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que jusqu’alors je u’en avois point encore vue de pareille. Elle pesoit plus de douze livres, et contenoit une.quantité considérable d'oeufs de toutes grandeurs, dans le nombre desquels il y avoit une vingtaine de jaunes, gros comme ceux des oeufs de poule. Je la fis rôtir sur le,brasier; qt.sa chair..blançhe, aussi tendre que celle du poulet» nie flonna un souper ,excellent. . Les piniade^ continuèrent de, nous, assourdir j par leu r bruyant caquetnge ; mais nous avions en môme tems plusieurs espèces de' jolis o is e a u x c e lu i que BnfSfon a décrit sous le nom de grenadin de la côte d’A f r iq u e e t spécialement ces charmans guêpiers dont j ’ai.parlé ailleurs1. j De leur côté, mes chasseurs m’apportèrent un animal fort cm- , rieux, et que je n’avçis pu encore me procurer : c’étoit la grande gerboise du Cap. Elle est forte comme nos plus grands lièvres ; elle; a le poil roux et foncé, la queue-fort longue,, et terminée, comme celle de l’hermine, par un bouquet de poils noirs. On le nomme dans les Colonies spring-haas (lièvre-sauteur) ; parce que ses jambes de derrière étant disproportionnément beaucoup plus longues que celles de devant, elles lui permettent de faire des élans et des» sauts prodigieux. Sa chair est un excellent manger. Ce singulier quadrupède, quoiqu’abondant dans certains cantons de l ’Afrique » est cependant très-difficile à trouver, parce qu’il se retire pendant le' jour dans des terriers profonds qu’il le creuse lui-même» et n’en sort qu’au soleil couchant pour aller brouter l ’herbe qui est sa principale nourriture. Bernfry, de son côté, eut le bonheur de tuer une gi-raSe mâle. Elle avoit quinze pieds un pouce de hauteur, et j ’eusse bien désiré avoir sa dépouille comme celle, de la première. Mai?» foin de mon camp, où je ne eomptois pas revenir,, au moins de sitôt, et manquant absolument de toutes.les commodités nécessaires, qu’en pou~ vois-je faire ? Ce fut alors que je sentis combien je devois m’applaudir d’avoir la mienne en sûreté dans mon camp de l’Orange- Celle-ci1 étant aprêtée et salée, servit de nourriture à ma caravane pendant quelques jours. Le lendemain je me dirigeai au nord-quart-nord-ouest, pour gagner uh torrent nommé le Draay (Rivière-Torteusè). Son-lit, au lieu où nous le joignîmes, étoit peu profond, et nous ne l’apper- çûmes qu’au moment d’y descendre. En cet instant, un troupeau de buffles y étoit couché. Nous nous trouvâmes en présence ; mais, à notre vue, se levant tous ensemble , ils s’enfuirent avec une précipitation, un bruit et Un effroy que je 11e puis peindre; tandis que nous,- aussi étourdis qu’eux de la rencontre-, et nullement préparés à l’avèntufe , nous les laissâmes fuir , sans songer seulement à leur tirer une balle. .Quoique le Draay fut à sec,; il avoit pourtant quelques lagunes dans certains bas-fonds, et il étoit garni de beaux arbres. J ’y cherchai un campement, tant pour nous reposer,, que pour nous garantir d’un violent veut; de nord, qui, en nous, aveuglant par une pluie de sable, nous étouffoit par une chaleur brûlante., A midi, le thermomètre de Earenlieit marquoit cent dix dégrés ; et le soir , au coucher du soleil, il étôit encore à quatre-vingt-dix. Malgré le vent et la chaleur, j ’allai chercher fortune dans. les arbres du rivage, et j ’y trouvai effectivement un magnifique,et superbe aigle, d’eSpècé nouvelle; dont j ’eus le bonheur de. tuer lé mâle et la femelle, de mes deux-coups de fusil. • ■ • D é jà , sur les bords de l’Orange, )’en avois vu de pareils; mais ils ne s’étoient point laisses approcher. J ’ai nommé cet aigle g riffa rd , parce qu’-il a les -serres plus fortes et plus acérées que1 tous les autres aigles connus'. Aussi fort qufe l'amie royal, il a , pour caractère distinctif, une espèce de huppe pendante sur l’occiput ; le tarse est couvert d’un fin duvet dans toute sa longueur, et ses jambes sont dépourvues de ces longues plumes, que , chez tous les oiseaux de proie, on nomme culotte; toute la partie antérieure dé son corps est d’uil beau blanc, et le manteau d’un brun èlair. J !étoisà près de trois lieues de mon câtbp, quand je tuai ces deux charmans oiseaux, et j’y arrivai eXcede de fatigue de les avoir portés ; car ils ne pesoient ensemble guerê moins de trente livres. M 2


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