chait conseil auprès de ma femme. Il voulait, disait-il, construire une grande prison. Elle se composerait, ne disons pas de cellules, mais de trois grandes pièces : l’une serait la prison des adultères, l’autre celle des ivrognes, et la troisième celle des accusateurs des sorciers. Depuis lors, il a fait une commande de menottes et de chaînes. Il a aussi convoqué un pitso dont il m’a communiqué le résultat dans une lettre amusante. Je lui avais conseillé de restreindre son action quant à la bière, pour ne pas compromettre son autorité. Il fut décidé qu’on ne brûlerait plus les sorciers et qu’on ne se servirait plus du moati; mais qu’un village spécial serait fondé et il est actuellement fondé — où le roi enverrait vivre tous ceux qui sont accusés de sortilège, quels qu’ils soient et à quelque partie du royaume qu’ils appartinssent. Comment goûtez-vous l’idée d’une communauté de sorciers ? Généralement, ceux qu’on accuse de maléfices sont de mauvais coucheurs. Le nouveau village n’est pas loin d’ici. Quant aux adultères, quelle réforme d’Hercule I II a commencé par sévir contre un jeune homme de sang royal. Aussitôt, grande indignation parmi les ba-Rotsi. Un serf dans les liens, passe encore, mais un mo-Rotsi pur sang, un parent même du roi ! Léwanika y pensait-il ? Katoka, la soeur du roi, alla publiquement défier le jeune homme. Le roi, indigné, le fit attacher de nouveau ; mais l’opposition et les murmures dépassâient la mesure de sa force de résistance, et quand la reine Mokouaé envoya des messagers pour délivrer ce mo-Rotsi, Léwanika les laissa faire. Il vous souvient que, l’an passé, il avait construit sa capitale du Mounda (l’inondation) tout près d’ici. Malheureusement, la crue des eaux fut si faible qu’il ne put pas quitter Léalouyi. Cette année, elle s’annonce mieux et on rebâtit le village. Quand ces lignes vous arriveront, Léwanika sera encore dans notre voisinage. Je demande instamment les prières des amis de notre mission pour que cette saison soit bénie et que l’évangélisation porte des fruits. Nous ne cessons de demander à Dieu la conversion de Léwanika¿ Nous avons entrepris un travail formidable, celui d’un canal qui-doit nous mettre en communication avec le fleuve, et, par ce moyen, nous faciliter l’évangélisation de la Vallée. Ngouana-Ngombé a mis à ce travail toute l’énergie, la persévérance, la force de volonté dont Dieu l’a doué. C’est admirable de voir cé jeune homme conduire une bande d’ouvriers et leur commander le respect comme il le fait. Le canal est aux deux tiers achevé ; les travaux seraient finis l’année prochaine si nous n’étions à court de bêches. Il nous a fallu refaire aussi les travaux de drainage qu’avait commencés M. Goy. Pour la troisième fois, nous avons essayé de semer du blé européen. La première année, nous avons à peine récolté notre semence; l’humidité du marécage d’abord, le soleil ensuite, ont fait manquer la récolte. La seconde année, nous avons récolté notre semence, et un peu plus. Cette année, nous avons mieux réussi, et la moisson a doublé notre semence. Nous avons récolté un sac et demi de blé. L’année prochaine, si Dieu nous garde, notre terrain sera mieux préparé, et nous aurons un peu plus d’expérience; donc, avec la bénédiction d’En-Haut, nous espérons une meilleure moisson. Le jardinage, hélas ! personne ici n’a le temps, de s’en occuper, et lors même que Litia m’y donne un bon coup de main au besoin, nous n’avons pas de légumes.
27f 90-2
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