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coeurs débordent de joie et de reconnaissance pour le passé, et nous plongeons les regards dans l’avenir sans inquiétude, avec une sereine confiance. Gardons-nous d’un zèle spasmodique qui subit les caprices de la mode et de la nouveauté. Pour vous qui donnez et priez, comme pour nous qui sommes à la brèche, l’oeuvre qui nous est confiée est éminemment une oeuvre de patience, de persévérance et de foi; soyons prêts à la faire au milieu des dangers les plus sérieux, des désappointements les plus vifs, comme aussi des sacrifices les plus coûteux. Ne reculons devant rien. Les désastres de l’expédition du Dr Holub, le martyre de l’évêque Hannington, celui d’un missionnaire wesleyen et de sa femme à la côte d’ouest, le massacre du comte Porro et de M. et Mme Barrai, et d’autres faits semblables nous disent clairement que ce n’est pas impunément que la science, la civilisation et le christianisme attaquent le continent noir, une des principales forteresses de Satan. Dans nos aspirations pour l’avenir de cette mission, mettons de côté toute timidité et modestie humaines; osons être téméraires et audacieux. Ad. Mo- nod, de vénérée mémoire, a dit : « Prions comme si nous ne pouvions rien; travaillons comme si nous pouvions tout. » L’oeuvre grandit toujours plus à nos yeux en étendue comme en difficultés. Nous sentons plus que jamais notre faiblesse et notre insuffisance; mais les promesses immuables de Dieu sont là dans toute leur réalité et sans d’autres limites que notre foi et la pffissance de l’Eternel. La conversion des âmes les plus dégradées et les plus abruties, et la transformation des peuples par la prédication de la folie de la croix, ne sont plus des miracles qu’il soit permis au plus sceptique de révoquer en doute ; cè sont des faits àccomplis que l’histoire a déjà maintes fois constatés depuis lé commencement de notre siècle, sans remonter plus haut. Attendons donc de grandes choses et nous verrons de grandes choses. « Situ crois, tu verras la gloire de Dieu. » Il vous souvient peut-être que c’est le 16 août que j ’avais quitté Séchéké pour faire à la Vallée le premier voyage en wagons. Jamais nous ne nous étions séparés, ma chère femme et moi, pour un temps aussi long et dans dés circonstances aussi sérieuses. Ce « veuvage » a été une rude épreuve. Nous avons extrêmement souffert des entraves sans nombre qui ont failli faire manquer tous nos plans. Si l’on m’eût dit d’avance que nous ne quitterions définitivement Séchéké que le i 5 décembre pour aller à la Vallée, j ’aurais probablement partagé le pessimisme de tous ceux qui affirmaient l’impossibilité d’un tel voyage à cette saison; car l’an passé, à même date, ma voiture n’avait pas pu traverser les plaines inondées du Kasaya et du Nguési pour aller à Mambova. On taxait mon entreprise de folie, et on se disait tout haut ce que j ’appréhendais moi-même secrètement, que l’inondation nous surprendrait SUE LE H A U T - Z A M B È Z E .


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