permis de l’examiner à mon aise; mais quand j’en fis la proposition aux matelots , ils la traitèrent de chose impossible. Cependant* m’é tant avisé de promettre douze bouteilles de vin à celui d’entre eux qui réussiroit, leur ardeur s’éveilla; et cette tentative à laquelle ils voyoient de l ’impossibilité ne leur parut plus alors que difficile. Tous coururent aux harpons ; et chacun , s’armant du sien , prit posté pour le lancer. Un d’eu x , placé sous le beaupré, et plus heureux que les autres , atteignit au dos un des trois poissons ; puis, après avoir filé sa corde pour lui laisser pendant quelque tems la liberté de se débattre, il finit par le ramener peu-à-peu vers le flanc du navire , à fleur d’eau. Dans cet état, l’animal ne faisoit pas le moindre mouvement, et nous ne doutâmes plus que nous le prendrions facilement ; mais un seul harpon ne suffisant point pour le hisser, d'autant plus qii’il étoit peu enfoncé, on lui en lança à la fois une quinzaine qui l’amarrèrent fortement. Enfin, on l'entoura de plusieurs cables, et on le hissa sur le pont. Celui-ci étoit le plus petit des trois; et il n’avoit, dans sa plus grande largeur, que vingt-huit pieds, sur vingt-un de long, depuis l’extrémité des cornes jusqu’à celle de la quetie. Cette1 queue , grosse en proportion du corps , avoit vingt-deux pouces dé longueur. La bouche , placée absolument comme celle de la raie, étoit assez large pour avaler facilement un homme tout entier. Quant à la peau , blanche sous le ventre, elle avoit sur le dos les couleurs brunes qui. sont propres à la raie. Enfin , on estima que l’animal ponvoit peser au moins deux mille. Il avoit sur son corps -une vingtaine de petits rémoras , qui en oceupoient les différentes parties , et qui s’y étoient si bien attachés qu’en hissant l’animal ils ne s’en séparèrent point, et furent pris avec lui. Quelques naturalistes ont écrit que la tête.du rémora, dans sa partie inférieure , est gluante , et revêtue de rugosités et d’aspérités semblables à celles de la lime. Selon eux,c’est par les deux moyens réunis, de sa glu et de ses pointes, qu’il se tient cramponné aux Autres poissons, ' « Qu’on « Qu’on se figure une rangée transversale de dix-neuf lames « tranchantes et dentelées, qui partent immédiatement du bour- « rplet de la mâchoire inférieure , dit un autre naturaliste ; telle est « la partie qui sert au rémora pour s’attacher. » Cette description est exacte, en ce qui regarde la forme et le nombre des lames dentelées; mais elle est fautive en ce qu’elle les place à la partie inférieure de la tête , tandis qu’elles se trouvent a la partie supérieure. Aussi, quand le rémora veut s’attacher, est-il obligé de se renverser sur le dos et dé se tenir le ventre en haut. J ’ignore si les deux poissons blancs qui se plaçoient sur les bras du diable de mer, et qui sembloient lui servir de pilotes, étoient également du genre des rémoras. Ce que je puis assurer , c’est qu’ils avoient l’air de se cramponner tout aussi fortement sur les deux .extrémités des bras dont j ’ai parlé, 'et dont ils ne bougeoient pas , malgré leur mouvement continuel. J ’observerai cependant, que si ces poissons blancs portent cette même plaque qui sert au rémora pour se cramponner sur les autres poissons, au moins étoit - elle placée en-dessous du corps, et non par-dessus'; puisque l ’animal sè tenoit dans sa situation, naturelle, et qu’il n’avoit pas besoin de se renverser pour s’attacher à son poste. Il eut ete intéressant pour moi que ces deux - ci fussent restés chacun sur la partie qu’ils oceupoient, et qu’ils se fussent laissés prendre avec le gros poisson. J ’aurois eu alors le tems de les examiner ; mais au moment où le premier harpon fut lancé, ils lâchèrent prise et disparurent. 1 • . Je me flattois au moins que peut-être on pourroit attrapper . quelqu’un de ceux qui servoient de vedettes aux deux autres poissons ; car les deux monstres, malgré tout lé bruit qu’avoit occasionne notre capture, ne s’étoient pas éloignés. On employa, vis- à-vis des conducteurs, différentes sortes d’amorces ; mais ce fut en - vain . aussitôt que 1 ameçon tomboit à l ’eau , ils venoient le recôn* noître et retourn.oient tout aussitôt à leur poste. Je ne me rappelle point en ce moment qu’aucun naturaliste ait parlé de ces rémoras blancs, Cependant d’autres voyageurs que T om e JJ. ' A a a
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