les bords de la rivière ; et là , presque dans son Ht, j ’apperçus un phé- •nomène, qui est assez rare en géologie, pour qu’un naturaliste, quand il le rencontre, l’observe avec attention. C’étoit une source si prodigieusement salée, qu’il étoit impossible d’en boire une goutte. J ’ai vu les puits salins de la Lorraine allemande et du comté de Nassau; et jamais, quoique j’aie goûté leurs eaux,.je n’ai éprouvé une salure pareille. Celle-ci, dans son cotirs souterrain, passe sans doute sur quelque lit de sel gemme qu’elle ronge; et à raison de l’extrême chaleur du climat, elle en dissout probablement beaucoup; au moins à en juger par la saveur, elle contient beaucoup de sel. Cependant je n’oserois assurer que ce sel fût celui qui dans nos cuisines est connu sous ce nom ; et d’après son extrême causticité, je seroismême fort porté à en douter. Mais n’ayant â ma disposition aucun moyen chymique de l ’analiser, je ne pouvois juger de sa nature que par la dégustation ; moyen peu sû r, et quelquefois d’autant plus trompeur que toujours comparant une sensation nouvelle avec des sensations anciennes et déjà connues, il est facile de les confondre et de les prendre pour la même. Outre ses- sources salées, l’Afrique a encore beaucoup de lacs, plus ou moins grands, qui le sont aussi, ou qui sont saumâtres. Ceux-ci n’étant alimentés que par des eaux pluviales, il est probable. qu’ils ne doivent leur salure qu’aux terres salsugineuses que laverit ces eaux. Kolbe, aussi décisif qu’ignorant, n’a garde d’admettre cette cause simple et naturelle. Raisonnant à sa manière, -il annonce, sur lé fait dont je parle, un système absolument neuf, et dont personne avant lui, dit-il, n’a eu connoissance. Pour établir son hypothèse , qui vraiment est neuve et qui le sera long-tems, il emploie la succession de la saison sèche et de la saison humide , du vent de nord du vent de sud, de la glace et du tonnerre. Avec ces moyens il n’a plus besoin de rien ; c’est une baguette qu’une page de son livre. Selon lu i , les combats des saisons forment dans l’air une grande quantité de parties nitreuseS et salsugineuses ; l ’atmosphère en est chargée ; et comme le vent de sud-est E N A F R I Q U E . 8 ‘ sud-est souffle alors violemment et qu’il agite l’eau des bassins, il les y précipite et les y dépose. En Europe, c’est un bien grand homme que ce Kolbe. On est tenté de rire, quand on voit un auteur proposer sérieusement de pareilles explications; et cependant celui-ci emploie à la sienne plusieurs paragraphes. Il traite même avec une sorte de mépris l’opinion de ceux qui croient que cette salure est due à des sources d’eau salée, soit qu’elles sourdent dans le bassin même , -soit qu’elles y arrivent de dehors. « S i cela étoit, ajoute notre physicien, la quantité de sel que «formeraient ces sources constantes , ne varieroit pas autant qu elle « varie. D’ailleurs, l’eau seroit toujours et en tout tems saumache, au « lieu qu’elle est constamment douce et très-bonne jusqu’au comte mencement de l’été ; en sorte que les troupeaux d alentour n en « boivent point d’autre jusqu’alors, et même quelque tems après. « Enfin, si ces sources salées existoient, sans doute les colons en « auroient du moins découvert quelqu une ; ce qui n est point en- « core arrivé». Je ne perdrai point mon tems à combattre une opinion qui ne mérite point d’être combattue. Seulement je me permettrai de donner une explication de ce fait des eaux, alternativement douces et salées.. On ne eonnoîtauÇap que deux saisons : celle des sécheresses, qui forment l’été; et celle des pluies, qu’on nomme hiver. S i, pendant cette dernière, les eaux dont il s’agit deviennent potables, c’est qu’elles sont adoucies par la quantité de'celles que les pluies y envoyant continuellement. Dans l ’été, au contraire, elles s’évaporent, en grande, partie, par l ’extrême chaleur ; et le peu qui reste, étant concentré, reprend toute sa salure. J ’ignore, s i, au tems de Kolbe, les Colons ne connoissoient point de sources salées. Cependant ils devoient présumer que dans un pays où il y en avoit tant de saumâtres, il falloit nécessairement qu’il s’en trouvât aussi beaucoup d’autres du genre dés premières. Moi, qui ne les cherchois point, j’en ai .pourtant trouvé deux en qua- Tome I I . L
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