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74 V O Y A G E leur donnoit avis du butin qu’ ils pouvoient faire, et que par con- - séqaent il étoit possible qu’il les prévînt de mon départ. Mais jusqu’alors ils n’avoient fait aucunes tentatives, et avec nos armes à feu je ne les craignois point. D’ailleurs, Bernfry me demandoit à m’accompagner dans ma seconde course, comme il m’avoit accompagné dans ma première ; et le même motif par lequel je m’étois déterminé, la première fois, à y consentir, venoit de me déterminer encore pour celle-ci. J ’avois dans mon camp un certain nombre de Caminouquois qui d’amitié m’y avoient suivi avec leurs femmes. Quand ces braves gens •urent que j ’allois partir pour une nouvelle excursion, tous, ainsi que les femmes, s’offrirent à m’accompagner; ne demandant pour tout traitement extraordinaire qu’une ration de tabac par lune. J ’acceptai leur offre avec une grande joie. A dire le Vrai, cette troupe de Hottentots que j ’avois à mon service me paroissoit désormais une charge plutôt qu’un secours. Depuis leur rébellion j’étois changé à leur égard, et ne les voyois plus du même oeil. Dans ma petite excursion, je venois d’éprouver combien il est facile de se faire des amis chez des Sauvages; et j’avois senti sur-tout, quel avantage prodigieux auroit un voyageur, qui, pour connoître et parcourir un pays, ne prendroit successivement d’autres compagnons et d’autres guides que ses propres habitàns. Mes Caminouquois avoient neuf boeufs. Je les leur louai. J ’en fis acheter sept autres, et je ne songeai plus qu’à faire emballer dans des sacs de peau de mouton, les pacotilles et provisions que j ’allois emporter. Pour mettre de l’ordre dans mes effets et pour pouvoir les retrouver en route sans peine et sans confusion, quand j ’en aurois besoin, j’étiquettai avec des couleurs différentes chacun des différens paquets qui dévoient composer une charge de boeuf. Chaque boeuf avoit la sienne, laquelle ne devoit jamais être changée en voyage. Il avoit ses hommes destinés sà son service ; et moi je m’étois fait un petit bordereau, sur lequel se trouvoit le nom de chaque boeuf, ceux de ses conducteurs, et le contenu de sa charge : de sorte que E N A F E I Q Ü E. 7* si je voulois tel ou tel objet, je n’avois qu’à jetter les yeux sur mou mémorial, et appeller tel ou tel homme ou demander tel boeuf. Cependant parmi les seize , je n’en destinai que sept à mon ser- vice personnel! Ceux-ci portoierit, outre mes deux tentes, tout ce qui m’appartenoit ; comme munitions de chasse, objets de commer ce, batterie de cuisine, toilettes, tabac et de l’eau-de-vie pour les besoins particuliers. Sept autres devoient être chargés de nattes, peaux, armes, ustensiles de la troupe et des cercles destinés à la construction de ses huttes. Enfin, les deux derniers étoient réservés pour cas d’accident, les’malades ou blessés, et pour le soulagement des femmes qui pourroient en route se trouver fatiguées de la marche. Je dois.dite, à l’honneur de celles-ci, que pendant tout«le voyage pas une seule d’entre elles n’usa de la monture ; qui toujours chantant, sautant, folâtrant, elles mirent dans la caravane une gaieté Continuelle ; et qu’aux jours de souffrance et de détresse elles donnèrent aux hommes des leçons de courage. Il est vrai que, voyageant avec des ressources et des commodités qu’elles n’avoient jamais connues, la marche étoit pour elles une partie de plaisir et une sorte de fête. Leur curiosité d’ailleurs s ap- plaudissoit d’avoir à parcourir un pays nouveau, où d’ailleurs elles ne manqueroient de rien. Elles étoient onze, femmes ou filles, sans compter Rachel, femme de Klaas, que j ’eminenois pour soigner un petit troupeau de trois vaches,-six chèvres etseize moutons, qui devoient me suivre en cas de disette. J ’avois en outre Kees, quatre chiens et trois chevaux} car Bernfry joignit son cheval aux deux miens ; enfin, soixante personnes et quarante-sept animaux ; telle étoit ma caravane, qui partit en bpn état et ne revint point dé même. C’est ainsi qu’on marche à une batailles , Dans l’après-dînée du jour indiqué pour le départ, je commençai par faire défiler les boeufs avec leurs conducteurs. Tous traversèrent la rivière -à la nage ; et pendant ce tems les ballots et les paquets passôient sur le-radeau. Quand tout fut arrivé sur la rive, on K »


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