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garde bien de protester de son innocence, mais il ose défier ses ennemis de prouver sa culpabilité. C’est sur un autre ministre, de sa parenté, qu’il jette le grappin. Liomba, homme d’un caractère doux, mais faible, proteste, s’explique, se défend. « Il n’a fait qu’avertir Séoli, son parent, des rumeurs qui couraient sur son compte et de le mettre sur ses gardes. »Bip: Ehl bien, à toi maintenant de prouver ces rumeurs 1 Prouve-les ! » lui crie-t-on de divers côtés. On a déjà le sentiment que Liomba est une victime et que sa cause est perdue d’avance. Les plus compromis sont ceux qui crient le plus fort contre « cette canaille qui invente et colporte ses calomnies, compromet la sûreté du roi, la vie de ses fidèles serviteurs et la paix publique ». Les partisans de Liomba ont bien d’abord pris sa défense; mais ils se laissent intimider, finissent par se taire et baisser la tête. C’est alors contre lui un vrai déchaînement. L excitation, devenue incontrôlable, monte comme une marée fouettée par la tempête. On le force de quitter sa place à l’ombre, et dépouillé de ses vêtements, la tête découverte, de s’accroupir dans l’enceinte du pitso, tout seul au milieu des huées de la foule, sur le sable brûlant et par une chaleur de 4o° à l’ombre. Cette scène dura de sept heures du matin jusqu’à quatre heures du soir. De petits chefs, faisant du zèle et se croyant tout permis devant un homme sans défenseur, l’accablaient d’invectives, s’avan- çaient vers lui, le montrant du doigt, le menaçant de leurs cravaches. « Lions-le de cordes et finissons-en avec ce sorcier ! » s’écriait un vaurien de ma connaissance. Je suivais cette scène avec un intérêt intense. Natamoyo, le protecteur des accusés, était là, assis, impassible et béat; pour lui, le temps d’intervenir n’était pas encore arrivé. Le roi, à une mienne remarque, répondait sèchement : « Laissez-les faire, ils mettent toutes ses calomnies au jour. » L’homme était perdu. Je me levai et m’avançai vers lui : « Ba-Rotsi dis-je, un serviteur de Dieu est un Natamoyo. Vous ne tuerez pas cet homme- là, ou vous mu tuerez d’abord. Vous l’avez insulté. Quel est son crime, dites ? Est-ce lui l’auteur de vos complots ? l’inventeur des bruits qui ont rempli la contrée et qui nous viennent par lettrés et par messagers de Sé- chéké, de Pandamatenga, du lac Ngami, de chez Libélé, de partout?...» On m’écouta silencieusement ; l’effervescence se calma peu à peu, Gambella et Natamoyo parlèrent avec modération, là cause était gagnée. Le roi, pour donner quelque satisfaction à cette turbulente assemblée, imposa à Liomba l’amende d’un boeuf qu’il paya lui-même. En attendant que la bête arrivât, Liomba se réfugia chez Natamoyo et pendant trois jours ne sortit pas de sa cour ni le jour ni la nuit. Enfin, l’amende fut payée, le roi l’accepta, la donna au lèkhothla. Liomba passa par la céromonie du chouaéléla, et à peine le roi avait-il prononcé son pouménoko que les parents du pauvre homme, ses' amis, ses esclaves, ceux même qui avaient parlé contre lui quand ils l’avaient cru


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