en construction. L’heure approchait, quand, tout à coup, des bruits sinistres se répandent. Les chefs ne viennent pas; on ne parle que de se battre. La panique s’empare de tout le monde, même des envoyés du roi, et, en quelques instants, nous étions laissés tout seuls. Nous nous regardions en silence. Que faire ? Notre résolution fut bientôt prise. J’allais sonner la cloche suspendue pour l’occasion, quand j ’aperçus à la lisière du bois des nuages de poussière. C’était Morantsiane et ses gens. Tous ceux qui s’étaient enfuis revinrent, et la cérémonie eut lieu devant une grande assemblée. De la viande crue fut ensuite distribuée aux chefs, ce qui est tout à fait dans les moeurs du pays, et, pendant que leurs esclaves, accroupis autour de feux flamboyants, la faisaient cuire ou la rôtissaient, bavardant à tue-tête, et que les chefs causaient au lékhothla, nous avions notre repas de noces sous la tente. Aaron était des nôtres. Les speeches de rigueur ne manquèrent pas. Middleton et Waddell trouvèrent chacun une bonne parole pour l’occasion. Nous étions en famille. Il y avait peu d’excitation parmi nous, mais nous jouissions d’une atmosphère de calme, de sérénité et de bonheur, comme celle dont jouirent, sans doute, les convives de Cana. Des jeux, des courses remplirent agréablement l’après-midi. Le soir, ce fut la lanterne magique. Et quand on croyait tout fini, il se trouva que Middleton nous avait ménagé la surprise d’un petit feu d’artifice : une chandellë romaine, un ou deux feux de Bengale, une petite roue de Sainte-Catherine (je crois que c’est le nom) ; et quand, pour bouquet, il lança une magnifique fusée, il y eut une explosion étourdissante de surprise et d’enthousiasme. On avait entendu les vieillards conter les exhibitions de Livingstone ; ces récits légendaires avaient aiguisé la curiosité. Aussi l’effet produit par cette soirée est quelque chose d’indescriptible. « Voilà, voilà le fusil du bon Dieu ! » s’écriaient-ils, hors d’eux-mêmes, en suivant dans les airs la fusée et son bouquet d’étoiles de toutes couleurs. Au milieu du brouhaha, quelques chefs vinrent vers moi, et, d’un ton confidentiel : « Morouti, firent-ils, tu sais tout; dis-nous donc qui va vaincre, de Robosi ou de Thatira? Tu as trop d’affection pour ton fils Morantsiane pour lui cacher cela. Tu peux compter sur notre discrétion. » Robosi, qui nous croyait encoré à Léchoma, envoyait des ordres pour qu’on nous fît traverser la rivière sans retard et qu’on nous amenât à Séchéké. Nous fîmès avec les chefs des arrangements pour poursuivre notre voyage. Malheureusement, les messagers du roi nous avaient à peine quittés que la situation s’empira. Ce ne furent qu’alarmes et paniques. Ceux qui s’étaient aventurés à aller cultiver les champs s’enfuyaient de nouveau, tous nos gens nous abandonnaient. De la Vallée, nous arrivaient des nouvelles confuses et contradictoires; les pluies du printemps qu’on avait saluées avec joie se trans- SUR LE H A U T - Z A M B E Z E .
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