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chez les Gheïssiquois ', nation hottentote située plus à l ’est sur les bords de la Grande-Rivière, et dont je parlerai bientôt. Quant à la circoncision que Kolbe dit être pour les Namaquois un acte de religion, j’assure qu’elle est inconnue chez eux; et il en est ainsi de la religion elle-même, à moins qu’on ne regarde comme croyance religieuse la confiance qu’ils avoient en la sorcellerie de Kakoes. Les femmes de la horde avoient àccueilli très-favorablement mes Hottentots. Cette communication eutdeç suites très-douces, et mit mes gens à portée de voir des attraits forts singuliers ; mais plusieurs d’entre eux poussèrent l’indiscrétion jusqu’à dévoiler les tendres mystères de l’amour : ils vinrent me dire à l’oreille que quelques unes d’elles avoient. ce prolongement bisarre dont j ’ai donné la description et le dessin dans mon premier voyage. Klaas Bas- ter m’assuroit même que dans toutes les hordes namaquoises j ’en trouverois de pareils. J ’eusse désiré m’assurer s’il existoit quelque différence entre ceux-ci et celui que j’avois vu dans une autre partie de l’Afrique ; mais, quoiqu’il m’eût été facile d’obtenir beaucoup plu s, elles refusèrent de satisfaire à si peu. Persuadé, ’ d’après l ’assertion de tout mon monde, que je ne verrois absolument rien de nouveau, je respectai tant de pudeur et ne voulus plus être curieux. Le pays est peu fertile. Ce défaut de fécondité oblige souvent les habitans à changer de demeure. Aussi, parmi toutes les peuplades de ces cantons, n’en est-il aucune qui soit nomade et errante autant que celle-ci. Au Cap et dans les colonies, on croit, quôique sans preuves, que la contrée a des mines d’or. Peut-être, un jou r, la compagnie tentera-t-elle de s’en assurer , en 'envoyant sur les lieux des minéralogistes habiles. Jusqu’à ce moment, moi je d ira i, que je n’ai trouvé ni indications, ni vestiges, et que nulle part, dans aucune horde, je n’ai vu aucune trace de ce cruel métal. Il n’enestpoint ainsidu cuiVre. Dans toutes j’ai apperçi; des bracelets, des colliers, deS boucles d’oreilles de ce métal. A la vérité, quelques-uns de ces ornemens étoient si bien travaillés et si polis, E N A F R I Q U E . 7 qu’ils ne pouvoient être qu’un ouvrage d’Europe, et le fruit d’un commerce avec les Blancs. Mais aussi j ’en ai vu beaucoup d’autres, qui, par la bisarrerie de leurs formes, et la grossièreté de. leur travail, annonçoient évidemment, qu’ils avoient été fabriqués par les Sauvages eux-mêmes. Et ce qui me le prouvoit encore mieux, c’est que ces bijoux avoient conservé des matières hétérogènes et chatoyantes, lesquelles indiquoient, et l ’imperfection de la fonte, et l ’ignorance de l’ouvrier. Quant à la manière d’employer les ornemens dont je parle, elle est la même pour les Namaquois que pour les autres Sauvages. Cependant, j’ai remarqué chez eux quelques bisarreries particulières. J ’ai vu des individus porter à une oreille six boucles d’une même forme, et n’en porter aucune à l’autre. J'en ai v u , avoir un bras entièrement garni de bracelets depuis le poignet jusqu’au coude, et porter l ’autre entièrement nu. Enfin, j ’en ai v u , dont le visage étoit coloré et peint d’un côté en compartimens, tandis que de l ’autre il étoit peint avec d’autres dessins et des couleurs différentes. J ’ai remarqué , en général, beaucoup de goût pour les ornemens chez les Petits Namaquois ; car leurs kros et tous leurs vêtemens étoient extrêmement couverts de verroteries et de grains de cuivre enfiles et attachés dans toutes les parties à leurs habil- lemens ; ils en avoient même jusque dans leurs cheveux, qui é- toient graissés d’une manière vraiment dégoûtante. Plusieurs d’en- tr’eux avoient la tête couverte d’une croûte rougeâtre composée de graisse et d’une poussière couleur de brique, qui leur empâtoit tellement tous les cheveux, qu’on eût dit qu’ils avoient une calotte de ciment pour coëffure. Ceux qui pouvoient étaler ce luxe de parure, étoient aussi fiers que nos petits maîtres, lorsqu’ils peuvent secouer une tête chargée de poudre , de pommade et d odeurs ; le nuyp-kros, ou tabelier de pudeur, des femmes , portoient des rangs de verroteries qui leur pendoient jusque sur les pieds ; du reste elles étoient habillées comme les Hottentotes dont j ai déjà parlé. Les nattes étant très-rares dans ce canton, vu qu il n y a


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