nos forces, sont limitées, et nous avons dû refuser cinq ou six demandes de parents qui, en vrais ba-Rotsi, ne se tiennent pas pour battus et nous importuneront encore à mon retour de Kazoungoula. Que faire, dites-moi?... Je ne voudrais pas affirmer que ce mouvemenf-là fût tout à fait désintéressé; non, mais il est a noter. Les parents ont la plus grande répugnance à envoyer leurs enfants à l’école sous l’égide des fils du roi. Ils disent qu’ils perdent leur indépendance, qu’ils deviennent des esclaves avant le temps, qu’on leur rend la servitude dure, et qu’on les nourrit mal, ce qui est parfaitement vrai. Avec ces sept garçons et ces sept filles sur les bras, sans compter nos domestiques et un nombre plus ou moins grand d’ouvriers, il vous est facile de comprendre que notre tâche n’est pas légère. Ce qui s’impose toujours plus à nous, comme j ’ai déjà eu l’occasion de le dire ailleurs, c’est, à Séfoula, la fondation de deux bonnes écoles pour garçons et pour filles. Le vaste terrain qui nous a été concédé, s’il était cultivé surtout en vue de ces établissements, pourrait nous permettre de les entretenir à peu de frais. Ce qu’il nous faut avant tout, c’est un personnel spécial et dévoué, et alors cette oeuvre pourra se. faire d’une manière sérieuse et satisfaisante. Quant à nous,-nous ne suffisons pas. La crainte qui me hante, c’est que nous laissions échapper l’oCcasion, peut-être unique, de nous emparer de la jeunesse, et de donner à notre mission un affermissement et une extension que nous pourrions désirer en vain plus tard. Soyons sur nos gardes. D’autres plus riches, plus énergiques et plus sages, ne manqueront pas de remarquer nos fautes et de profiter des circonstances extraordinairement favorables que nous négligeons aujourd’hui. Le sujet mérite sans retard la considération la ‘plus sérieuse. Ceci m’amène à faire une autre remarque. La Vallée proprement dite, avec ses lagunes et ses marécages, n’est pas habitable pour les Européens, et le mode de vivre dés ba-Rotsi et leur organisation sociale y rendent impossible un établissement missionnaire, tel qu’on le conçoit généralement. D’un autre côté, le morcellement de la population et la répugnance invincible des ba-Rotsi pour nos coteaux boisés isolent une station missionnaire et créent pour l’oeu.vre des difficultés qu’on ne connaît pas ailleurs. Nous venons d’en avoir un exemple frappant. Un temps fut où nous crûmes à là possibilité de rapprocher la capitale de Séfoula; mais les ba-Rotsi sont des amphibies; nous, nous vivons dans le sable : il y a donc incompatibilité, et la question n’a pas fait de chemin. Quand Léwanika vint placer son fils à Séfoula même, nous nous bercions de l’espoir que son établissement était permanent. Pas du tout. La passion du mo-Rotsi pour la plaine dénudée et la rivière l’a emporté. Aujourd’hui, on fonde à huit kilomètres le grand village de Litia, dont le roi veut faire la troisième capitale du royaume. C’est pour nous un SUR LE H A U T - Z A M B È Z E .
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