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pie ; je la payai magnifiquement, et lui donnai trois bracelets en fil de laiton, trois ceintures de verroteries , une portion de tabac, un couteau, enfin un briquet avec uneboëte en cuivre remplie d’a- inadoue. , Mes gens se récrièrent beaucoup sur ma prodigalité. A les entend re , je faisois un vrai marche de dupe; mais j’ayois mes raisons pour agir.ainsi; et la femme elle-même les devina si bien, qu’elle me demanda, avant de s’en aller, d’ajouter au marché un gobelet d’ean-de-vie. Je le lui fis donner, Tout ici bas est relatif. Elle se retira, en croyant m’avoir dupé; et moi je m’applaudissois d'avoir eu d’elle trois boeufs magnifiques, dont chacun me co.ûtoit environ quarante-cinq sous de France. A peine eut-on connu dans la horde les.trésors qu’elle venoit d’acquérir, qu’on s'empressa de venir négocier avec moi. Avant le soir, j’eus onze boeufs et un superbe taureau noir. Ce n’étoit point pour moi que j ’aequérois ce taureau , mais pour mon digne ami Slaber. Plusieurs fois il m’àvoit prié, si j ’allois chez les Namaquois, de lui faire emplette d’un de ces animaux, renommés chez les colons pour leur force et leur beauté. Il est vrai que celui-ci m‘e coûta le prix de quatre boeufs; mais, eut-on exigé davantage, je l ’eusse donné avec plaisir pour mon respectable et tendre ami, - Jlavois à, craindre“, que les, bêtes qui étoient le fruit de mes achats, ne retournassent au troupeau, et qu’en s'y confondant avec les.au- très, elles ne fussent perdues,pour moi, Afin de parer à cet incon- vériient, et.de, lqs;rreconnoîtfe,vje le fis marquer à là Cuisse avec un fer chaud. D’un autre côté, il devenoit embarrassant pour moi de m’en faire suivre dans ma route ; et avant de regagner mon camp de l’O ran g e j’eusse binn voulu les enyoyef directement à Swanepoel, A la vérité,, le chef de la horde m’offrit de l f s y faire'conduire par quelques-uns de ses, gens y de ,Ja fidélité .(l£$qp(6ls- jÿl népondoit. Mais cette proposition ppuvoit jhrç uq piègerpi unipayen sûr de reprendre ce que j ’avois acquis. Néanmoins mes Caminouquois m’ayant assuré que je n’ayois rien à craindre1, et qu’un marché conclu étoit dans toutes les bordes une chose sacrée, j ’acççptai l'offre; et et après avoir fait indiquer aux conducteurs le chemin qu’ils dévoient tenir, après les avoir payés d’ avance, je les fis partir ; et moi-même, de mon côté , je repris ma route, marchant nord- quart-nord-est. Avant de me quitter, le chef me fit apporter un mouton gras , qu’avec son ton froid il me pria d’âccepter, en m’ assurant que Cé4 toit un pur don. Je le reçus; quoique de fut pour moi un cadeau fort inutile, et quoique je fusse convaincu que sa libéralité n’étoit pas aussi désintéressée qu’il le prétendoit. Aussi ne refusa-t-il rien de ce que je lui donnai en retour. A quelque distance de la horde, je trouvai un dépôt d’eau salée, dams lequel la chaleur avoit cristallisé plusieurs blocs de sel. Je les recueillis avec soin : c’étoit une provision que la nature ajoutoit a la mienne. mm / L à , je me vis placé entre deux directions différentes, et embarrassé du choix. Droit à l’ouest, c’étoit une plaine aride, couverte de mimosas et d’ébéniérs, et qui, à une distancé de cinq ou six lieues, se terminoit par une chaîne de montagnes. Vers l ’ëst, se présentoit une plaine, plus découverte, il est vrai ; mais au loin j ’âpperce - vois de grands arbres qui paroissoient border une rivière. Les naturels m’assuroiènt que c’étoit celle des lions que je retrouverois encore. . a (¡u g , nkiol pncMl wtww.liia La nécessité d’une aiguade pour mes gens et pour mes animaux me fit tourner de ce côté; mais je fus trompé dans mort attente. La rivière n’avoit pas d’eau, et il fallut passer une nuit à sec. Pour comble de chagrin, le lieu étoit rempli de pintades, oiseaux de mauvais augure, dont la présence annonce toujours un pays misérable. Leurs.cris nous empêchèrent de fermer l’oeil. Je donnai au, campement le nom de Cànvp des pintad es ; et dès le point du jour je me hâtai de le quitter, dans l ’espoir d’en trouver un meilleur. L a fortune, ce jour-là, nous servit bien; et en effet, nous étant orientés nord-est, nous trouvâmes, après trois heures de marche, une source d’eau excellente-, à qui je donnai le nom de Fontaine des tortues, parce que près de son lit je trouvai une tortue,, telle. Tonie I L M


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