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mettre d’entraves aux spéculations des habitans et dé ne pas én- .cliaîner leur industrie, et bientôt cette partie de l’Afrique deviendra la plus florissante du monde entier. En quittant Saldanha , je marchai vers l'habitation de mon vénérable ami Slaber. Son aimable et bonne famille, prévenue de mon retour par lès gens de mes charriots, et instruite de mon arrivée par un de mes chasseurs envoyés en ayant, vint à ma rencontre. Je fus surpris de ne pas voir Ajiçn bon ami Slaber au milieu de ses enfans. Ils m’apprirent que, depuis mon départ, attaqué d’une dissenterie cruelle, il ne tenoit presque plus à la vie. Souvent , pendant mon absence, il s’étoit inquiété de moi et avoit demandé de mes nouvelles. Il eût désiré , avant de mourir, m’embrasser une fois encore ; et quand il avoit vu Swanepoél et Klaas arriver sans moi , son coeur s’étoit alarmé. Mais on l’avoit rassuré sur mon retard, et il m’attendoit avec impatience. Cependant on m’annonça que dans son état de dépérissement et de marasme il se trouvoit tellement changé que j ’aurois peine à le reconnoître ; et comme on craignoit que son état ne fit sur moi une impression trop vive, qu’au premier aspect il me seroit impossible de dissimuler, on me pria de contenir ma surprise et de ne point l’allarmer en pure perte. J ’entrai dans sa chambre, en affectant une joie qui certès étoit bien loin de mon coeur., Je feignis même de ne regarder sa maladie que comme une incommodité fort légèreet après lui en avoir dit quelques mots, sur lesquels je n’attendis pas même sa réponse . je parlai du superbe taureau que j ’avois troqué pour lui dans mpn voyage, et que mes gens avoient dû lui offrir de ma part. Il parut peu sensible à ce présent que j’apportois de si loin , tant ses douleurs l’avoient déjà détaché de la terre et de toute affection mondaines II parloit de sa fin, bien prochaine à la vérité. La dissenterie au Cap est une maladie funeste à tous les âges, à tous les tempéramens ; mais elle est mortelle aux vieillards, et je ne m’ap- percevois que trop que mon meilleur ami alloit périr. Syyanepoel, en revenant du Cap, m’apportoit des nouvelles de mes mes amis et des lettres d’Europe ; entra autres , une dé mon respectable ami Boers , qui m’annonçoit son arrivée en Europe,, après la traversée la plus heureuse a Non content de m’avoir ete aussi utile pendant son séjour’au Cap, il m’apprenoit qq’ilm aypit de, nouveau, recommandé à tous ses amis , et plus particulièrement qu nouyçau fiscal Serrurièr, dont le’ ?èle et 1/amitié’ ne se .soiit jamais dq^neq- tis à mon égard, pendant mon séjour en Afrique. Toutes les personnes de ma connoissance m’invitoient à- revenir au plutôt à la ville. M. et Mm«. Gordon sur-tout m’écrivoient sur: cela lqs cjhq- ses les plus amicales : ils exigeoient qu’à mon arrivée j ’açceptaqsé un logemént chez! eux. -'.o*.-;r Parmi mes lettres, il y en avoit plusieurs de ma famille et dermes amis de -France ;mais il s’en trouvoit urie’ , d'Amsterdam, qui bouleversa tous mes projets et tous les-arrangemens qiie je meditôis ideja pour uri trois lèni c voyage dans les déserts d Afrique. Celle-ci etoit de Temminck. li me dontiòit avis qué bientôtil sortiroife des: ports, dé Hollande un navire de la Compagnie , qrii alloit a Madagascar pour la traite des Nègres. Le bâtiment’ devant relâcher au Cap pour se rafraîchir et prendre des vivres , il m’étoit aisé dè m’aboucher avéc le capitaine , et de m’embarqnér avec lui pour Madagascar, r ’ D’après le goût que j’avòis pouf lés voyages’, mon ami s’étoit bieh imaginé que je saisirois avidement l'occasion. de cônnoître cette île célèbre, la plus grande du monde connu. Lui-même , prévenant mes désirs, avoit fait avec ’lei capitaine 4es arrangêmens qu'il croyoit les pins converiables , et par sa lettre il m’en donnait avis. Je fus 'infiniment sensible à cette prévenance airrfable , aussi 'conforme à niés goûts qué sàgêriient combinée. A la vérité , ce nouveau projet ne s’aCcordoit pas avec l’antre. Mais outre que je trouvois l’occasion de connoître une nouvelle terre ; outre que j’atj- rôis le tems nécessaire pour la parcourir -, puisque le navire, par l’objét de sa destination ; dévoit faire quelque séjour dans l’île , il m’étoit aisé, à mon retour 'ali Cap, deT reprendre mon premier dessein. Je renonçai donc j pour le moment , à visiter de >nouveau l’intérieur de l’Afrique , et ne m’ocfcupai plus que dés dispositions Tome II. Z z


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