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INTRODUCTION. bénies, nous recommandions à la garde du Seigneur nos chers pionniers, notre bien-aimé frère Dieterlen et ses compagnons. Et comment ne pas relever un contraste frappant? Nous leur donnions le baiser fraternel d’adieu dans cet endroit même hanté jadis par des hordes de cannibales, et d’où, quelque 45 ans auparavant, Sébétouane partait lui aussi à la tête de son clan, pour fouler des tribus sur son passage et aller fonder son puissant royaume dans les régions alors inconnues du Haut-Zambèze. •Qui aurait dit qu’un mois plus tard à peine, cette expédition, entourée de tant de sollicitude et de prières, allait échouer dans les prisons d’un État civilisé et chrétien ? M. Dieterlen, en partant, s’attendait bien à quelque chicane de douane à la frontière du Transvaal. Mais non. Il voyagea sans encombre, passa Hei- delberg, arriva à Prétoria en plein jour, fit ses emplettes et continua sa route sans être inquiété par personne. Deux jours après, c’était le 10 mai, au moment où il cherchait à camper pour la nuit, quel ne fut pas son étonnement de se voir poursuivi et arrêté par deux officiers du gouvernement, dont l’un était le « shérif »! Le lendemain, après avoir fouillé les wagons et les avoir remis à la garde d’agents de police pour les faire rebrousser chemin, ces Messieurs mirent leur prisonnier sur un char et le conduisirent à Prétoria. Les wagons arrivés, mis à l’mterdit et soigneusement fouillés à nouveau sans qu’on y trouvât, bien entendu, ni munitions, ni canons, ni autres armes à feu comme le portait l’acte d’accusation, on n’en sévit pas avec moins de rigueur. Les évangélistes furent jetés en prison, et Aser jugé digne de la cellule des criminels condamnés à mort. M. Dieterlen, lui, n’échappa à l’honneur de la prison que par la générosité du missionnaire berlinois, M. Grune- berger, qui lui servit de caution pour la somme de 7,5oo fr.! Cela lui laissait la liberté de faire toutes les démarches que nécessitaient les circonstances. Malgré tout ce que l’accusation de contrebande de guerre avait de ridicule, le gouvernement déclara à M. Dieterlen qu’il ne pouvait consentir à ce qu’il franchît les frontières de la République pour qu’il établît une mission française au nord du Limpopo. En vain notre frère plaida-t-il qu’on n’avait jamais exigé de passeport d’aucun voyageur européen, et que les pays où il conduisait son expédition étaient en dehors de leur juridiction. « Savez-vous, lui répondit-on, quelles sont nos intentions? Avez-vous connaissance des traités que nous avons pu faire avec les natifs ou avec les Portugais ? » Après lui avoir imposé, pour les frais de cette farce de procès, une amende de 35o fr., on fit sortir les quatre évangélistes de prison et on leur intima à tous l’ordre de retourner chez eux sous peine de confiscation et d’emprisonnement. M. Dieterlen, qui dans ces circonstances angoissantes avait montré une discrétion, une dignité et un courage qui ne s’étaient pas un seul instant démentis, dut céder à la force et obéir. Il reprit tristemeut avec sa caravane le chemin du Lessouto. Il n’est que juste d’ajouter que bon nombre de citoyens du Transvaal regrettèrent fort et blâmèrent dans leur conscience la conduite du gouvernement. Mais personne ne crut pouvoir, dans les circonstances actuelles, prendre la défense de l’expédition. M. Dieterlen et ses compagnons se demandèrent un instant s’ils ne s’engageraient pas sur la route qui longe le Transvaal à l’ouest. Le projet était trop aventureux. Une épidémie se déclarait à cet instant parmi les boeufs, dont huit périssaient. Il n’y avait plus qu’à se diriger sur le pays qu’on avait naguère quitté avec tant d’ambitions au coeur. C’est de Morija que M. Dieterlen écrivait le 28 juin 1876 : « Et maintenant nous sommes air Lessouto, nous attendons que Dieu nous ouvre une nouvelle porte. Nous avons mis de côté nos provisions en vivres et en habillements ; nos boeufs prennent du repos et des forces ; nos wagons sont en état, et si demain nous voyions que nous pouvons repartir,, je crois que pas un d’entre nous ne manquerait à l’appel. Car nous savons que si, d’un côté, l’oeuvre de Dieu rencontre beaucoup d’opposition de la part du monde et semble parfois anéantie, d’un autre côté, la victoire restera toujours aux serviteurs du Christ, s’ils savent supporter


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