litè, ont pu être amenés à reprendre leur rang au sein de l'humanité! Une impulsion charitable, peut-être aussi l instinct de la conservation sociale, sollicitent des âmes compatissantes à se pencher vers les bas- fond s de notre civilisation, pour s’efforcer d’en retirer les êtres les plus dégradés. De libres associations se forment dans ce but en dehors même de l’Eglise, gui en a donné l’exemple. Ces deux missions se touchent, et les anciennes critiques sur la mission religieuse en pays païen ne peuvent p lus se produire, à moins d’être l’expression d’un mépris de l’humanité inconscient ou coupable. Le peuple des ba-Souto, en reprenant conscience de lui-même, voulut à son tour conquérir ses frères d’Afrique à la vie supérieure que seul VÉvangile a pu rallumer dans les âmes; telle est l’origine simple et touchante de l’épopée chrétienne racontée dans les pages qui suivent par M. Coi/lard, le che f de la mission conquérante émanée des églises du Lessouto. Les lettres, qui s ’enchaînent pour former un récit très vivant, sont groupées en quatre parties : I. A la recherche d’un champ de mission. II. La mission se fonde. III. La mission à Séfoula. IV. La mission à Léalouyi. En regardant aux peuplades les plus voisines du Lessouto, le choix des missionnaires s’était arrêté sur les ba-Nyaï des bords du Limpopo. M. Dieterlen avait déjà tenté d’y conduire des évangélistes ba-Souto sans pouvoir atteindre le but du voyage, par suite du mauvais vouloir des autorités du Transvaal, qu’il n’avait pu traverser. Cette difficulté n’existait plus. Les ba-Nyaï furent atteints par M. Coillard et ses compagnons, mais les chefs leur interdirent le séjour du pays qu’ils occupaient et de tous ceux qui sont soumis à l’autorité des ma-Tébélè. Obligée de se retirer après avoir couru des dangers, l’expédition se replie au sud, sur Chochong, siège d’une mission prospère dans le pays du roi chrétien Khama. C’est là que M. Coillard donne à sa caravane un repos indispensable et qu’il se décide à prendre la direction du Zambèze. Sur les bords de ce fleuve avaient autrefois émigré des ba-Souto conduits par un des leurs, nommé Sébéloane ; leurs relations avec les tribus assujéties aux ba-Rotsi avaient initié ces tribus à la langue sessouto, qui se trouvait être comprise depuis les cataractes Victoria ju squ ’au lac Ngami. Ces circonstances vraiment providentielles' déterminèrent notre missionnaire, malgré les périls d ’une telle entreprise et l’insalubrité de ces régions. La première exploration au Zambèze devait coûter la vie à trois des évangélistes bassoutos, Khosana, Ma- rathane et Bushmann. Ne cherchant ni les aventures, ni la vaine satisfaction de braver les dangers, M. Coillard apporta une énergie indomptable à ce qui lui semblait le simple accomplissement d ’un devoir et comme une dette à acquitter envers ces Zambéziens qui, fuyant la cruauté des ba-Rotsi, lui avaient dit: « Pourquoi n’allez-vous pas chez nous pour sauver la nation ? » A ceux qui auraient pu critiquer sa témérité la réponse était prête. M. Coillard la fit à l’assemblée générale de la Société des Missions, en mai 1880 : <i Dans la lutte des ba-Souto contre les Boers, disait-il, ces derniers escaladaient la montagne de Thaba-Bossiou. Ils avaient à passer par un étroit défilé que défendait une troupe de guerriers; les uns après les autres, les ba- Souto tombaient sous le fe u des ennemis, lorsque l’un d ’eux, déjà blessé, ramassa les cadavres de ses compagnons qui jonchaient le sol autour dé lui, les entassa les uns sur les autres et, grâce à ce sanglant rempart, le reste de la troupe des ba-Souto. repoussa les Boers. Le missionnaire est-il autre chose qu’un soldat? » Désormais ce soldat du Christ ira droit où son Maître lui a ouvert un chemin, dût ce chemin être semé de fatigue, d ’angoisse, d’embûches et de difficultés de toute sorte. I l a fallu d ix ans de lutte pour emporter cette redoute du Zambèze sur laquelle Livingstone avait succombé et que la Société des Missions i. On sait que les premiers missionnaires de la Société des Missions évangéliques de Paris au Lessouto avaient fixé la langue sessouto, traduit la Bible et créé toute une littérature, travail préliminaire indispensable qui se trouvait ainsi accompli pour les régions zambéziennes.
27f 90-2
To see the actual publication please follow the link above