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disait-il, que nous ne soyons surpris par le jour au milieu de la tsetsé. Nous voyagions royalement, c’était plaisir. Tout à coup le cri d’alarme vient de l’arrière. Nous accourons avec nos lanternes. « Les boeufs ne veulent plus avancer, dit piteusement Kambourou, nous n’en pouvons plus venir à bout. » Une minute d’inspection, et nous découvrons que plusieurs ont la chaîne de trait sous le ventre et se laissent traîner par le reste de l’équipage ! Pas étonnant qu’ils ne veuillent pas avancer ! Ce petit incident ne refroidit pas l’entrain de la caravane. Nos ma-Totéla couraient en avant avec des tisons embrasés, ils criaient, beuglaient, jappaient comme une troupe dé chacals. Etait-ce pour effrayer les bêtes sauvages ou pour annoncer de loin notre arrivée? Notre principal guide a pris pour devise qu’il ne faut pas donner à un blanc de renseignements exacts sur le chemin. Et il a si bien endoctriné les autres que, quand nous demandons à quelle distance nous sommes de Kalangou, on nous répond invariablement : « Oh ! c’est encore loin, loin, très loin. — Eh bien, dételons les boeufs, qu’ils se reposent un peu Gomment, dételer? s’écria mon mentor tout, ahuri, mais nous sommes arrivés! C’est ici, tout près. y> Et c’était vrai. Il était deux heures du matin. Gomme d’habitude, nous faisons passer le bétail sur un îlot et cherchons un peu de sommeil. A mon réveil, la curiosité avait rassemblé toute la population. Bonne occasion pour parler de l’Evangile : et ce ne fut pas la seule, car nous dûmes passer deux jours à Kalangou pendant qu’on déblayait le chemin devant nous. Deux jours agréables avec ces gens si sociaux, mais, hélas ! deux jours de délai ! XXVIII A travers bois et marécages. — Une éclipse de soleil. — L’expédition du Dr Holub. Le wagon versant dans la rivière. — Un beau dimanche. — A Séfoula ! 25 août 1886. Douze heures sous le joug ! de six heures du soir à six heures du matin ! Je ne me souviens dans ma vie missionnaire que d’une seule circonstance où chose pareille m’est arrivée; c’est quand les ma-Tébélé nous ont faits prisonniers chez les ba-Nyaï. Les gens de Kalangou nous conduisirent avec un bruyant entrain à i 5 kilomètres, et nous remirent à Moangou, petit chef de ma-Totéla, qui nous attendait. Il nous fournit des hommes et nous continuons notre route. C’est maintenant que commencent nos difficultés. Le chemin n’a pas du tout été taillé, et nous sommes obligés de le faire à mesure que nous avançons. Nous longeons la forêt à gauche, et le marécage à droite dans la direction du nord-nord-ouest. Nos nouveaux guides disent qu’il fait froid, ils s’allument des feux, font un somme pendant que nous travaillons ou que nos chariots s’enfoncent dans d’inévitables bourbiers. Impossible d’obtenir d’eux le moindre secours. Je consultais ma montre, nous regardions les étoiles avec une anxiété toujours croissante. « Hâtons-nous, le jour va nous surprendre 1 » C’était le cri général. En effet, l’aube parut et nous étions encore à quelque distance d’une île qu’on nous avait désignée. Pendant que nos Zambéziens se rôtissent au feu, nous dételons à la hâte, et Aaron avec un autre conducteur font courir nos bêtes éreintées vers l’île en question. Mais quels soucis ! Nous étions près d’un ruisseau profond et dont les abords marécageux nous faisaient peur. Après un déjeûner forcément frugal, il nous fallut chercher un passage, le paver de bois et de branches. Malgré toutes nos précautions, la nuit suivante, nous n’en sortîmes pas avant une heure du matin. Voilà donc toute une semaine de grandes fatigues pour traverser la région de la tsetsé. Et nous pensions le faire en deux nuits ! Dieu soit loué pourtant, nous voici aux. confins de cette région. Mais encore faut-il atteler avant l’aurore pour plus de sûreté, voyager tout le jour par un soleil de feu et dans des sables brûlants pour arriver à l’eau. Ce trajet-là achève


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