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X IV INTRODUCTION. reux de le constater — qu’elle n’a pas pris parmi elles les proportions qui nous étonnent dans les îles de la mer du Sud et ailleurs. Cela est dû en partie à des circonstances locales, à l’immigration des blancs qui, inévitablement, changent les conditions de l’existence. Mais cela est dû aussi, reconnaissons-le, à une certaine réticence dans la confiance que nous accordons à ces Églises encore dans l’enfance, à ces chrétiens si récemment sortis de la fange du paganisme. Peut-être aussi avons-nous peur de trop engager notre responsabilité personnelle et à dévier des chemins battus. Et pourtant, qui de nous ne le répète, et sincèrement, que si 1 A- frique doit être évangélisée,’ ce doit être surtout par ses propres enfants ! Ce qui n’est encore qu’une belle théorie doit passer dans la pratique. I l fa u t que nos Églises et nos chrétiens africains soient missionnaires. C’est, là-bas comme en Europe, le thermomètre de la vie religieuse. Donner et se donner dans l’Esprit de Celui que nous aimons et qui s’est donné lui-même, c’en est l’essence. Les pages qui suivent sont le récit d’un humble effort tenté dans ce but. Jusqu’à quel point l’essai a réussi, c’est au lecteur d’en juger. Des trois missionnaires français qui arrivaient au pays des ba-Souto en i 833, il en est un dont la figure grandit à mesure qu’on l’étudie. Il appartenait à cette « race de géants » dont les exploits dans la première partie de ce siècle ont jeté tant de lustre sur nos missions africaines. Cet homme, c’est M. Arbousset. Il possédait à un rare degré le don de l’évangélisation, et il sut dès le début l’inculquer aux chrétiens indigènes. Dans son troupeau les hommes ont toujours formé une proportion remarquable; et chacun d’eux, à des degrés et à des titres divers, avait sa part dans la propagation de l’Évangile. Non content de cette mission intérieure, M. Arbousset organisa plus d’une fois de petites expéditions d’hommes qui, à pied, avec une bête de somme pour porter leurs provisions, s’en allaient passer un temps illimité parmi les ba-Phéli, dans la contrée connue maintenant sous le nom de Transvaal. Plus tard, en i 863, c’était Ésaïe Séèlé qui, avec l’approbation des missionnaires, partait en son nom. Séèlé était d’une haute position sociale, INTRODUCTION. X V d’une rare intelligence et d’un caractère aimable. Il parlait l’anglais, le français et plusieurs langues indigènes, et possédait des connaissances médicales étendues. Il passa plusieurs années à évangéliser les mêmes tribus parmi lesquelles la Société des Missions de Berlin a fondé et poursuit une oeuvre prospère. Les guerres désastreuses des Boers de l’État libre de l’Orange avec les ba-Souto comprimèrent ces élans et ce besoin d’expansion. En i 865, tous les missionnaires français (il n’y en avait pas d’autres alors), à l’exception d’un seul que ne pouvait atteindre l’autorité de l’État Libre, furent expulsés du pays, et nous comme lès autres. Ce fut pendant cet exil forcé de leurs pasteurs que les chrétiens ba- Souto, pénétrés de leur responsabilité individuelle, se livrèrent avec zèle à l’évangélisation. Un puissant réveil qui s’étendit sur tout le pays s’ensuivit. A leur retour, les missionnaires, qui s’étaient vus avec tant de douleur et d’anxiété arrachés à leur champ de travail, le trouvèrent complètement transformé. C’était un jardin que l’Éternel avait arrosé et béni. Leur premier soin fut d’organiser et de consolider le mouvement. Us choisirent parmi les chrétiens les hommes les plus dignes de confiance, les placèrent ici et là comme évangélistes, et commencèrent à couvrir le Lessouto de ce réseau d’annexes, dont les mailles vont se resserrant de plus en plus. Il était impossible que la vie religieuse se développât chez nos chrétiens sans que le besoin se fît sentir chez eux aussi de porter au loin le beau nom de Jésus. C’est à l’ardente activité de mon ami Mabille, un autre de ces puissants Anakins, devenu le digne successeur de M. Arbousset, que sont dues l’initiative et l’impulsion de l’évangélisation par les indigènes. La mission intérieure ne pouvait pas se développer sans franchir les limites du Lessouto. Mais où porter l’Évangile? Qui ira? Voilà les questions qui prenaient chaque jour plus d’actualité. En 1873, MM. Mabille et Berthoud, en vue de la fondation d’une mission des églises du canton de Vaud, faisaient un voyage d’exploration au


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