que les incommodités de ce météore, sans en éprouver les avantages. Les nuages alloient se porter au loin vers les hautes montagnes Rarement ils laissoient échapper quelques pluies autour de nous; et par-tout la séchéresse étoit généralement la même. Cependant ce léger arrosement avoit suffi, en quelquçs endroits, pour faire germer et pointiller déjà l’herbe des Boschjesman. Ce gramen n’est point vivace. Annuellement il se dessèchu sur ses racines , et se reproduit par ses semences. Mais il tient si peu à la terre, que les boeufs qui le broutent, arrachent la plante, toute entière, et que le vent même suffit seul pour la déraciner et l ’enlever. Afin que mes animaux pussent profiter, dans leur route de ce - peu d’herbe nouvelle, je les fesois marcher de front autant que le local le permettoit. Par ce moyen ils pouvoient brouter tous également à la fois'; ce qu’ils n’eussent pu faire, s’ils avoient marché à la suite les uns des autres. Souvent d’une extrémité de la ligne à l’autré , il y avoit 11 ne demi lieue de distance ; et nous ne nous resserrions que quand le rapprochement des montagnes nous y forçoit. Dans des pays où l ’herbe est aussi clair-semée, cette méthode a de grands avantages. D’ailleurs, en nous faisant embrasser un ter- O ® rain plus vaste, elle nous mettoit à portée de rencontrer dès sour- ces, qu’autrement nous eussions long-tems cherchées en vain. C’est ainsi que, dès le même jour, vers midi, après .cinq heures de marche nous en découvrîmes une thermale. J ’y fis halte, pour laisser respirer nos boeufs; et pendant ce tems, prenant hauteur, je trouvai vingt-sept degrés cinq minutes de latitude. Après quoi, tirant à l’ouest, afin de gagner la Rivière des Lions, nous y arrivâmes en trois heures et demie de marche. Avant de quitter mon camp sur l ’Orange-, j ’avoisiremarqué que-des crues de la rivière devenoient plus fortes et plus fréquentes qu’auparavant; que quelquefois elles s’élevoient jusqu’à six pieds, et restaient dans cet état pendant plusieurs jours. Cet accroissement an- nonçoit la saison pluvieuse dans les montagnes clu nord - est, où cette rivière, ainsi que presque toutes celles de l ’ouest, prend sa source. La même cause devant produire le même effet sur la Rivière des Lions , j ’avois à craindre, si j ’attendois plus long-tems, de me trouver embarrassé pour la passer. D eja meme elle avoit plus d eau qu a ma dernière traversée. Ainsi, voulant la mettre derrière moi, j ’allai camper sur sa rive droite : après quoi nous la cottoyâmès pendant trois j ours, sans nous arrêter que pour le campement du soir, et dans le jo u r, que pour donner la chasse a quelques grrafifes que- n ou s appercevions de tems en tems, mai?» qui finissoient toujours par nous gagner de vitesse et par disparaître. Le.quatrième jour, nous arrivâmes dans un lieu ombragé par de beaux arbres, et d’une fraiçh eur si agreable à 1 oeil, et si séduisante au milieu des chaleurs intolérables qui nous dévoraient, que je résolus d’y passer non-seulemènt la nuit, mais encore la journée suivante. Autour de moi étoient des herbagesverds et des eaux claires; et plus loin, dans le lointain, j ’appercevois des giraffes, des gazelles, des gnoux et sur-tout des espèces d’oiseaux que je ne con-^ noissois pas encore. En un instant, mes tentes furent dressées et le bois ramassé , grâces aux fernmesy qui, après avoir supporté les fatigues et la chaleur de ces quatre jours avec plus de courage que les hommes, se mirent sans délai à l’ouvrage. Elles s’étoient emparées exclusivement de celui-ci, et ne vouloient point qu’ils s’en occupassent. 11 en étoit de même de ce qui regardoit mon ménagé. Chacune d’elles disputoit à qui se montrerait plus ùtile. Elles sembloient craindre que je ne me répentisse de les avoir emmenées avec moi ; et, pour prévenir jusqu’au germe du regret, elles clierchoient, par mille prévénances, à se rendre nécessaires. C’étoit pour elles une jouissance d’avoir à exécuter quelque ordre nouveau de ma part, ou quelque détail qui me regardât; et c’étoit aussi un intéressant tableau que ces groupes d’êtres mouvans ou pressés autour de moi, et devenus si dociles depuis la dernière émeute du serrail. Pendant qu’elles apprêtaient mon souper, j ’allai me promener sur
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