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énergumène, ou plutôtune folle. Rien de cet astuce, de ce ton d’inspire , de cette affectation de science profonde, de cette t charlatan- nene enfin que comporte cet art prétendu. Ne pouvant deviner les moyens par lesquels une pareille extravagante avoit pu donner une si haute opinion de sa supériorité sur ses camarades , je demandai à connnoître par quels faits elle avoit manifesté ses talens , et je vis que sa réputation n’étoit fondée que sur l ’ignorance, les’ préjugés , et une crédulité absurde. La seule preuve qu’on m’Illé- gua de son pouvoir y c’est que son troupeau n’étoit jamais attaqué par les tigres et les lions; mais ce troupeau consistoit en six moutons et trois vaches ; et d’ailleurs il faut remarquer que les bestiaux de la horde, quoique très-nombreux, étaient eux-mêmes rarement insultes , parce qu’indépendamment de la quantité de leurs gardiens ils avoient encore, pour les défendre, beaucoup de boeufs de guerre. Ainsi les vrais sorciers, c’étaient les dupes de la sorcière puisqu’eux seuls avoient les moyens de garentir son mince bétail! Les hommes, et particulièrement les hommes ignorants "sont frappés de tout ce qui est extraordinaire. Je ne doute pas que la grande renommée de Kakoes ne fut due à ses folies mêmes qui pour des Sauvages, paroissoient avoir quelque chose de surnature l; et Schoenmaker et Klaas Baster , qui mainte fois, m’avoient déjà entretenu de la fameuse Kakoes et de ses hauts faits , ne doutaient nullement eux-mêmes qu’elle ne fût réellement une grande magicienne. Mais ce qui m’étonnoit davantage, c’est qu’une femme de cette espèce eut imaginé d’être sorcière; puisque cette idée de s’élever au-dessus des autres par des fourberies, suppose une a- dresse supérieure à l ’intelligence d’un Sauvage, et une sorte de calcul qui dépassé la somme des combinaisons que peuvent former ces cerveaux inexercés. Mais l ’expérience a démontré bien ailleurs cette possibilité, et du plus au moins, il n’est pas mal-à-propos de croire un peu aux sorciers. Au reste, quelle que fut l’opinion que ma pythonisse devoit inspirer, il est certain que la terreur de sa prétendue puissance étoit infiniment utile', non-seulement à sa horde, mais encore aux hordes voisines. Le lieu quelle habitait sembloit beaucoup plus sûr que tous les autres ; on venoit en troupe se réunir autour d’elle ; et voilà pourquoi la horde étoit si nombreuse. Les boschjesman eux-mêmes la redoutaient. Jamais ces voleurs ne venoient exercer leurs brigandages sur le territoire qu’elle avoit choisi.pour sa demeuré; et elle avoit même pris sur eux un tel empire que si quelqu’un de leurs vols parvenoit à sa connoissance, elle partoit à l’instant seule est sans escorte, alloit au fond de leurs bois et de leurs retraites les menacer de sa colère, et les for- çoit à restituer les objets volés. Le pays des Petits-Namaquois s’étend, en longitude, depuis les montagnes du Camis jusqu’à la mer occidentale; et en latitude, depuis le Namero jusqu’aux bords de la Grande-Rivière. D’après les renseignemens que j ’ai pu prendre sur le nombre des habitans de toute cette contrée, c’est, je crois , porter sa population à son plus haut point, que de lui accorder six mille ames ; mais des insultes et des attaques trop-fréquentes des Boschjesman, et plus que cela l’a- pidité du sol, la diminue annuellement; un jour peut-être,même, la race de ce peuple s’éteindra et sera anéantie comme tant d’autres de l’Afrique méridionale. Le Petit-Namaquois, quoique d’une assez belle stature, est néanmoins inférieur pour la taille aux Caffres et aux Gonaquois; et ce fait m’a donné lieu de faire une remarque intéressante et que je crois neuve: c’est que pour les qualités morales et physiques, les peuples de l’est, dans la partie d’Afrique méridionale dont je parle, sont de beaucoup supérieurs à ceux de l ’ouest ; tandis que les animaux de la dernière contrée l’emportent infiniment' sur ceux de la première . Kolbe a écrit que les Petits-Namaquois pratiqiient la circoncision, et qu’ils se retranchent un des testicules. J ’avois avec moi la traduction hollandoise de l ’ouvrage de cet auteur; et partout; en visitant les peuplades qui se rencontrôlent sur ma route, j ’avois soin de vérifier ses assertions. Souvent même il m’arrivoit de faire mes questions le livre à la main ; je puis donc certifier que les Naina- quois ne pratiquent jamais la semi-castration, qui n’est en usage que


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