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I lope, un khokong1. J’en étais fier pour lui, car c’est son premier coup de grosse chasse, et content pour nous à cause de la viande. Nous dirigeant au nord-nord-ouest, à travers un bois, nous débouchons sur le lac desséché d’Issoumou, puis dans le vallon spongieux d’un ruisseau tributaire du Loumbé. A sa source, ce n’est qu’un marais, à deux kilomètres plus bas ce sont des étangs, et, plus loin, se joignant à un autre affluent du Loumbé, il forme des marécages impraticables et qui s’étendent à perte de vue. Impossible d’aborder le Loumbé. A neuf heures du soir, nous nous arrêtons à la fisière d’une forêt pour y passer le dimanche. « Le Loumbé, nous disent nos éclaireurs, n’a qu’un seul gué connu, et ce gué est profond; on y a de l’eau jusqu’au cou. » Tristes nouvelles s’il en fut. Une visite que nous y fîmes le lendemain nous convainc que ce rapport est bien au-dessous de la vérité. Pour aborder la rivière il faut traverser des mares, longer des étangs profonds sur un terrain détrempé. C’est matériellement impossible à première vue. Que ferons-nous? Faudra-t-il tout décharger, tout démonter, porter bagages et voitures à bras, et passer le tout en canots ? Et combien de jours cela nous prendra-t-il? Je n’ose pas y penser. Au Loumbé, rive droite, 20 septembre. Quel délicieux jour de repos nous avons eu ici hier ! le premier depuis que nous sommes en voyage. Il faut avoir travaillé comme nous le faisons toute la semaine pour comprendre avec quelle joie nous saluons le jour du Seigneur. Après le déjeuner et le culte, chacun de chercher un coin ombragé, isolé, et dort, dort comme s’il n’avait jamais encore dormi. Je me retire aussi- je lis, j’écris, je médite, et d’un bond me voici voyageant dans d’autres parties du monde. Je suis à Léribé en Europe, en France Je vois ces bonnes réunions qui de loin m’apparaissent comme des festins spirituels. Mon ciel s’assombrit bien un peu, la solitude se fait plus grande autour de moi, je me sens « dans une terre déserte, altérée et sans eau ». Satan n’est pas loin. Mais en laissant cours à mes pensées, une vision vient soudain tout illuminer. M’élevant plus haut, je ne vois plus seulement des lieux connus et aimés les Béthels de mon pèlerinage, mais je passe en revue les pays du monde entier où retentit la prédication de la Bonne Nouvelle. Il me semble entendre monter vers le ciel, des cités populeuses et des déserts, des villes et des hameaux, des continents et des îles perdues dans l’Océan, un concert universel de louanges où s’harmonise la multiplicité des langues humaines. Il me semble i . Le gnou, catoblepas Gorgon. Il y en a au Jardin des plantes.


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