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« notre fille », et je sais confidentiellement qu’il en a aussi un petit troupeau de choix en réserve pour nous. Mais M. Jeanmairet, dans une lettre belle et digne, tout en lé remerciant chaleureusement, lui expose, les raisons pour lesquelles ni lui, ni M. Jalla, ni Léfi, ne peuvent, comme chrétiens, accepter ce bétail-là. Léwanika s’attendait-il à ce refus ? — Il se contenta de répondre : «: Je comprends ; mais que possèdent les ba-Rotsi qu’ils ne l’aient obtenu par le pillage et le vol? » La quantité de bétail capturé est énorme. On assure qu’il en est mort en route plus qu’il n’en est arrivé ici. Il paraît que les ma-Ghoukouloumboué, à l’approche de leurs ennemis, avaient chassé leurs troupeaux dans les bois où essaime la tsetsé. Le roi s’est réservé, tant pour lui que pour Mokouaé et les principaux membres de sa famille, des troupeaux considérables, qu’il a dispersés dans le pays. On assure pourtant qu’il lui faudra encore tout un mois pour distribuer le reste. Ce qui navre le coeur, ce sont les jeunes femmes et les enfants qui font partie de ce butin. On m’en cache le nombre; on m’assure même que le roi avait donné des ordres pour qu’on ne s’attaquât qu’à la gent bovine. Mais la vérité perce quand même. Des hommes, on n’en a pas amené un seul. En me promenant dans le village, je remarquai çà et là des faisceaux dejavelin.es, dont là plupart vecourbées, signe indubitable qu’elles ont répandu le sang humain. Il fallait donc les purifier. Gambella et d’autres de mes connaissances me montraient avec ostentation leurs haches d’armes. « Elles sont pures, me disaient-ils; nous nous sommes souvenus de tes injonctions. » Mon ami Mahaha m’envoie même par Séchéké un message analogue. Quelle que soit la valeur de ces assertions, c’est déjà quelque chose d’entendre un Zambézien se vanter de s’être privé du plaisir d’évèntrer un pauvre mo-Choukouloumboué. Le roi n’en ést pas là, lui ; car, en me voyant entrer chez lui, il me disàit en essayant de ricaner : « Ne va pas me gronder si l’on te dit que j ’ai tué un homme de ma propre main. » Hélas ! il paraîtrait qu’il en a tué plus d’un. Là où les ma- Choukouloumboué faisaient mine de résister, c’ëst lui qui dirigeait l’attaque, puis, accompagné de quelques Gavaliers, il s’élançait à la poursuite de ces malheureux, épouvantés par les armes à feu et par la vue de ce monstre sans nom : un quadrupède surmonté d’une forme humaine. Oh! qu’il sera terrible, le réveil de cet homme, quand l’Esprit de Dieu éclairera sa conscience et touchera son coeur ! — Dans cette razzia, Léwanika a aussi fait preuve de magnanimité. Non seulement il a rendu la liberté à plusieurs femmes captives d’un certain âge, mais aussi le bétail, les femmes et les enfants à ceux qui eurent lé courage de faire acte de soumission. Il n’osa pas attaquer une cheffesse du nom de Nachintou, que les ma-Ko- loko avaient jadis fait prisonnière, et libérée ensuite. Ils n’avaient gardé que S UR . LE H A U T - Z A M B È Z E .


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