Le kwagga ne peut être, et n’est point réellement, le produit du cheval sauvage et du zèbre ; car l ’Afrique méridionale n’a point de chevaux sauvages indigènes. Les chevaux qu’on y voit maintenant y ont été transportés d’Europe ; mais ceux-ci ne s’écartent ja mais des coloniesj et jamais aucun, avant les miens, ne s’étoit avancé sous le vingt-cinquième degré de latitude, ou il. y a des kwaggas et des zèbres. D’ailleurs, si cet animal étoit un produit bâtard de-la zèbre., les mères allaitant leurs petits après avoir mis bas, on verroit ces petits les suivre dans les hardes des zèbres : o r , c’est ce qu’on ne voit jamais. Les troupes d^ l ’une et l’autre espèce ne se confondent pas plus ensemble que les troupes de différentes gazelles. Souvent j ’ai apperçu, dans les plaines, des hardes de zèbres et des hardes de kwaggas ; mais toujours, j e les ai vues séparées. Enfin, j ’ajouterai à toutes ces preuves, qu’avant l ’émigratiôn des chevaux européens en Afrique, le kwagga y existoit, et qu’il y étoit connu des naturels. Le kwagga est beaucoup plus petit que le zèbre ■ il a un cri qui imite parfaitement l’aboyement d’un chien : quant à celui du zèbre, il produit absolument le même son qu’une pierre lancée avec force sur la glace. Rebuté par les fatigues et les peines que je me donnois inutilement pour joindre et abattre quelques-uns de ces farouches ânes isa- belles, je me dédommageois sur les oiseaux sans nombre que m’of- froit cette contrée, qui pour la première fois retentissoit du bruit d’un fusil. Plantes, oiseaux, quadrupèdes, presque tous les objets .enfin , jusqu’au site et à la forme, des montagnes , y étoit nouveau pour moi. Par-tout la terre étoit couverte de fleurs magnifiques •, et par-tout je voyois voltiger sur ce parterre rustique et brillant une foule de petits volatiles du genre des sucriers , qu i, parés des plus belles couleurs, venaient en sucer le nectar et sembloient eux-mêmes autant de fleurs vivantes. Les sucs odorans dont ils se nourrissent se transformant*én leur substance leur communiquent un parfum d’ambroisie qui me faisoit regretter d’avoir à les placer un jour dans mon. cabinet avec ces oiseaux, qui ne s’étant nourris que de charognes charognes onde chenilles et d’insectes dëgoûtans en ont aussi l’odeur. Je trouvai là différentes espèces que Geoffroy fils a rapportées depuis du Sénégal, et spécialement des barbicans ; variétés de celui qu’a décrit Buffon sous le nom de barbican de Barbarie. J ’y trouvai, en très-grande abondance, la p e tite veuve dominicaine , décrite par Brisson, et remarquable par sa robe modeste et sa longue queue. Enfin, pour abréger des détails peu intéressans et donner une idée de toutes les richesses que ce canton présentoit à l’ornithologiste, je dirai que dans le seul genre des sucriers ou oiseaux qui se nourrissent du suc des fleurs , et que beaucoup de nomenclateurs ont rangé , je ne sais pourquoi, parmi les grimperaux, quoique ces oiseaux ne grimpent jamais, j ’y ai trouvé sept espèces différentes. Quant au grand et menu gibier, il étoit, en proportion aussi multiplié; etje ne crains pas d’avancer que le canton eût suffi pour nourrir avec profusion une armée oü une caravane de deux mille hommes. Au milieu de cette immense ménagerie, dont la variété me tenoit dans un enchantement continuel, j ’étois surpris de ne pas voir cette quantité de rhinocéros que m’avoient annoncée les gens de la horde de Haripa. Cependant un jo u r, Klaas , qui sans cesse étoit à l ’af- fut des bonnes aventures, pour avoir la satisfaction d’être le premier à me les annoncer, vint en grande hâte dans ma tente me dire qu’à quelque distance du camp il avoit apperçu deux de ces animaux, arrêtés et tranquilles à côté l ’un de l’autre au milieu de la plaine, et qu’il ne tenoit qu’à moi de me procurer le plaisir de la plus belle chasse que j ’eusse encore faite. A la vérité , la chasse pouvait être très-amusante ; mais indépendamment du danger qu’elle présentoit, j ’y voyois de grandes difficultés. Pour attaquer deux ennemis aussi redoutables ; il nousAàlloit de grandes précautions, et les approcher sans en.être vus ni éventés , ce qui est toujours très - difficile. Je m’étois d’abord proposé de les cerner par un cordon, qui les envelopperoit de toutes parts et d’avancer ensuite sur eux en rétrécissant peu à peu le cercle , en nous réunissant tous au moment de l’attaque ; mais les Sauvages m’assurèrent que ce plan étoit impraticable avec les animaux dont il ■ Tome I I . . S
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