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C est toujours un signe de mauvaise augure que la rencontre de ces animaux dans les deserts pendant le tems des sécheresses ; parce que , vivant en grosses troupes et séjournant toujours dans le lit des rivières, iis dessechent bientôt les amas d’eau qu’elles pourraient conserver. Aussi nous n’en trouvâmes point une goutte dans celle-ci. Apres nous être reposés, nous reprîmes notre routé, en suivant leur piste ; .tant pour ne pas leur donner le. tems d’épuiser léè autres réservoirs dont nous allions avoir besoin, que pour en tuer quelques - uns, s’il étoit possible. En effet , vers lè soir, nous leè rejoignîmes cinq lieues plus loin, et toujours sur les bords de M meure riviere. Les broussailles, dont le pays est couvert, î'ctrr- d oie n t un peu leur marche, et en nous dérobant à eu x , nous permettaient de les approcher , à la faveur de nos chiens. Noirs en tuâmes deux. Ils .ne differoient ekr rien dès autres bufHes que iri’avoit offert l ’A frique orientale ; mais ils étaient d’une grandeur et d’une grosseur monstrueuse, et nulle part encore je n’ èn avois vu de pareils. ' Deux animaux aussi considérables m’assuroient, pour la nouYri- turede ma troupe, une provision-abondante. Mais comme leur dépècement et leur désossement devoient exiger de nous une journée toute entière, je remis ce travail au lendemain. Dès le point dtr jour', meâ gens se mirent à l’ouvrage; et moi, pendant ce tems, pOurmèicôn- ciüer lés Koraquois dont j ’alloîs visiter la horde, je dépêchai vefâ enx, et leur fis dire'que s’ils voulaient-venir partager ma chassé1,’ j e leur en offfois le produit avec leplus grand plaisir. C est ainsi, je le répète, que doit se comporter tout voyageur qui, •dans ses courses, désirera so procurer quelque succès heureux. Avec de pareils moyens , il se fera des amis, et ne trouvera point d e Sauvages qu’il ne subjugue, quelque farouches qu’ils soient. Au reste, .je dois’ dire à l'honneur des Africains, tju’à’ meSure qu?on' s’éloignera des colonies , on trouvera chez eux plus de droiture et de cordialité. Ceux qui, â raison de leur élôignement, ne tsont ni connus el’elles ni à portée de les cdnnoîtié, oüt nne sim- E N A F R I Q U E . plicité tout à fait intéressante, et qui n’a de défiance que ce qu’il en faut à tout être raisonnable pour se garantir du danger et assurer sa conservation. Il est vrai que leur caractère est plus apathique et leur esprit, plus borné; mais aussi, n’ayant jamais d’occasions de tromper et d’être trompés, ils n’ont pas besoin du mensonge et ne le commissent pas. Les Koraquois arrivèrent dansl’après-dînée, au nombre de trente, tant hommes que femmes , amenant avec eux quelques boeufs pour le transport des viandes que je leur avois annoncées. Ils passèrent la- nuit près de moi ; et le lendemain matin, ayant fait charger leurs boeufs , je pris avec eux le chemin de leur horde, à travers une: plaine brûlée , la plus aride peut-être de toutes celles que j ’avois vues jusque-là. De toutes parts j ’y appercevois des giraffes; mais dans un espace aussi étendu elles avoient sur nous trop d’avantage ; et comme je désespérois de les joindre , je ne songeois pas même à les attaquer. Cependant ayant vu un rhinocéros, qui, par la pesanteur de sa course, paroissoit perdre un peu sur nous, j ’entrepris de le chasser, et me mis à sa poursuite avecKlaas. Nous forcions de galop, et déjà nous étions à portée du fu s il, quand tout à coup le cheval de Klaas, manquant des quatre pieds, s’abattit sous lu i, et le jetta par-dessus sa tête à plus de dix pieds en avant. Par un effet de la chute, le fusil partit en même tems, et je fus averti de l’accident par l’explosion. J ’étois alors sur la même ligne que le chasseur, mais à plus de cinquante toises de distance. J ’accourus vers lui. Il étoit sans mouvement, et je le crus mort ; mais hii ayant mis sous le nez de l’al- kali volatil, il reprit connoissance ; et tandis qu’il achevoit de recouvrer ses esprits., je courus ratrapper son cheval : après quoi nous rejoignîmes la caravane. On y avoit éprouvé aussi un accident d’un autre genre. Deux des femmes, épuisées de fatigue et de chaleur, s’étoienttrouvées


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