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En ce moment,,, cette fille habitait la hutte solitaire du vallon s et gardoit les moutons et les bceufs de son père, ayant pour tout meuble une natte et un füsil. Je la reconnus sans peine. Pour moi, qui me montrais a elle alors avec une barbe de quatorze mois , elle eut plus de difficulté-de me reconnoître au premier abord. ^ Je la quittai après avoir passé quelques momens dans-sa hutte , et regagnai l’habitation du père , où je fus reçu avec toutes les démonstrations de l’amitié. Voyant sur mon visage pâle et défàit què je sortais d’une maladie, ils m’offrirent obligeamment de passer quelque tems chez eux. J acceptai avec d’autant plus de plaisir que- depuis ma convalescence je m’étais mis au régime du lait pour toute nourriture , et que mes vaches étant tarries pour la plus part, m’en, donnoient peu. Ce fut pour la première fois que jie revis du pain ; il y avoit un an, lors de mon séjour dans cette même famille, que je n’en avois goûté; je trempai avec délice celui qù’on me donna, dans un lait aussi frais qu’il était pur, et ce repas simple et frugal me parut exquis. Klaas Baster avoit été fort bien reçu de sa famille et même de sa belle-mère. Cet accueil lui fît plaisir , en ce qu’il lùi donnoit lieu d’espérer que la réconciliation que je,lui avois ménagée durerait encore après mon éloignement. Tout contribuoit, dans ce retour, à effacer le souvenir de mes fatigues et les contrariétés auxquelles j ’avois si souvent été exposé. La verdure et les fleurs couvroient ces champs autrefois inanimés et stériles; mes regards reposoient avec douceur sur cette terre ravivée .et féconde. A jamais rassuré pour mes troupeaux,quelque route que je choisisse, je résolus de changer la mienne , et de prendre, pour me rendre au Cap, un autre chemin que celui que. j ’avois pris pour en venir. Outre le plaisir de parcourir et de connoître un pays nouveau , , j ’àvois encore l’espoir de trouver dans mes Chasses de quoi augmenter mes collections. l e tournai donc au sud-ouest, et après quatorze lieues de marohe‘, pour lesquelles j’employai trois jours , j’arrivai sur le Groene- Rivier {la Rivière Verte), Mais combien je me trompai encore dans ces,rêves de mon imagination ! Le premier objet que je vis à mon arrivée fut des fumées-d'éléphant, encore tièdes. Elles m’annonçoient qu’il y avoit près de là- quelques-uns de ces animaux. Je pris avec moi Swanepoel ; et, sans • pCrdre de tems, j’allai, tandis qu’oncampoit, leg chercher-et suivre leur piste. A me voir partir ainsi,-suivi d’un, seul homme,- on eût-dit qu’il s’agissoit de tuer un.lièvre ou un lapin. Précédemment je n’eusse point osé jouer .de pareils jeux ; mais insensiblement on s’aguerrit, et les plus grands dangers deviennent alors des aventures ordinaires. Nous n’eûmes-pas fait trois cents pas que nous apperçumes cinq élephans, arrêtés au milieu des arbres qui bordoient la rivière. Chacun de nous visa le sien ; chacun de nous- l’abattit,. et les trois - autres s’enfuirent. Au bruit dù coup , mes chasseurs accoururent;, et ils trouvèrent mon vieux Swanepoel qui, regardé jus- ques-là par eux comme un bon homme, propre seulement à garder mes poules, les nargjja, en leur montrant l’éléphant qu’il venoit de tuer, ., et leur demanda s’ils feraient un plus beau coup - de fusil ? Les animaux morts étaient deux mâles, de même- taille et de même grosseur à peu près, hauts chacun d’environ dix pieds. C’est la grandeur ordinaire des éléphans d’Afrique ; ceux qui ont onze à-douze pieds sont assez rares. Cependant ceux-ci n’étant point de même âge, leurs défenses-étaient fort inégales. Celles de l’un pesoient de soixante-dix à quatre-vingt livres, tandis que oelles de l’autre n’en pesoient que trente-cinq à quarante. Ce qui me prouvoit encore mieux la différence d’âge , c’est que ces défenses plus lourdes étaient pleines, à peu-dé chose près, et que les autres étaient creuses intérieurement jusqu’aux deux tiers de leur longueur. Enfin, le plus vieux des animaux, avoit ses mâche-, lières presqu’usées, et l’autre les avoit bien conservées et entières. L’ivoire des vieux éléphans étant plus compact-et plus lourd,,, il ■<


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