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chercher au plutôt un attire plus favorable. Schoeninaker m’avoit parlé d’un bois situé le long du fleuve, et propre à remplir mes vues. J ’allai le visiter j et le trouvant tel qu’il m’avoit été annoncé, j ’y transportai ma caravane. Mes tentes furent dressées au bord de 1 eau, mais hors des limites qu’elle pouvoit atteindre dans ses débordemens ; et comme tout m’indiquoit que j ’allois être obligé de séjourner là pendant quelque tems, je fis construire un parc, pour y retirer pendant la nuit ceux de mes animaux que je vouloîs garder près de moi. Mon intention étoit de n’envoyer au paoage de la horde de Bern- f'ry que mes bêtes à corne. Je n’avois point à craindre qu’elles fussent enlevées par les Boschjesman. La horde étoit assez nombreuse pour être à l ’abri de l’attaque de ces voleurs. D’ailleurs, je fis escorter le troupeau par quatre de mes gens, bien armés, qui devoient le garder nuit et jour ; et en cas d’événement, je pouvois d’autant plus aisément voler à leur secours, que, de mon camp au pâturage, il n’y avoit pas plus de quatre lieues. Tous mes voeux étoient que mes boeufs se rétablissent dans ce nouvel herbage. Sans cela, je me voyois arrêté de nouveau, et il me d'evenoit impossible de continuer ma route. Quant à mes chèvres, mes moutons et mes chevaux, je n’étois point embarrassé pour leur nourriture. Par-tout, sur le rivage, ainsi que dan» ]e bois, ils trouvoient une grande quantité de ces concombres barbus qu’ils aimoient tant. Nous autres, outre les moyens' de subsistance que nous offroit abondamment notre pêche e t notre chasse, nous avions encore la ressource des hippopotames, q u i, très-nombreux dans le fleuve, étoient, par une circonstance particulière, très-aisés à tire r, du lieu que nous occupions. L ’eau, en certains endroits, avoit peu de profondeur, et for- moit des bas-fonds. Ailleurs, plus profonde, elle renfermoit de ces cavités que les gens du pays appellent Z e e -K o e -G a t, (trou d’hippopotame. ) Ces amphibies venoient ordinairement dans le jour se retirer l à , et nous regardions comme à nous ceux qui s’y trouvoient engagés; parce que, quand ils en sortoient, ils étoient obligés de traverser le bas-fond, et s’y mettoient a découvert, ce qui nous donnoit une grande facilité pour les tirer ; quand, pendant le jour, nous n’avions pu les obliger à sortir du trou, nous les y retenions toute la nuit par des feux que je faisois allumer sur le grève ; de sorte que le lendemain , ayant besoin de manger , . l’animal étoit obligé de sortir de l ’eau, et de passer devant les chasr seurs postés sur sa route. Cette chasse nous en procurait autant que nous en avions besoin, et mes gens n’en tuoient plus que pour avoir les peaux. Ils avoient changé mon camp en une manufacture de chanbocks (1). De toutes parts on n’y voyoit presque que des peaux manufacturées, et déjà leur imagination exaltee , formant des spéculations de commerce, s'enivrait d’avance des gains qu ils devoient faire un jour. Les montagnes offraient en abondance une sorte de lievre , semblable , pour la taille et la forme, au lièvre d’Europe, mais dont la robe approchoit de celle du lapin de garenne. Nous avions aussi à foison, dans le bois, des gelinottes différentes de celles que je çonnoissois, des perdrix de la-grande espèce, nommées faisans par les colons, et sur-tout une quantité d’oiseaux nouveaux que je n’avois pas encore vus. Ceux-ci devenoient précieux pour ma collection, et je passois une partie des jours à me les procurer tous. Je trouvai aussi beaucoup d’insectes et de chrysalides sous l’é- corce des mimosas. Nulle part encore je n’avois vu ces arbres s’élever à une hauteur aussi gigantesque que dans ce lieu. Leurs épines avoient souvent jusqu’à seize pouces de longueur. On lit dans la traduction du voyage de Paterson, en parlant du mimosa, que Y immense circonférence de ses branches et le lisse de son écorce, offrent (i) Les chanbocks sont des fouets ou espèces de houssines faits de la peau du rhinocéros ou de l’hippopotame; ces derniers sont préférés en ce qu’ils sont plus so uples et moins cassants, mais les autres sont plus jolis.


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