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I I son fils, son unique, qui est devenu un des principaux manoeuvres de Léwa- nika et le nôtre à l’occasion. CeSamoïnda, comme tous les esclaves ma-Ghou- kouloumboué, s’est distingué par sa cruauté envers ses compatriotes. Nachin- tou, comme Mochachi, est puissante par ses médecines et ses charmes. Elle a la boîte de Pandore ; elle dispense à son gré la sécheresse et la grêle, les calamités et les épidémies, et garde enfermé dans une urne le fléau terrible de la petite vérole. Elle possède enfin ce que nombre de dames du monde lui envieraient, le secret d’une jeunesse éternelle. Vous serez surpris d’apprendre que, dans cette expédition, Léwanika a scrupuleusement observé le jour du Seigneur. Il a gardé près de sa personne (vous ai-je dit qu’il les avait fait venir de Mambova l’an passé?) nos deux pauvres renégats, Séajika et Karoumba, pour lui apprendre à lire. Il en a fait ses barouti à titre égal de ses marmitons. Leur charge à eux, c’est de faire la prière, de chanter des cantiques et de prêcher. Et, pour les rendre plus dignes de leur office, il les prive de boissons enivrantes. Et cela se continue à Léalouyi. Ces deux malheureux jeunes gens se trouvent ainsi dans la plus équivoque des positions. Ils n’ont pas eu le courage moral de se confesser qu’ils n’étaient pas qualifiés pour prêcher des vérités qu’ils démentent par leur retour au paganisme et par une vie immorale connue de tout le monde, tandis que leur conscience les accuse non moins que notre présence. Il faut vraiment être Africain pour jouer et soutenir ce rôle impossible. Le roi, étonné de mon étonnement, me demandait : « Que faire le dimanche, que nous désirons observer, quand tu n’es pas là? Ces garçons en savent plus que nous, et je les réprimande et les chasse quand ils ont trop bu. Peuvent-ils nous prêcher de mauvaises choses? n Le cas demande de la prudence, tout clair qu’il paraisse. Nous sommes trop loin de la capitale pour que j ’y puisse aller souvent et régulièrement. Nous nous fussions établis plus près, à Kanyonyo, — ce qui n’était pas possible, — que la difficulté eût été exactement la même. C’est dans le village même de la capitale qu’il faudrait s’établir ; une impossibilité au point de vue sanitaire; une impossibilité non moindre au point de vue pratique et économique; car les ba-Rotsi ne vivent pas toute l’année dans la vallée; au temps des inondations, ils vont s’établir sur les hauteurs qui la bordent. Et puis, ils changent aisément le lieu de leur résidence. Ce qui résoudrait cette difficulté et bien d’autres, ce serait d’avoir une bande d’évangélistes dévoués. Mais ces évangélistes, nous ne les avons pas. e - Quant à Karoumba et à Séajika, de deux choses l’une : ou bien ils se rebuteront ou rebuteront Léwanika, et le mouvement tombera dé lui-même; ou bien le mouvement prendra de la consistance, et ils sentiront leur faiblesse, ils se repentiront et retourneront à leur Dieu. Mais combien nous eussions eu plus de confiance et de joie, si leur


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