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fruits sont nommés dans le pays (poison des loups T. Ce nom leur vient de la propriété qu’ils ont, étant torréfiés, de faire mourir les animaux carnassiers qui en mangent. Ôn les grille comme le café. On les pulvérise de même , et l’on en saupoudre de! viandes , qu’on expose, pendant la nuit, à la Voracité de cés animaux. C’est sur - tout pour l’hienne et le jackal qu’est destiné cet appat. Dès qu’ils en ont mangé, ils enflent prodigieusement, et meurent plus ou moins promptement, selon la quantité qu’ils en ont pris, Enfin, nous appercûmès de grands arbres qdi, par leurs sinuosités, paroissoient border une rivière. Ne doutant pas que ce ne fut la Rivière des Ëléphans, nous descendîmes les montagnes pour nous- rendre sur ses rives. D’après mon estime , je ri0 croyois pas, à beaucoup près , être remonté si haut et rejoindre cette rivière tant au- dessus de l'habitation de Van Zeyl, où j’avois donné rendez-vous à ma caravane; mais étant certain que nous devions l ’avoir dépassée, nous descendîmes le fleuve et en deux campemens nous nous trouvâmes à la maison de Van Zeyl, où tout mon monde et mes voitures m’attendoient depuis trois jours. Ma caravane étoit fort diminuée. Les troqueurs hottènfôts, après. ¿Voir passé la rivière, s’étoient rendus dans leurs hordes respectives, et n’avoient laissé au camp que deux des leurs, chargés de m’attendre, pour recevoir de moi, soit en argent, soit en nature, la valeur du tabac, qu iis m avohént vendu sur l’Orangé. J ’eusse désiré'le leur rendre en nature, afin de leur épargner l’em* barras d’aller dans les Colonies en acheter d’autre ; mais pour cela il me fallôit en acheter moi-même. L’habitation de Van Zejl en manquoit ; mais j’appris que j ’en, trouverais près de là , chez un autre Colon. Je m’y rendis à “cheval, et y fis une provision, au prix exorbitant d’un escaling de Hollande la livre, (12 sous de France ). Après quoi, quitte envers mes compagnons dë voyagé, je me rendis au Heere-logement ; cette grotte tapissée naturellement par uh arbre énorme, et que j ’ai décrite ailleufs. Tout étoit verd dans ce canton, comme'dans ceux que je yen ois de parcourir. Bien différëns par conséquent de ce qu’ilsétoient à mon gremier passage ; mais les Colons voisins, dans lé dessein d’épargner les pâturages de leurs propriétés , y avoient fait conduire leurs troupeaux; et ces troupeaux y étoient si nombreux que tout s’y trou- voit dévasté. Les gardiens m’assurèrent même que s i, pour retourner au Cap, je suivois la route ordinaire, j’éprouverais par-tout le- même inconvénient pour mes bêtes ; et ils me conseillèrent de prendre , plus au sud - ouest, par Verloore Valley ( le Lac Perdu ), où , les pâturages ayant moins souffert, je devois nécessairement trouver plus de ressources. Dans l’impatience où j ’étois de regagner le Cap, ce détour, qui alloit me coûter plusieurs journées de marche, me contrarioit beaucoup. Néanmoins, forcé par la nécessité , il fallut m’y résoudre. En deux jours j ’arrivai dans le Verloore Valley, grand laé qui n’est séparé de la mer que par une lisière , peu considérable de dunes de sable. Le lac et ses bords étant couverts d’oiseaux de toute espèce, je' me flattois d’y trouver, pour la collection de mon cabinet, de' quoi me dédommager des contrariétés de la route. En effet, j ’y vis non seulement tous les oiseaux que je venois de rencontrer sur la Rivière Verte, mais encore les foulques d’Europe, différentes espèces de grèbes , spécialement celle qui est connue des naturalistes sous le nom de grèbes cornus, enfin, une espèce particulière de manchots. Celui-ci porté une aigrette de plumes étroites et longues, dont les côtés de sa tête et ses yeux sont couverts , et qu’il baisse ou releve à volonté. Cette même espèce de manchots se retrouve aux Terres magellaniques , où elle a été vue par le célèbre Bougain- .ville, qui en parle sous le nom de manchot sauteur. BuffoU en donne, une courte description sons le même nom , et le représente ensuite dans ses planches enluminées , sous celui de manchot huppé de Sibérie. Il se trouvoit aussi sur le même lac une grande quantité de manchots d’une autre espèce, la même que celle dont j ’ai déjà parlé étant dans la baie de Saldanha ; ces manchots ont sur le corps une graisse très-abondante. Je. ne doute pas que si les Colons du voisi


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