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nord du Transvaal. Ils laissaient, parmi les ma-Gouamba, les missionnaires ba-Souto Eliakim et Aser, auxquels plus tard s’en adjoignirent d’autres, qui tous firent avec persévérance et dévouement une oeuvre dont la mission vaudoise a recueilli les fruits bénis. Sur les conseils du zélé missionnaire hollandais de Goodegedacht, M. Hofmeyr, et sur les injonctions de M. Mabille, l’un d’eux, Aser, partait bientôt, accompagné de Jonathan, de l’église de Léribé, et de deux membres de celle de M. Hofmeyr. Il traversait le Limpopo et, sans se laisser rebuter par toutes sortes de difficultés qui parfois semblaient insurmontables, il visita, du côté de Zimbabyé, des tribus de ma-Chona qui portent le nom de ba-Nyaï. Dans ce voyage, Aser fit preuve d’une grande sagacité et d’un esprit d’observation remarquable. Il tenait un journal quotidien où il consignait soigneusement les incidents et les aventures du voyage, les étapes, avec leurs distances approximatives, les rivières, les sources et les étangs qu’il passait, les noms des chefs et leurs résidences, tous les renseignements, en un mot, qu’il supposait devoir nous intéresser ou nous être plus tard de quelque utilité. Il recueillait aussi des détails de moeurs et des traditions qui nous paraissent être un écho mourant d’un enseignement depuis longtemps disparu. Ce qu’il leur disait du Seigneur Jésus leur rappelait la disparition mystérieuse du fils d’un de leurs anciens chefs, qui devait revenir un jour. En son honneur, ils fêtaient la nouvelle lune et se rasaient la tête, et observaient un jour sur dix comme jour de repos. Très industrieux, ils cultivaient aussi le sorgho, le maïs, le riz, etc. ; mais leurs moeurs lui paraissaient étranges et il remarquait entre autres « qu’ils ne se lavaient jamais ». Il fut généralement bien accueilli. Trois chefs se montraient particulièrement désireux d’avoir des missionnaires. C’est à regret que cet intrépide évangéliste quittait le pays. « Ah! disait-il, que ne pouvais-je■ me couper un bras et une jambe, et faire de chacun de ces membres des missionnaires, et les laisser parmi les ba-Nyaï. » T1 . Son retour au Lessouto en i 875 fut une étincelle électrique. Il serait difficile d’exagérer l’impression profonde que ses récits produisirent partout. Une grosse vague d’enthousiasme passa sur toutes nos églises. Dans une réunion mémorable où l’intérêt se traduisait par des discours pleins de feu, un vieillard au fond de l’église se leva : « Assez parlé ! s’écria- t-il, agissons! » Puis, s’avançant jusqu’à la table de communion, il y déposait la modique somme de 3 fr. L ’impulsion était donnée. L’assemblée tout entière le suivit; le mouvement gagna ceux qui étaient dehors et s’étendit bientôt à toutes les stations. L’on vit alors, en un jour de Sainte-Cène, hommes, femmes et jeunes gens se presser avec décorum jusqu’à la table pour y déposer leurs offrandes. Et, spectacle tout nouveau, digne d’émouvoir les anges, des enfants, oui, de tout petits enfants à la mamelle, laissaient tomber dans le tronc du Seigneur, leur petite pièce d’argent blanc ! C’est ainsi que fut recueillie en peu de temps la somme de 10,000 fr., sans compter les dons de gros et menu bétail. La conférence des missionnaires ne pouvait pas hésiter plus longtemps. A sa première session, la mission fut à l’unanimité décidée en principe. L ’argent trouvé, ce furent des hommes qui s’offrirent. Quatre d’entre eux furent choisis qui devaient se préparer au départ. Pendant ce temps, il se passait ailleurs des événements peu remarqués et apparemment peu remarquables, et qui pourtant devaient avoir plus tard pour la mission des conséquences incalculables. Malgré 'toute cette ébullition de zèle, quelques-uns d’entre nous, et particulièrement M. Mabille et moi, nous étions loin d’être rassurés et complètement satisfaits. La vie spirituelle de nos troupeaux, d’un niveau peu élevé, menaçait de s’évaporer dans cette activité fébrile purement extérieure ; les conversions et les conquêtes sur le paganisme étaient peu nombreuses, et nous-mêmes, nous personnellement, nous soupirions ardemment après une vie moins terre à terre et que nous faisaient entrevoir les rapports qui nous venaient d’Europe. C’est sur ces entrefaites que nous reçûmes la visite du major Malan, petit-fils de César Malan, de Genève. Ayant quitté l’armée anglaise pour se livrer plus librement « au service du Roi des rois », il avait entrepris une


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