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I l l I il II formaient en pluies diluviennes et incessantes. En dix jours, je recueillis 9,75 pouces de pluie, et encore mon pluviomètre avait-il été renversé deux fois par le bétail ; on assure que les rivières sont pleines, que les vallons sont maintenant des marais, qu’aucun chef n’oserait quitter son poste dans les circonstances actuelles. Il en fallait moins pour nous dire que le chemin était une fois de plus bloqué, et que, bon gré mal gré, nous étions détenus à Séchéké jusqu’à l’hiver prochain. Vous dirai-je le sentiment de tristesse et de découragement qui s’est emparé de nous? Mais nous ne pouvions pas y céder longtemps. Les pluies torrentielles nous forcent à l’action. Nos tentes, brûlées par le soleil et constamment submergées, ne nous abritent plus. Et, quand le soleil brille et que la chaleur fait monter le thermomètre jusqu’à 44° > elles sont également intenables. Construire, donc, il le faut. On coupe des pieux, on amasse de l’herbe et du roseau, et, en trois semaines, nous avons une chaumière de deux chambres, qui sera pour nous un petit palais quand elle sera crépie et sèche. Ce contre-temps nous permet de donner un bon coup de main à notre ami Jeanmairet. Il n’y a que trois mois que nous sommes ici et nous avons déjà trois bâtiments avec cuisines et autres dépendances. Tout cela n’est que du provisoire, mais du provisoire qui peut durer des années. N’êtes-vous pas émerveillés de voir avec quelle rapidité nous construisons ? Je crois que nous laissons les maçons de Paris eux-mêmes derrière nous. Nous ne disons rien de l’architecture. Nous avons pu,- avec les couvertures et les étoffes achetées en Europe, nous procurer une' dizaine de jeunes boeufs que nous avons domptés, et des vaches. Au Lessouto, rien de plus difficile que d’acheter une vache ou une chèvre. C’est là banque des troupeaux. Ici, c’est tout le contraire. A quoi bon les troupeaux en perspective quand on peut être tué d’un jour à l’autre? Il vaut mieux jouir de ce qu’on a, tuer les boeufs et les moutons et vendre les vaches et les hrebis. Nous nous en sommes bien trouvés. Avec l’abondance de laitage, sont revenus l’appétit et les forces. Notre ami Waddell a repris ses couleurs et des chairs, et, à part quelques indispositions passagères, l’état sanitaire de vos amis du Zambèze n’a jamais été meilleur. Ce n’était pas le cas, l’an passé, quand je partais pour la Vallée. Redisons-le, Dieu est bon. Un régime simple, mais régulier, est, je crois, un des meilleurs fébrifuges. Et c’est à la présence de nos dames que nous devons cela. Notre atmosphère politique s’éclaircit aussi un peu. Robosi s’affermit. De nouveaux messagers viennent de sa part arranger les affaires ici et mander les chefs et nous à la capitale. Il est donc probable qu’au commencement de janvier, je me mettrai de nouveau en route. Et maintenant, si vous me demandiez quels sont les sentiments qui prédominent en nous, je vous dirais que ce sont ceux de la


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