camper, après six heures de marche, et de quitter la rivière le lendemain , dans l ’espérance de trouver les giraffes dans la plaine. Pendant la nuit, nous fumes- inquiétés par les rugissemens de trois lions, dont l’un s’approcha même si près de nous, qu’un de mes gens l’apperçût. Cette alerte , en troublant notre sommeil, nous mit dans le cas de partir de meilleure heure qu’à.l’ordinaire. Quoique j ’eusse deux .chevaux, j’allois à pied comme la troupe, dans la crainte de les fatiguer ; et je reservois leurs forces pour les occasions de chassé qui se présénteroient. Abandonnés à eux-mêmes en toute liberté , ils'suivoient tranquillement la caravane, sans jamais s’en écarter que pour aller chercher de côté et d’autre les concombres barbus qui fàisoient l'eur seule nourriture. Pendant une partie du voyage, cet aliment se présenta par-tout avec assez d’abondance ; mais, à mesure que nous nous éloignâmes de la rivière, il devint plus rare. Enfin il manqua tout-à-fait; et la disette d’herbage fut même telle que je les ai vus (on aura peine à le croire, et le fait est pourtant vrai), saisir avidement les crottins que rendoient nos boeufs, et se battre tous deux, pour se disputer ce résidu excrémentiel d’une herbe digérée. A cette seconde journée, nous fumes obligés de faire, comme à. la première, six grandes lieues vers l ’ouest, et vînmes camper près 'd’une source, qui, sortant du pied de quelques roches, et ornée de verdure le long de ses bords, présentoit un site très-agréable. Au moment oit j ’y arrivai, un sécretaire étoit occupé à y boire. Je le tuai d’un coup de fusil, et de son nom, j ’appellai la source, rom a in e du sécretaire. Les Hollandois ont donné à cet oiseau le nom de secretaris (sécretaire,) à cause de la touffe de plumes qu’il porte derrière la tête ; attendu, qu’en Hollande, les gens de cabinet, quand ils sont interrompus dans leurs écritures, passent leur plume dans leurs cheveux derrière l’oreille droite, ce qui imite un peu la huppe de cet oiseau. Buffon, parlant du sécretaire, dit qu’il n’est connu au Cap que depuis depuis peu de teins; et la preuve qu’il en donne, c’est que Kolbe, et d’autres écrivains postérieurs à celui-ci, n'en disent rien. C’est là avancer un fait faux, et vouloir le prouver par un autre fait aussi peu vrai que le premier. Le sécretaire est connu dans les colonies, èt sous son nom de secretaris, et sous celui de slang-vreeter. C’est, sous cette derniere dénomination , qu’en parle Kolbe ; et certes il le connoissoit, au moins d’après le rapport d’autri, puisqu’il donne l’énumération •exacte de toutes les espèces de nourritures qui sont à son usage. Il est vrai que dans sa description il traduit le mot hollandois slang- vreeter par lfe mot françois, p é lic a n , et que par conséquent il fait une seule espèce de deux espèces bien différentes. Mais Kolbe n’étoit ppint naturaliste ; et son ouvrage renferme tant d’autres erreurs, qu’il seroit étonnant de ri’y pas trouver celle-ci. J ’a i été plus surpris) je l ’avoue , de voir nos naturalistes modernes, même ceux qui ont parlé du sécretaire avec le plus de détails , ne faire aucune mention de trois protubérances osseuses et émoussées qu’il a au pliant et à la dernière articulation de ses aîles mais infiniment moins apparentes que dans le jacana ou dans le camicki. Cette omission m’a paru étrange, dans Buffon sur-tout, qui ne Ta point décrit d’après des relations étrangères , mais d’après un individu qu’il avoit sous les yeux, et qui, je crois, étoit dans le cabinet de Mauduit. Cependant elle est essentielle, puisqu’elle ôte au sécretaire un de ses principaux caractères distinctifs, et que les protubérances dont je parlé, sont une des armes de cet oiseau, ainsi que je le dirai tout-à-l’heurfe. Je me permettrai encore une remarque sur ce que Bulfon en a écrit. Selon lu i, le sécretaire diffère des antres oiseaux de proie, par un naturel craintif; et sa timidité est même telle, dit-il, qu’at- taqué par ses ennemis, il n’a , pour sa conservation, d’autre ressource que la fuite. C’est là une erreur. Ceux qui ont pu étudier cet oiseau , savent que, vivant particulièrement de reptiles, il est continuellement en guerre avec eux; qu il les cherche partout et les at taque avec courage. Je cite, sur cette assertion, le témoignage de
27f 82-2
To see the actual publication please follow the link above