell. Le soir, deux d’entre nous, sur quatre, avaient la fièvre. C’est le Zambèze. On voudrait bien, quelquefois, vivre au lieu de végéter. 8 avril 1890. Nous sommes bien en train de nous métamorphoser. Avant peu nos solitudes zambéziennes pourraient fort bien devenir un nouveau Centre de vie et de civilisation. Pourquoi pas? Nous rêvons déjà, et c’est en plein jour que nous rêvons, de télégraphes, chemins de fer, service de poste régulier et fréquent, roulage sans le cauchemar de la perte des boeufs. Non, vraiment, c’est un trop beau rêve. Et pourtant le rêve se réalise déjà. Pensez donc que nous avons reçu au commencement de mars les almanachs que nous ne recevons généralement qu’à la fin d’octobre!... C’est que le pays s’ouvre. Et il P l . XXIV. L E RO I L ÉW A N IK A (A U T R E FO IS R O B O S I ou LO BO CH I). En costume ordinaire.
27f 90-2
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