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Les trois heures (nous allons en donner quatre) que nous passons tous les jours avec ces enfants sont de belles heures, et nous éprouvons toujours un sentiment de tristesse quand nous les congédions. Nous croyons toujours que nous aurions pu mieux utiliser notre temps. C’est une rude tâche tout de même que d’enseigner soixante-cinq enfants avec trois tableaux, quatre livres et six ardoises ! Et tout cela au grand air, au milieu des distractions de toutes sortes. Il faut s’ingénier et se multiplier. Le système des moniteurs nous sied à merveille. Il y a quelquefois du comique qui vient enfreindre la discipline. Ce sont des gens qui viennent vendre leurs» denrées et qui, en débouchant du bois, sont tout étonnés de tomber au beau milieu de ces bana ba maréna1, qui les détroussaient l’an passé. Vous les verriez alors déposer leurs corbeilles et venir frappant des mains. Et nos jeunes princes de leur dire qu’ « à l’école il n’y a pas de princes », et qu’on ne les y salue pas. Quelquefois c’est du sérieux aussi. Les ba-Rotsi ont ramené avec eux de chezr les ma-Choukouloumboüé une grande quantité de chiens. Mais tous ces chiens sont atteints d’hydrophobie. Ils courent le pays, attaquant hommes et bêtes. Déjà nombre de têtes de bétail et plusieurs personnes sont mortes d’hydrophobie à leur tour. Un jour que je parlais avec le roi, debout dans sa cour au milieu d’une foule d’hommes accroupis, un de ces chiens enragés vint me mordre à la jambe. Heureusement que j’avais un fort pantalon de toile et qu’il ne fit que me pincer; avant qu’il y revînt, on l’avait déjà assommé. Ici, sur la station, nous en avons tué au moins une vingtaine. Vous comprenez l’émoi que cause dans nos groupes l’apparition d’un de ces chiens. Pour 'revenir à l’école, je crains que nous ne soyons bientôt complètement débordés. Le roi, contrarié des menées de Mokouaé pour donner à Litia, son fils, la fille d’Aaron pour femme, y a avisé, et a choisi pour lui et ses neveux leurs futures épouses, des petites filles qu’il s’agit maintenant de dégrossir et de polir. Notre maison serait bientôt bondée. Ces braves gens ne peuvent pas comprendre qu’une dame missionnaire soit écrasée de travail et de soucis. « Recevez nos enfants, disent-ils avec instances, ils ont une foule d’esclaves qui travailleront pour eux, et nous leur donnerons de la nourriture. » C’est-à- dire un jour d’abondance pour cinq jours de disette. J’hésite beaucoup à commencer pour les jeunes princesses un établissement comme celui de Litia et de ses compagnons. Avec cette bande de désoeuvrés, esclaves hommes et femmes, tous plus paresseux les uns que les autres, et sans contrôle, un établissement pareil, vous le concevez, c’est une serre de méchanceté et de corruption. Je devais à Léalouyi ma visite d’évangélisation mensuelle ou bimensuelle, Enfants de chefs. SUR LE H AUT-ZAMB E7.E .


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