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reproché toutqma yie d’en avoir eu ^occasion et de m’y être refusé. w e H H B H ■ p K i ■ . D’tm autre côté, les rêves de l’imagination venoient m’agiter sans cesse et m’insinuer qu’au de-là de la rivière je trouverois un pays plus agréabï^, p&é fertile, plus .'facile à traverser ; et je ipe laissois abuser par dés chimères qui n’avaient d’autre fondement qu’une envie excessive de rencontrer des objets nouveaux. Klaas-Baster et ScKôenmàtei me faisoient d’ailleurs cent récits qui échauffoient ma crédulité. A les entendre la Grande-Rivière ne tarissait r jamais et ses bords étant couverts d’arbres magnifiques, j ’y devois trouver toutes les commodités d’un campement agréable. Us meparloient d’oiseaux rares, d'hippopotames, de rhinocéros, de gi- rafï'es, et enfin de toutes sortes de différens gibiers qui abondoient dans ce lieu tant vanté et qui m i’îaisbient desirer bien vivement de m’y voir arriver. Je trouvai dans tout ce canton une grande quantité de petits vautours d’un blanc’ Isabelle, de la même espèce que celui décrit par Bqffôn, sôusJle nom de vautour d’Egypte; les Namaquois nomment cetoiséàu oiiri-gouràp, corbeau blanc. Les montagnes me fournirent quelques belles plantes dont je pris le dessin, entr’autres deux beaux lys à une seule corolle, l'une d’un rouge cramoisi, et l ’autre d’un jauhe citron. ' :ëcb6enihaEer ayant fini ses préparatifs et donné ses ordres avant de partir, fit atteler tous ses'boeufs à mes charriots, et nous nous mîmes"encroûte’ sans délai après avoir laissé quelques livres de poudré a Sa hordé pour la défendre des boschjesman, en cas qu’ils vins- seht l’ attaquer pendant son absence. En moins de cinq heures de marche nous drriVâin es à là r;ue d’une horde de Petits-Namaquois. Mais comme ma caravane1 pouvoit-l’effaroucher, Schoenmaker pris lèi devants'pôiir Ta prévenir. G’étoit la plus considérable que j eusse encorervtie;; iellë niaÉiit pas moins de .chiquante à soixante huttes , partagées en trois parties. A notre approche , tous ceux qui 1 habitaient se réunirent. Jamais je n’avois vu tant de Sauvages rassemblés ; c’étoit un èoùp-d’oeil imposant. D’abord la curiosité fit avancer tout le monde; je fus entouré. Tous voulaient me voir et m’approcher , tous parloientàlafois,etjen’entendorsqu un bourdonnement, qui, quoiqu’assourdissant, m’intéressoit néanmoins par ton d’amitié qu’il respiroit. Bientôt s’éleva une voix de femme qui domina sur toutes les autres et les fit taire : c’étoit celle d’une vieille Hottentote nommée Kakoes. Elle passoit dans toute la contrée pour une sorcière. La troupe s ouvrit pour lui donner passage. Elle s’avança vers moi, en poussant dés cris affreux. Ses hurlemens m’inquiétèrent. Je craignis quelle ne voulût annoncer l’horreur que lui inspirait ma presence et que me désignant à la horde comme un homme ennemi ou suspect, elle ne l’ameutât contre moi. Qui l ’eût crû ! c’étoit pour me témoigner sa joie qu’elle mugissoit ainsi. En m’abordant, elle me prit rudement l e visage avec les deux mains, et m’embrassa de même. A ces démonstrations d’amité en succédèrent d’autres entreme ees de sauts de gambades et de folies de toute espèce. Tantôt elle me parlait avec un feu et une volubilité inconcevable ; tantôt adressant troupe des discoiirs auxquels je ne comprends rien, elle me montroit de la m ain et venoit m’appuyer le poing sur l estoma^ J ’avois auprès de moi mon interprête, Klaas Baster. M nement je lui demandois l’explication de ce que me disoit la pytho- . n i e à peine avoit-il commencé à me rendre une de ses phrases qu’elle en avoitdéja achevé dix autres. Enfin cependant, elle s e . nonça clairement, et avec un geste tres-significatif, auquel ne m’étoit pas possible de me méprendre, elle me demanda d e l eau d mon pays. A ce langage fort intelligible, je repondis par une rasade d’eaude-vie, que je lui fis verser dans un grand gobelet et quelle avala tout d’une haleine. Alors ses extravagances recommencèrent encore plus vivement qu’auparavant. E lle dansoit, chantait, rioit, pleuroit tout-à-la-fois ; et de tems en tems venoit me présenter son gobelet à remplir. Il se remplit si souvent que la parole et mouvementlui manquant tout-à-coup , il fallut reporter la prêtresse n’avois vu S* sorcière qu’une bacchante , une


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