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XXXVIII Le caractère des ba-Rotsi. — Constructions. — Concession d’un terrain. Travaux de drainage. — L’évangélisation à la Vallée. — Retour de Séajika.p^- L’é c o le ,In s a lu b r ité de la Vallée. — Nos filles et nos garçons. — Litia. — Vente de livres. — Rapports avec Léwanika. — Un village de sorciers. Séfoula, ao&t. Il est indispensable de jeter de temps en temps un regard en arrière et de lâcher d’avoir une vue d’ensemble de notre situation et de l’état de l’oeuvre. Une des sources de nos difficultés, c’est tout d’abord le caractère des tribus sauvages parmi lesquelles nous vivons. Avilis par l’esclavage sous les ma-Kololo, encore peu faits au pouvoir, les ba-Rotsi, il faut bien l’avouer, n’ont pas de noblesse de caractère, et, parmi les tribus qu’ils oppriment plus qu’ils ne les gouvernent, leur nom est un épouvantail et le synonyme de la fourberie et de la cruauté. Si jamais, en venant au Zambèze, nous avions compté sur des populations douces, s’émerveillant de tout et avides d’instruction, ‘nous serions amèrement déçus. Mais nous savions mieux. Un ou deux chapitres de leur histoire nous avaient déjà préparés à voir dans les ba-Rotsi des sauvages sordides et farouches « dont les pieds sont légers pour répandre le sang. » C’est pourquoi une connaissance plus intime, un contact personnel et de chaque jour avec eux, ont tenu notre courage en éveil et trempé notre foi. Oui, si nous demeurons parfois comme ahuris en présence de tant de corruption et de duplicité, si nous nous demandons tristement comment la vérité pourra jamais pénétrer à travers cette masse de superstitions et de ténèbres jusqu’à ces intelligences et à ces coeurs'paralysés, et atteindre ces consciences dont l’existence paraît presque douteuse, une chose nous soutient pourtant, c’est la foi : la foi que nous avons en Dieu et en ses promesses, la foi dans la puissance de l’Evangile que nous prêchons, la foi aussi dans la mission que le Maître nous a confiée. Les débuts de notre oeuvre à Séfoula vous sont connus. Le choix même du site avait été déterminé lors de mon tout premier voyage à la Vallée et après sérieuse considération. A mon second voyage, la seule raison qui me fit incliner pour Kanyonyo, c’était la proximité de la capitale. A notre arrivée définitive, un an plus lard, nous trouvâmes le vallon de Kanyonyo liltéralement couvert de champs cultivés que le roi avait pourtant promis d’enlever. Notre établissement là dans de telles conditions était absolument impossible. Gela trancha la question en faveur de Séfoula. Ce n’est pas que Séfoula présentât beaucoup d’attraits. Je l’ai dit ailleurs, ce n’était qu’une dune de sable noir, couverte de broussailles incendiées et d’arbres mutilés, de l’aspect le plus triste. Au pied coulait le ruisseau à travers un vallon fangeux et des jungles impénétrables. Aujourd’hui encore, malgré tous nos travaux de déblayage, les broussailles tendent toujours à repousser et à reconquérir leur terrain. Cela donne à l’endroit un air peu civilisé, peu séduisant. Toutes nos constructions y sont provisoires, comme à Séchéké. Le presbytère est une petite chaumière de deux chambres, avec cuisine et paneterie, élevé si à la hâte et dans des circonstances si adverses, qu’elle a déjà menacé ruine plus d’une fois. Les dépendances se composent d’un atelier, d’un hangar, d’un magasin, des bercails indispensables, et, enfin, d’un « tabernacle » qui nous servira de maison d’école et de temple, mais dont la construction n’est pas tout à fait terminée. Ce dernier local pourra aisément abriter un auditoire de 35o à 4oo personnes. Que je rende ici hommage au zèle, à la bonne volonté, au dévouement humble de notre ami Waddell. Pour tous ces travaux, qui sont loin d’être de son ressort, il m’a été d’un secours dont je ne saurais assez bénir Dieu. J’ai profité du court séjour de M. Middleton à Séfoula, pour faire des briques. Mais cette tentative n’a pas produit de résultats satisfaisants. Pour la qualité, ces briques, qu’on faisait à une lieue de la station, ne sont nullement en proportion de ce qu’elles nous ont coûté; elles sont mal faites, mal cuites et d’une utilité douteuse. J’ai, sans peine, obtenu du roi, pour la station, la concession d’un vaste terrain en friche, et, pour cela, nous avons eu la grande satisfaction de ne déposséder personne. A son arrivée, M. Goy s’est occupé du drainage d’une partie du vallon. Il a, sur un parcours de 800 à 1,000 mètres environ, détourné le ruisseau, travail que la nature sablonneuse du terrain rendait assez facile, 11 avait même commencé à faire un taillis de la jungle et des fourrés. Si notre frère avait prolongé son séjour à Séfoula, il est probable qu’il eût complété ce travail à sa satisfaction. A son départ, nous avons dû, nous, le reprendre, et, en quelque mesure, le refaire. Ppur assainir ce terrain spongieux, il nous a fallu creuser l’ancien ht de la rivière, déraciner les arbres qu on n’avait que coupés. C’est un travail immense qui n’est guère que commencé, mais que j ’ai l’intention de poursuivre dans la mesure de mes ressources et de mes forces. Voilà, en peu de mots, ce qui concerne les travaux matériels qui se sont faits à Séfoula depuis deux ans et demi que nous y sommes. Quant à ce qu’il y a encore à faire, il est évident que, dans nos


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