liqueur alkaline , je sentis la douleur d’une brûlure, et par-tout la peau changea de couleur et prit une teinte de brun foncé, qni ne s’effaça que peu à peu et bien long-teins après. Ceci n’aura rien d’étonnant pour beaucoup de personnes qui connoissent déjà la même propriété dans plusieurs insectes du même genre, et notamment à ce bupreste d’un beau verd doré que l’on trouve si communément dans nos jardins potagers d’Europe ; mais comme celui dont il est ici question est beaucoup plus gros et qu’il habite un pays très- chaud , il est naturel que l ’effet qu’il produit soit plus remarquable ; cependant la liqueur que darde à son ennemi notre bupreste doré, ' cause une douleur très - sensible et son odeur est de même très- pénétrante. Les naturalistes Dorci et Olivier ont donné, dans leur antomo- logie , la figure de ce bel insecte d’Afrique , que je leur ai communiqué. On peut consulter le N°. 5 de la planche première des scarabées; mais je dois observer que la figure humaine que l ’on remarque sur son avant-corcelet n’existe point dans la nature ; je suis même étonné que l ’auteur de cet ouvrage ait laissé subsister cette fausse représentation, qui est sans doute une vision du peintre ou du graveur, qui n’auroit pas dû être tolérée. Je me suis cru obligé de relever cette faute, pour ne peint induire en erreur les amateurs , q u i, au reste, pourront yoir l ’insecte lui-même, dans le cabinet de Dufrêne, attaché au cabinet d’histoire naturelle, à qui je l ’ai donné. Quoiqu’en général lés êtres du règne animal qu’on destine à être conservés dans les cabinets perdent tous plus ou moins, par l ’effet du dessèchement et du racornissement, je puis certifier que le bupreste dont il est question ne portait pas plus une figure humaine étant vivant qu’après sa mort ; d’ailleurs , les insectes durs, les scarabées enfin, ne perdent rien de leurs formes; tandis que ceux qui, par leur nature, sont m oux, s’altèrent infiniment et ont besoin d’une préparation particulière pour être conservés dans leur état de nature ; il en est même’ beaucoup qu’on n’a jamais parfaits , malgré les plus grandes précautions. Qui m’avouera, par exemple , qu’un oiseau oiseau en mue -ou mort de maladie ne peut être, malgré tous les- soins et les apprêts qu’employera-pour lui l’ornithologiste, aussi agréable que celui qui aura été tué dans la force de l ’age et de la santé F Il en est ainsi de l ’oiseau malade, ou qui, par quelque obstrue-! tion ,e s t privé de cette-humeur onctueuse, renfermée dans les glandes de son croupion , et- qui lui sert à lustrer ses plumes. Pris dans cet état, il n’aura ni l’éclat ni le coup - d’oeil brillant qu’il peut et doit offrir, lorsqu’il a été choisi dans d’autres circonstances . Si j e irfe -permets, en passant, ces remarques, c’est pour prouver qu’il est beaucoup plus difficile qu’on ne l’imagine de faire une. belle collection- J ’avois récompensé libéralement la Namaquoise de qui je tenois le bupreste ;,et j’avois même annoncé que je donnerois une double ration de tabac à celui ou à celle qui m’en apporteroit un autre. Cette promesse aiguillonna l ’activité des fumeurs et des fumeuses. Les femmes sur-tout, tant de la horde que de mon camp , se mirent en quête de tout côté. Malgré l’ardeur et la constance de leurs recherches , elles ne purent rencontrer un second bupreste ; mais elles me fournirent une quantité immense d’autres insectes et plus de deux cents espèces différentes de chrysalides : ce qui me coûta beaucoup de pipes de tabac, parce que »voulant encourager les perquisitions, j ’affectois de payer plus libéralement que ne valoient les objets. Mon dessein était d’emporter avec moi mes chrysalides, afin d’ attendre et d’étudier en route leur développement èt leur métamorphose. Mais , malgré tous mes soins , le voyage les fatigua tellement qujavant mon retour au Cap, plus des trois quarts étaient mortes.' Celles qui restaient paroissoient très-vivantes; mais obligé de partir pour d’Europe, il me fallut les abandonner. Je crois qu’elles étaient du .nombre de celles ;à la transmutation desquelles la nature emploie une année entière. On sait communément en Europe que les chenilles n’y sont point venimeuses. Au moins c’est l’assertion de tous les naturalistes qui ont écrit sur cet.animal; et quoiqu’il y en ait quelques espèces velues Tome I I . P
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