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camp dans les env irons. Empressé de revoir ce brave homme que j ’estimois tant et à qui j ’avois tant d’obligations, je me rendis près de lui et le serrai dans mes bras avec l’affection la plus tendre. Plein de reconnoissance pour les services qu’il s’étoit piqué de me rendre , je n’avois pas besoin d’un nouveau motif pour m’intéresser à lui. Mais j ’avoue que je ne pus le voir entouré de ses •femmes et de ses enfans comme un bon père et un bon mari , sans me sentir encore plus porté à le servir autant qu’il seroît en moi. Je lui parlai du plan que j’avois formé de solliciter sa grâce auprès du gouvernement, et de lui obtenir la permission de rentrer dans la Colonie. Il me remercia, avec attendrissement, de la bonne volonté que je lui témoignois. Mais , quoiqu’il se confiât beaucoup sur l’ainitié dont l’honoroit le colonel Gordon ; quoiqu’il montrât pins de confiance encore dans le .zèle quim’animoit, il ne comptoit nullement sur cette grâce , dont jusqu’à présent, disoit-il, on n’a- voit point encore vu d’exemple* Je le rassurai de mon mieux , en’ lui protestant de toute la chaleur que je mettrois dans mes sollicitations. Celle qu’il m’avoit inspirée pour le moment, étoit même telle que, ne doutant plus du succès, je lui annonçai que bientôt il recevroit de mes nouvelles, et le prévins de se tenir prêt à partir au premier avis. Il écoutôit, non sans verser des larmes, mes promesses consolantes. Mais la crainte qu elles échouassent prédominoit en lui ; et son imagination ,. tourmentée depuis si long-fems d’inquiétudes continuelles , lui présentoit mille monstres que j ’avois de la peine à détruire et que lui-même n’osoit combattre. Pour écarter ces idées noires et le rassurer davantage, je portai son esprit sur un autre objet. Je lui parlai de son petit hermi- tage près de l’Orange, et lui racontant mon aventure avec le voyageur que j ’avois rencontré , je lui dis que j’avois pris sur moi de disposer du lieu, en faveur de cette malheureuse famille; ne ckra- * tant pas, d’après les témoignages d’amitié qu’il m’avoit donnés,' qu’il ne confirmât un don fait sans son aveu. Il l’approuva en effet , sans hésiter; a Lorsque « Lorsque j ’arrivai, me dit-il, dans ces déserts, j’étois, comme « vos protégés , sans asile et sans ressource. Le malheur m’a rendu « sensible au malheur, Je m’applaudis du bon usage que vous avez « fait de ma petite propriété sur les bords de l’Orange. Puisse cet y asile eonseryer long - tems et le souvenir de son fondateur et le « souvenir de celui qui l’a consacré par un bienfait ! » Klaas Baster m’avoit accompagné chez Schoenmaker. Me voyant prêt à reprendre ma route vers le Cap, il me demanda la permission de retourner auprès des siens , et j’y consentis d’autant plus volontiers que désormais il nae devenoit inutile. Avant de nous séparer, j e lui donnai en présent une certaine quantité de poudre et de plomb, des verroteries pour sa femme et ses enfans, et deux de mes chiens qu’il avoit pris en affection pendant notre route. N’ayant pas de chemin plus commode pour mes voitures que de leur faire prendre celui de la Rivière des Eléphans, j’envoyai en avant ma caravane et mes clrarriots, avec ordre de reprendre les mêmes voies que celles que nous avions tenues en venant, et de m’attendre , avec mes charriots, sur les bords de ce fleuve. Pour moi, qui me proposai de parcourir le pays et de rejoindre l’Eléphant par une route différente, je m’enfonçai dans les montagnes, et ne m’associai que six de mes Hottentots et quelques chiens. Nous n’emportions av.ee nous que de la poudre et du plomb ; résolus de coucher à la belle étoile et de vivre uniquement de notre .chasse. La première nuit, nous couchâmes sur la crête des montagnes sur l’emplacement d’un des kraals de Klaas Baster. Nous y eûmes '.beaucoup à souffrir du froid. Accoutumés depuis long-tems aux chaleurs de la plaine , nous étions devenus très-sensibles à la température froide de ces hautes montagnes et le pis de notre situation , c’est que nous manquions absolument de bois sec poyr allumer du feu. Heureusement que le lieu, ayant eu long-tems des troupeaux, avoit beaucoup de bouzes desséchées qui nous donnèrent une matière combustible, dont la chaleur douce nous défendit de la rigueur du froid. Tome II. Y y


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