nage s’adonnoient à la chasse de cet oiseau, ils ne fissent de sa graisse un obj et de commerce extrêmement lucratif. Le profit en se' roit même d’autant plus assuré que les manchots sont très-multipliés sur les parages de l’ouest, et qu’ils sont si peu farouches qu’ils se laissent assommer sans se déranger, et se font même prendre à la main. Ceci annonce qu’avec de l’adresse et de l’industrie on pourroit trouver, pour cette chasse, des moyens peu dispendieux; qu’il seroit aisé d’y épargner la poudre et le plomb, et que par conséquent elle deviendroit très-avantageuse. Mon séjour au Verloore Valley me proeura une grande quantité d’oiseaux aquatiques de différentes espèces , notamment la poule sultane, qui y est très-abondante et de plus un excellent manger. Le lac fourmille enfin de tous les oiseaux d’eau que l’on trouve répandus çà et là dans tout le reste de cette partie du monde : c’est le vrai séjour pour un ornithologiste qui désire faire en peu de tems une collection complette de tous les palmipèdes et oiseaux de rivage de l’Afrique. Je m’y procurai aussi une charmante espèce de petit faucon huppé, qui ne vit que de crabes et de poissons, qu’il pêche comme l’orfraye , le balbusard et le milan. Je passai onze jours entiers sur les bords de ce lac, et j ’y préparai cent trente-; deux individus, tant grands que petits. Je ne pouvois suffire enfin à la grande quantité d’oiseaux que mes chasseurs m’apportoient journellement, et je n’avois pas le plaisir d’en tuer un seul moi- même tant j ’étois occupé à leur préparation, Me voyant aussi près de la baie de Sainte -Hélène, je voulus la visiter. En conséquence , je donnai ordre à mes gens de gagner le Swart- Land, et de m’y attendre. Swanepoel fut chargé de cette conduite. Il devoit déposer ma caravane chez mon ami Slaber, où je donnai rendez-vous à ma troupe; mais lui, il avoit ordre d’aller, sans m’attendre , au Cap, annoncer à mes amis mon retour, et y chercher les lettres qui, depuis quinze mois d’abscence, pouvoient être arrivées à mon adresse. Pendant ce tems, je meproposois de voir la baie de Sainte-Hélène, que je ne connoissois point, et dont j’étois trop près pour ne point me faire un reproche à moi-même, si je manquois à la connoître, Je ne pris encore , pour me suivre dans ce voyage , que les chas- . Beurs qui yenùient de m’accompagner dans ma derniere excursion. Arrivé à la baie, je la visitai toute entière , et parcourus toutes ses sinuosités. Kûlbe , qui n’étoit pas plus géographe que Naturaliste , et qui n’avoit pas plus vu Sainte-Hélène que les Colonies , dit que le Berg-Rivier se décharge au nord de cette baie ; et c’est ainsi qu’il le represéiNe dans sa carte* IColbe se trompe ic i, comme en mille autres erftnloits. Le Berg a son embouchure dans la partie sud de Sainte-Hélène ; d’ailleurs cette baie est, en gé- itérai, mal placée dans toutes lés cartes maritimes ; sa position diffère de plus de quinze minutes en latitude. Cette rivière, que j’ai remontee assez haut, est obstruée par des forêts de roseaux, dans lesquelles viennent se retirer et se cacher les hippopotames. Le gouvernement, craignant qu’on y détruisit ces amphibies et voulant y en conserver l’espèce, en a défendu la chasse, sous peine d’une amende pécuniaire. Il en seroit de ce règlement Comme de tant d’autres 3 et probablement il ne seroit pas mieux observé, si des difficultés locales n en assurôient 1 exécution. Mais l’impossibilité de pénétrer à travers ces forêts de roseaux en éloigne les chasseurs ; et cet obstacle assure plus la propagation des hippopotames que des ordonnances presque toujours enfreintes et dont On est certain d’appaiser la rigueur avec 2,5 ou 3 o rixdalers. | Après avoirvisité la baie de Sainte-Hélène , je me rendis , en suivant le rivage de la.mer, dans celle de Saldanha. Cette baie, ainsi qne celle de Sainte-Hélène, étoient toutes deux remplies de cachalots. J ’en comptai , dans la seule anse de Hoetjes-Bay , trente- deux qui jouoient ensemble. Il est plus qu’étonnant que les gouverneurs du Cap n’aient jamais pensé'à cette branche de commerce , qui certainement seroit très-lucrative ; mais il faudroit en concéder l’exploitation aux Colons, en réservant seulement pour la Compagnie quelques droits sur cette pêche. Il faut espérer que le gouvernement liollandois sentira un jour la nécessité de s’occuper sérieusement de cette intéressante colonie ; il ne s’agit simplement que de ne pas
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