de Londres, puis les Jésuites, avaient inutilement cherché à enlever, en n’y laissant que les tombes de leurs martyrs. Ces dise ans comprennent, il est vrai, près de deux ans et demi de voyages et de tournées en France ; il s’agissait alors d’une campagne moins périlleuse sans doute, mais semée de difficultés et de soucis; c’était bien une conquête à faire que celle des Églises et des appuis moraux et matériels nécessaires. Aussi Véminent et si regretté président du Comité des Missions, le baron Léon de Bussierre, a pu dire à ce sujet de M. Coillard : « I l a connu les amertumes qui trop souvent deviennent le partage de ceux qui se dévouent aux plus nobles labeurs. Au milieu des apprêts de sa sainte entreprise, à la veille de s’exposer, avec ce qu’il a de plus cher, aux périls de toute nature qui l’attendent au delà du Zambèze, il s est senti douloureusement atteint par les objections et les critiques qui s é- levaient çà et là contre la ténacité de son héroïsme'. » La forme de lettres, adoptée par M. Coillard, donne à son récit la saveur si recherchée aujourd’hui des mémoires; l’action, la vie est partout dans cette série de tableaux oh abondent les informations de toute nature, les situations émouvantes et souvent dramatiques. A la différence de presque tous les mémoires, ces tableaux sont faits, comme les tapisseries des Gobelins, par un artisan qui se dérobe derrière son oeuvre et s ’efforce de se soustraire aux regards et à l’admiration. Une fo is le drapeau missionnaire planté à Séfoula, la tâche a fa it un grand pas; elle est loin cependant d ’être unie et facile, « c est le terme d’un voyage de trois ans et d’une vie errante de d ix années »; mais ce n’est pas la fin des difficultés. Au milieu de toutes celles que suscitent le caractère et les vices des indigènes, les relations avec les chefs, les révolutions, les conditions matérielles de climat et d’installation, F organisation de l’école se fa it suivre avec un v i f intérêt. «.L’école a été sans contredit le point le plus saillant de l’oeuvre de Séfoula. » « Ce n’était d’abord qu’une bande de jeunes bandits, un nid d affreuse I . Rapport de la Société des Missions évangéliques, 1884, p- i0- corruption » ; peu à peu on voit ce que VÉvangile en a fa it. On constate que là, comme partout, comme toujours, l’école chrétienne est la base indispensable de l’Église chrétienne. Un jou r peut-être quelque Zambé- zien reconnaissant viendra dans notre France nous fa ir e retrouver l ’école religieuse, objet d’une si parfaite indifférence, comme Èlisa- beth Fry est venue d ’Angleterre nous montrer le chemin de la prison que nous n’avions pas su découvrir avant elle. En attendant, puisons dans le trésor de leçons et d ’exemples que nous offrent les lettres sur le Haut-Zambèze ; ces lettres poursuivront parmi les protestants de langue française l’oeuvre apostolique commencée sur le noir continent. I l y a peu d ’ouvrages d ’édification oh les âmes troublées, inquiètes, affligées, puissent trouver une meilleure source d ’apaisement, un plus sérieux appel à la patience, au support, à l’espérance. I l n’y a pas d’exhortation directe ou d’exposition raisonnèe de la doctrine, c’est la doctrine en action, la doctrine vécue produisant chez les noirs et les blancs, les hommes et les femmes de la caravane missionnaire, ses fruits naturels de f o i et d ’amour, d ’abnégation et de persévérance. Tous ceux qui liront ces pages, quelles que soient leurs croyances, leurs aspirations ou leurs dispositions particulières, reconnaîtront que c’est un grand privilège pour la Société des Missions, un honneur pour notre pays d’avoir donné à Livingstone un successeur capable de réaliser son rêve le p lus cher, fonder une oeuvre missionnaire qui pût ouvrir à l’Évangile l’accès de l’A frique centrale et arracher ses habitants aux horreurs de l ’esclavage. J. S.
27f 90-2
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