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l i 19111 i ¡ 1 «i: i n i i i i r ni i effet, paraît-il, une quantité de présents. Elle avait en tête une longue liste, mais elle craignait ma désapprobation. Ce qu’elle veut surtout, c’est une robe de velours bleu, avec des franges d’or, pour ressembler à son frère. Elle y a mis son coeur. La soirée était belle ; la lune, dans son plein, inondait le ciel de sa lumière argentée et se mirait dans l’onde. Pas une ride sur l’eau, pas un souffle, pas le moindre bruit, pas le plus léger murmure dans la plaine. Partout c’était un calme parfait, une paix profonde qui ravissait l’âme. J’aurais voulu prolonger ce petit trajet d’une-demi-heure en canot. Mes pensées reflétaient la mélancolie de ce beau clair de lune. Je pensais à l’oeuvre, je pensais à Mokouaé. Comme toujours je remportais de ma dernière visite une pénible impression. Elle a beau être aimable et causeuse, cette femme, il y a un je ne sais quoi qui forme une barrière entre nous. Je n’ai pas encore gagné sa confiance. Avec elle, je sens d’une manière poignante le besoin de cette sagesse qui sait gagner les âmes. Du reste, je pourrais généraliser cette remarque. L’évangélisation des femmes zambéziennes est la partie la plus ardue de notre oeuvre. Nous ne savons comment les atteindre, elles ne s’intéressent et on ne peut les intéresser à rien. C’est navrant. Nous taillons dans un roc bien dur. C’est aussi la douloureuse expérience de ma compagne, malgré les dons que Dieu lui a donnés. Le lendemain matin, le fils de Mokouaé, Kaïba, qui peut avoir treize ans, me rejoignit avec sa suite sans trop me faire attendre. Il a trois canots; Litia, lui, en a deux, ce qui représente une trentaine d’hommes. Nous voyageons vigoureusement depuis lors. Nous avons dépassé Itoufa dès le samedi matin, retardés un peu par le chef du lieu, qui se fit attendre et vint en grande cérémonie présenter à Litia des provisions de route, que celui-ci m’offiit à son tour par déférence. Le même jour nous passâmes aussi sans nous en inquiéter devant le tombeau de Moana-Mbinyi, ce qu’on ne fait jamais impunément au dire des Zam- béziens. Mes rameurs, n’osant pas amarrer les bateaux, s’imposèrent mutuellement silence, et passèrent en s’inclinant, se frappant la cuisse comme s’ils eussent été en présence de ce grand personnage. Le soir nous allions camper pour le dimanche à Sénanga, à l’entrée de la Vallée. Nous y avons en abondance de l’ombrage et du combustible. Séoma, 18 juillet 1889. Arrivés ici le mardi 16, à 9 heures du matin, sans autre incident que celui d’une chasse fructueuse qui a réjoui tout le monde. -S Campés tout au bord de l’eau sous un gigantesque figuier. L’ombre et la fraîcheur sont délicieuses. Mais quelle épouvantable invasion de chenilles ! Une vraie plaie d’Egypte.


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