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nés de gazelle que lui prête Kolbe, qui en a donné une figure sous le nom de céraste. Je vois dans le voyage en Abyssinie, par Bruce, aussi un serpent cornu nommé céraste et qui paroît vraiment porter des cornes , du moins d’après ce qu’en dit ce voyageur ; mais au- roit-il aussi mal examiné les cornes de son Géraste que celles de la giraffe;. car il dit positivement que ce quadrupède a les cornes comme l ’antiloppe ; ce qui est certainement faux. Quoique le serpent cornu ou , pour mieux dire, à aigrette , n’ait que quinze à dix-huit pouces de long, et que par conséquent il soit le plus petit des trois serpens dont je viens de faire mention, il est le plus dangereux , parce qu’étant presque toujours caché dans le sable,, sa petitesse et sa couleur grise empêchent, de l ’y distinguer } tandis que le kooper-capel se fait appercevoir de loin par sa grandeur et ses couleurs vives, et que la lenteur du pohader permet de se garantir sans peine de-ses attaques. On lit dans un voyage moderne, que quand les Sauvages veulent extraire le poison des serpens , ils.les pilent tout entiers. Pour moi, non - seulement je n’ai rien Vu de semblable chez les Hottentots,. mais j ’ai été mainte fois le témoin du contraire. Ils n’ignorent pas. que le venin est dans, la mâchoire ; ils commissent les vésicules q.u* le contiennent et savent très - bien l ’en tirer. D’ailleurs, beaucoup de Sauvages se nourrissent du corps des serpens , après en avoir tranché la tête. Cet usage est très-commun chez beaucoup de nations, quoique je ne l ’aie jamais vu pratiquer chez les Hottentots j mais, combien de fo is , à Surinam, dans l ’habitation de mon père ,-n’ai-je pas vu les. Nègres africains-, louangos et pombos,, quoique nourris avec abondance » chercher à se régaler de cette friandise ! Us ne rebutaient pas même le serpent à sonnettes „ le plus venimeux de cette immense famille. Tous, ceux qu’ils pouvoient prendre étaient mis en ragoût avec, leurs autres,. alimens.j. et c’etoit pour eux ce qu’est pour nous l'anguille dans une matelotte. J ’avois fixé mon départ an 6 de janvier. Au jour prescrit, le chef de la horde namaquoise, auprès de laquelle j ’étois. campé, vint avec ses deux femmes me faire ses adieux. Sa soeur a voit un joli petit. singe, du genre des guenons, dont le ventre était blanc et la robe verdâtre. Ce charmant animal était le premier que j’eusse vu de son espèce r et j ’aurois bien désiré en être possesseur pour l ’ajouter à ma collection}, mais il étoit si cher à sa maîtresse que jamais j,e n’eusse osé le lui demander: Chaque fois qu’elle venoit me voir r elle l ’amenoit avec elle j et avant d’entrer dans ma tente, l’atta- choit à un des piquets, afin qu’il pût jouer avec Kees. Moi, toujours je me faisois un plaisir de lui donner quelque friandise. Mais- à peine avions-nous le dos tourné , que Kees, plus robuste et plus malin , lui ouvrant la bouche de force, enlevoit de ses poches ce- que je venais de lui donner. La femme , aux aguets de cette friponnerie, en ripit aux larmes. Pendant ce tems, Kee?j dans la crainte d’être forcé à restituer se sauvoit bien vîtè. Alors elle couroit à son favori, l’accabloit de caresses, comme pour le consoler, et exi- geoit de moi que je le dédommageasse par quelque autre cadeau. L’amitié de cette femme pour son singe étoit une vraie passion. Il semblôit qu’elle y eût attaché son bonheur. Cent fois, pendant que nous causions ensemble,, elle interrompoit la conversation pour, le baiser; et néanmoins, quand elle me vit partir , tout à coup, àma' I grande surprise, elle le prit; puis » après l’avoir baisé et rebaisé tans L drement,, elle me le jetta. sur l’épaule et- me pria de le garder. J Etoit-ce inconstance ou détachement f Non, les caresses qu’elle luifit avant de me le donner,- prouvent le contraire. Mais elle avoit deviné que jè serois fort aise de posséder l ’animal, et sans autre cérémonial elle s’en détachoit pour moi seul. Mon projet était de me rendre dans une horde de Koraquois, fixée à quatorze ou quinze lieues plus loin , nord-ouest. Douze personnes , tant hommes que femmes, de celle que je quittais,. se joignirent à ma caravane et me servirent de guides. Nous nous proposions de faire halte sur les bords d’une rivière que nous devions trouver à quatre lieues et demie du point du départ. Mais le lit en- était occupé par une harde de plus de cent buffles que mes chiens I firent lever et qui prirent la fuite par le côté


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