que je réussis à-réconcilier les trois-personnages, et à les déterminer à se toucher dans la rfiain, selon le ’protocole d’amitié hollandais. Bernfry avoit son domicile et ses troupeaux dans une horde éloignée de quelques lieues. Il me proposa d’y conduire les miens j m’assurant que nulle part dans le canton, je ne trouverais, pour les rétablir , un meilleur herbage. Quelque intéressant que fut cet avis, je voulus le vérifier, avant d’y donner confiance. Je me rendis sur les lieux avec mon Klaas et Bernfry, et vis que celui-ci ne m’a- Voit point trompé. Nid’ pâturage, depuis le' Namero, ne s’étoit' même montré encore aussi bon. A la vérité, 011 n’y trouvoit que Yherbe des Boschjesman, à laquelle "mes animaux n’étoient point habitués. Mais le pays n’en fournit point d’autre, et cette herbe au moins, quoiqu’un peu sèche, ne laissoit pas d’être abondante. Bernfry resta dans sa hordé , en attendant que j ’y revinsse avec ma caravane. Pour nous y rendre, il nous avoit fallu six heures de marche, quoiqu’à cheval ; ‘et par conséquent je ne pouvois regagner de jour mon camp. Dans la crainte de m’égarer, pendant la nuit,"sur une route que nous-ne connoissions pas", je pris le parti de coucher à la horde , et nous revînmes le lendemain matin , en chassant devant nous six moutons que j ’avois achetés, et deux chèvres qui venoifent de mettre bas. A mon arrivée j jè trouvai un nouveau' sujet de peine. Pinard , profitant dé mon absenée, avoit renouvellé ses efforts auprès de mes gens, pour lés détacher de mon service, et déjà il avoit réussi à débaùcher Klaas Baster et l’uh de ses Hottentots. Je fus indigné de cette perfidie nouvelle ; mais je le fus bien plus encore de l’ingratitude et de l’infidélité de ce Baster, qui., s’étant engagé à moi , étoit à mes gages. Dans mon juste ressentiment, je le fis venir; et sans lui adresser aucun reproche, je lui mis èn main l’argent dont nous étions convenus, et lui dis dé sé retirer à l’instant, parce que je ne vdulois plus de ses services. Ce congé l ’humilia beaucoup. Swanepoel profita de ce moment de honte pour lui remontrer sa faute ; et il parla même avec d’autant plus de chaleur, qu’il pouvoit me rendre un grand service en me le ramenant, puisque cet homme savoit la langue des^ difierens peuples chez qui nous allions passer. Bref, la négociation lut si heureuse, que deux heures après, le Baster vint me demander excuse de sa sottise , me prier de la lui pardonner, et me re mettre mon argent. Pour’lui prouver que j’oubliois tout, je lui fis présent de ce qu’il avoit reçu. Mais Pinard n’eut pas plutôt appris' ce dénouement de sa trahison, que, craignant les justes reproches auxquels il devoit s’attendre de ma part, il fit atteler à 1 instant son charriot, et partit sans dire mot à personne. Les continuelles sottises de cet homme imprudent et inconsidéré, étaient pour lui d’un mauvais présage. Avec une pareille conduite, sans menagemens et sans égards, il ne pouvoit manquer de courir à sa perte chez des Sauvages, naturellement francs et bons, mais tres- irascibles et terribles dans leurs vengeances. On se' rappelle ce que j’ ai dit de Pinard. Cet homme n’avoit d’autre but, que de faire fortune dans ses voyages, et s’inquiétoit fort peu du résultat des miens. Il ne vouloit que piller, intimider, dévaster. Dans un pays comme celui que nous habitions, tout cela étoit fort aisé; mais sans génie, sans moyens, sans aucun plan, il n’étoit pas aussi aisé d arriver à ses fins sans malencontre, et tôt ou tard il pouvoit être pris au dépourvu. C’est ce qui arriva* Si j ’avois-pu le voir avant sa disparation subite, certainement l’humanité m’eut fait un devoir de l’avertir des dangers inévitables ■auxquels il s’exposoit. Il en a été la victime. Ses Hottentots massacrés, sa pacotille et ses équipages pillés , lui-même n’échappant au meurtre que par une espèce de miracle; tel est le succès qu’a éprouvé ce voyageur turbulent. Malgré toutes les raisons que j ’avois de me plaindre de lu i , j’atteste que si j’eusse pu être averti a tems de ses périls , mon premier mouvement auroit ete de voler à son secours. Mais son aventure ne m’est parvenue qu’à l’époque de mon retour ; et alors il y avoit plus de quatre mois qu’elle s’étoit passée. L ’impossibilité où je me trouvois pour mes bestiaux, de rester plus long-tems dans le campement que j’occupois, m’obhgeoitden
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