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point de roseaux, la plupart des huttes étoient couvertes de peaux d’animaux , et spécialement de peaux de mouton et de boeuf. La contrée des Petits Namaquois n’a d’autres pluie* que celles d orage; encore n est-il pas rare d’avoir des années où elles manquent entièrement; et c’est à ce manque d’eaux pluviales, qu’il faut attribuer spécialement son peu de fécondité ; comme c’est à sa position topographique, quelle doit son défaut de pluie. Depuis le Namero jusqu à la Grande-Rivière qui la termine, son terrain s’élève peu à p eu, et les montagnes, au contraire, s’abaissent insensiblement. Par-delà la Grande-Rivière, les montagnes s’élèvent, au contraire, tout à coup , et le terrain redescend jusqu’à un autre chaiiion de rochers, situé plus loin; de sorte qu’elle se trouve enfermée , comme un bassin, entre les deux chaînes. D’après cette situation, il est aise de voir, que, n’ayant ni forêts, ni hautes montagnes qui arrêtent les nuages, tous ceux qui viennent du nord, passent librement sur elle, et vont se rendre au Camis, où elles crèvent et se resôlvent en pluie dans les fonds , et en neige sur les sommets, qui sont les plus elevés de toute la partie sud de l’A frique. Ces remarques sont d accord avec les observations météorologiques. Lorsque la saison pluvieuse commence pour le Cap et pour les colonies, jamais de ce côté on ne voit les pluies s’étendre par-delà le trentième degré, c’est-à-dire , par-delà le Camis. Si alors on est au pied de ces montagnes , du côté sud, on y éprouve Une mousson régulière; mais si on se transporte plus loin, tout change alors, e t l’on n’y voit plus une goûte de pluie. Moi-même, pendant mon séjour dans ce pays des Petits Namaquois, j’ai vingt fois été témoin, de la manière la plus évidente, de l ’attraction des nuages par le Camis. A les voir arriver noirs et chargés, je croyois qu’ils alloient nous inonder; mais ils passoient rapidement sur nos têtes, pour s’y rendre ; et nous laissoient à sec. Au reste, s’il les empêche d’arroser la terre sur leur passage, il les y renvoie eh fleuves et en rivières, puisque tous les torrens de ce pays ont leur origine dans les les monts Camis, et, sans cette ressource, toutes ces contrées se- roient inhabitables et privées d’hommes. Avant de quitter la horde de la sorcière, je tentai de me procurer, chez ces pasteurs, un certain nombre de moutons; parce que, ne trouvant point de gibier, je ne pouvois nourrir mes gens qu’avec la chair de mes troupeaux. Mais la même raison qui m’engageoit à leur en acheter, les empêchoit aussi de m’en vendre .-Vainement j ’employai la médiation de Kakoes. Quoique cette femme, par inte rêt pour les Blancs, qu’elle aimoit, disoit-elle à la folie, et par re connaissance pour mon e a u , qu’elle goûtoit encore plus que les Blancs, cherchât à m’obliger, je ne pus acquérir que six mou- tons. Il est vrai qu’il m’eût été plus facile d avoir des boeu s , et qu’on m’en auroit même vendu par-delà mes besoins, si j’avois consenti à doriner, en échange, des couteaux, du fer ou du lai- ton. Mais je me trouvois trop mécontent de mes derniers attela- ges , pour en acheter d’autres,- qui probablement ne valoient pas mieux ; et d’ailleurs, ma pacotille de quincaillerie étoit déjà tellement diminuée par mes achats précédens, que je voulois réserver, pour des besoins plus pressens, tout ce qui m’enrestoit encore; et les Petits Namaquois né se soucioient guère des verroteries dont ils étoient abondamment pourvus. Schoenmaker, qui connoissoit le pays , s’étoit charge de nous guider dans notre route. Il me conduisit nord-est, vers les K oo- pèr-B ergen ( montagnes de cuivre) ; et après cinq heures de marche, il me fit dételer sur les bords d’un petit ruisseau qui s’en échappoit. La halte étoit mauvaise, comme on le verra bientôt ; mais curieux d’observer ces montagnes, qu’on m’avoit dit contenir des mines de cuivie très-riches, j’étois bien aise de les connoître , et mon guidé me fit voir une ancienne fouille, commencée par les ordres d’un gouverneur du Cap, et maintenant abandonnée. Partout, en. parcourant les diiférens sites que nous visitions, je trouvojs des morceaux de minerais éclatés, dont la pesanteur m’indiquoit une mine riche. Mais c’étoit du cuivre vierge, et particulièrement des cristallisations, que je cherchois. N’ayant pu, malgré plusieurs Tome IT, ®


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