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Querhoent ; et moi-meme j'apporterai en preuve le fait suivant,, dont j ’ai été le témoin. En descendant d’une moutsgnedans une fondrière très-profonde p j’apperçus presque perpendiculairement au-dessous de moi, un oiseau qui s’élçvoit et s’abaissoit très-rapidement , avec, des mouve- mens fort extraordinaires. Quoique je connusse très-bien le secrétaire, et que j ’en eusse tué plusieurs à la-terre de Natal, il m’était impossible, dans la situation verticale où je me trouvois, de recon— mortre ceiui-çi, et ne le soupçonnai qu’a son manège. En effet,, ayant trouvé moyen, à la faveur de certaines roches, d’approcher assez près de lu i , sans bruit et saris être découvert, je vis que c’en étoit un, qui se battait avec un serpent. Le combat étoit très-vif des deux côtés, et la ruse égale de part et d’autre. Mais le serpent, qui sentoit l ’inégalité de ses forces, em- ployoit, pour fuir et regagner son trou , cette prudence adroite qu’on lui attribue ; tandis que l’oiseau, devinant son intention, l'arrêtait tout à coup , et par un saut, se jettant au-devant de lu i, cou- poit sa marche. De quelque côté que le reptile essayât de s’échapper, il retrouvoit toujours son ennemi. Alors,. unissant à la fois la ruse au courage , il se dressoit fièrement pour l ’intimidez;, et avec; un sifflement affreux lui présentait une gueulle ménaçante, des. yeux enflammés et une tête gonflée de rage et de venin. Quelquefois cette résistance offensive suspendôit pour un instant les. hostilités; mais bientôt 1 oiseau revenoit à la charge; et se couvrant le corps avec une de ses ailes comme avec un bouclier, de 1 autre il frappoit son ennemi avec ces protubérances osseuses dont j ai parlé, et q u i, comme de petites massues, l ’accabloient d’autant plus sûrement, que lui-même il se présentait aux coups. Effectivement, je te vis chanceler et tomber étendu; et alors le vainqueur se jetta sur lui pour l ’achever; et d’un coup de bec il lui ouvrit le çxane. Dans ce moment,’ n ’ayant plus d’observations Ù faire, je le-tuai. Je trouvai dans son jabot (car il en a u n , ce que personne n’ad it), en le disséquant, onze lésards assez, grands , trois serpens de la longueur du btas, onze petites tortues bien entières, dont plusieurs avoient deux pouces de diamètre environ, enfin une quantité de sauterelles et d’insectes, dont la plupart étaient assez entiers pour mériter d’être recueillis et de faire suite avec lés miens. Les lésards , les serpens et les tortues avoient tous reçus le coup de bec sur la tête. J ’observerai de plus, qu’indépendamment de cette masse d ali- mens, la poche de l’animal contenait encore une espèce de pelotte, grosse comme un oeuf d’oie, et formée des vertebres des serpens et de3 lésards qu’il avoit dévorés auparavant, d’écailles de petites tortues, et d’aîles, de pattes et dé corselets de difïërens scarabées. Sans doute, quand cette masse indigeste est devenue trop considérable, le secrétaire, ainsi que les autres oiseaux de proie , la vomit et s’en débarrasse. Au reste , il résulte de la quantité surabondante dè nourriture qu’avoit celui-ci, qu’en attaquant le serpent de la fondrière, ce n’étoit point la faim qui l’avoit déterminé au combat, mais la haine et l’antipathie qu’il porte à ces reptiles. Une pareille aversion est d’un avantage inappréciable dans une contrée où la température favorise étonnamment la multiplication .d’une infinité d’animaux nuisibles et venimeux. Sous ce- point de vue, le sécretaire est un véritable bienfait de la nature. Aussi I’uti-1 lité dont il est et les services qu’il rend, sont si reconnus au Cap- et aux environs, que les colons et les Hottentots le respectent et ne le tuent point, comme les Hollandois ne tuent point la cigogne, et les Egyptiens l ’ibis. On apprivoise facilement le sécretaire, et quand il est devenu ¡domestique, toute nourriture, cuite ou crue, lui convient également. Si on a soin de le bien nourrir, non-seulement il vit amicalement et eii paix avec la volaille; mais quand il voit quelque dispute, il accourt pour séparer les combattans et ramener l ’ordre. I l est vrai que, si on le laisse souffrir de la faim, il prend son parti, et qu’alors, se faisant sa part sans scrupule, il tombe sur les petits canards ou les petits poulets. Mais cet abus de confiance, si l’on peut parler ainsi, n’est en lui que l’effet impérieux du be- • F a


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